Le retour indéniable aux sources d’un réalisateur qui semblait s’être perdu dans la jungle hollywoodienne en une décennie, lui qui était l’un des piliers de la nouvelle génération de cinéaste britannique aux côtés de E. WRIGHT ou M. VAUGHN. Son talent pour monter et raconter des histoires dans un style lui étant propre, allant jusqu’à pouvoir se targuer d’être le pendant anglais d’un certain Q. TARANTINO dans sa manière de narrer et de jouer de l’image, sauf qu’après avoir adapté avec brio le héros le plus célèbre de Grande-Bretagne, il s’est réessayer aux adaptations, avec plus ou moins de réussite, mais surtout en y laissant chaque fois un peu plus de sa vision cinématographique, jusqu’à la sortie de route, le pur accident de parcours, la version en « live action » du classique de Disney « Aladdin ». Cet échec ne peut être que la raison d’un retour en arrière significatif, puisque G. RITCHIE revient enfin à ce qu’il faisait le mieux : les histoires de truands improvisé lâché dans un monde impitoyable, et racontant cela de la façon la plus éclaté possible. Bien sûr que la première chose qui vient à l’esprit, c’est que ne parvenant à proposer des œuvres différentes de celles qui avaient fait son succès, il fait ce qu’il sait faire le mieux, sans prendre de réel risque, et l’on peut sentir que ce film raconte la même chose que « Rock’n’Rolla » ou « Arnaques, Crimes et Botaniques », en modifiant simplement les enjeux et les protagonistes, on ne peut pas nier que c’est ce que l’on aime quand G. RITCHIE fait un film, soit des personnages délurés, une histoire totalement alambiquée, un humour grinçant et une pointe de violence, le tout baigné dans une bande sonore très rythmé. Mais après tout, c’est à cela que l’on reconnaît une bonne histoire de ce réalisateur, et même si ce dernier ne prend pas beaucoup de risque ici, il a tout de même le mérite d’offrir ce que l’on espérait après un trop long moment d’errance. D’ailleurs, on peut aisément constater que tout ce qui est proposé ici fonctionne à merveille, sachant adapté son intrigue à la société et les habitudes contemporaines au film, puisqu’il se régale à parsemer dans toute son histoire des piques concernant soit le monde hyper-connecté soit la culture britannique, toujours de manière très subtile et surtout très drôle. Vient ensuite la qualité du casting, donnant lieu à un ensemble de personnage complètement hétérogène et très fourni, qui existent non seulement par ce que chacun d’entre eux comme lien à l’intrigue centrale, même le plus tertiaire des protagonistes tient une place de choix dans ce qui se passe, mais en plus de cela, si tous sont mémorables et donnent lieu à des moments fabuleux, c’est bien évidemment parce que les acteurs qui les incarnent offrent ce que l’on attend le plus dans un film de G. RITCHIE : de quoi graver notre mémoire. Que cela soit par les héros principaux (rien que M. McCONAGHEY ou C. HUNNAM sont incroyables et convaincants dès leurs premiers instants à l’écran) ou par des personnages plus en retrait, à l’image de H. GRANT qui tient là son rôle le plus marquant depuis très longtemps, pourtant à la fois le côté loufoque du scénario en fil rouge, mais étant surtout la pierre angulaire de la narration explosée si chère au réalisateur, offrant jusqu’au dernier moment des scènes et répliques absolument mémorables. Même les personnages en toile de fond ou certains seulement évoqués parviennent à trouver du sens, de l’écho et surtout un intérêt dans ce qui se passe à l’écran, c’est sans aucun doute cet ensemble tellement divers de style de personnage qui donne un vrai sens et surtout permet de garder l’attention bien accrochée, à tout ce qui va se passer, et comme à son habitude, G. RITCHIE n’épargne en rien la capacité à être alerte et dans la façon d’imbriquer les pièces du puzzle. En effet, l’un des sentiments majeurs qui se dégage ici, c’est qu’il ne faut pas perdre le fil si l’on ne veut pas se retrouver larguer par tenants et aboutissant du scénario, et si cela n’est en rien un problème concernant la qualité et de l’intérêt porté à ce film (tout ce qui gravite autour du scénario de base proposent de quoi passer un bon moment), mais il est clair que l’intrigue est très fournie, tant en personnage qu’en évènement, et chaque détail ayant son importance, on peut vite se retrouver déborder, du moins en ce qui concerne l’appréhension globale de l’histoire. Mais loin d’être insurmontable, surtout par sa capacité à parler d’un monde actuel et trouvant échos tant dans le spectateur que dans l’intrigue, on prend un réel plaisir à plonger dans ce nouveau monde de gangsters souvent bien malgré eux, offrant ainsi une tripotée de situations toutes plus fun les unes que les autres. Puis il faut tout de même prendre conscience que si G. RITCHIE semble se replonger dans un univers et un style qu’il connaît par cœur, celui-ci réussit son coup, comme souvent d’ailleurs, grâce un élément indéniable : l’originalité, et on ne peut pas dire que cette histoire en manque. Car en 2020, époque durant laquelle tout les pays d’Europe se pose la question de la légalisation du cannabis récréatif afin d’avoir plus de contrôle sur le marché souterrain, traiter d’une histoire de ponte du trafic de marijuana souhait prendre sa retraite et trouver un repreneur sérieux pour son affaire lucrative alors que la concurrence semble également s’y intéresser, cela peut sembler un brin éculer et surtout raconter sous toutes les formes possibles, par tout type de cinéma, mais si ce film fonctionne, c’est qu’il explore des idées qui n’avaient pas ou peu abordé dans le genre du film de truands modernes (rien que le lien avec les aristocrates britanniques est une trouvaille d’une ingéniosité parfaite), on ne peut que se régaler devant chaque nouvelle bonne idée que propose ce film. Et bien sur, le montage reste une pierre importante du cinéma de ce réalisateur de talent, qui comme on a déjà pu le dire, à une façon qui lui est bien propre de raconter des histoires, et en tant que pure cinéaste, cela passe avant tout par l’image et la technique cinématographique, et comment ne pas être totalement subjugué (ou du moins reconnaître cette patte en faisant un artiste à part entière) par le parallèle permanent fait dans la narration avec le monde du cinéma, se plaisant à détruire le 4e mur et repenser le montage, format et cadre du film en direct à l’écran, prouvant l’amour que porte G. RITCHIE à son art, faisant du fil rouge de l’intrigue une pure comparaison à la fabrication et la construction technique d’un film (d’ailleurs cette scène qui se présente comme la toile de fond principale du film à cette capacité de ne jamais paraître redondante ou même barbante, bien au contraire). Ajouter à cela le sentiment que même si les intrigues développées paraissent résolues, un nouveau rebondissement relance irrémédiablement l’intérêt pour le scénario ou ses personnages, et cela un nombre de fois qui pourrait paraître insensé, sauf que ce qui fonctionne dans cette répétition qui semble sans fin, c’est que cela ne concerne jamais l’intrigue principale, suggérant subtilement que même si ce qui est au cœur de ce qui est raconté est achevé, chacune des « petites situations » que le film a développé à aussi le droit à sa conclusion, poussant le sens de la construction du scénario à la limite de la perfection. Un retour en grâce tellement mérité pour un artiste de cette trempe, mais surtout tellement espéré pour un réalisateur qui à une réelle vision et une patte qu’il se doit de défendre, et voilà le film qui prouve qu’il est toujours présent, et même si ces intrigues ou ses personnages peuvent paraître se répéter (même une réplique culte de « Rock’n’rolla » est réutilisée mot pour mot), on ne peut que se réjouir devant ce qui est proposé ici, et voir plus puisque malgré tout, finalement c’est exactement ce style, cet humour, ces personnages, cette originalité, cette maîtrise de l’image, ces dialogues que l’on veut retrouver dans un film de G. RITCHIE, car c’est sans aucun doute dans l’alchimie de ces éléments que réside le plaisir de son cinéma et qui font de chacune des ses histoires un moment de pur cinéma populaire, intelligent et stylisé.