Dieu Merci, Guy Ritchie est de retour ! Le vrai, le bon, le fort… Après plus d’une décennie passée à aligner des blockbusters à Hollywood de qualité variable, du bon (« Agents très spéciaux » ou « Sherlock Holmes ») au très douteux (« Aladdin »), le voilà qui revient dans sa terre natale pour un polar rempli de gangsters et de gueules comme on aime. La bonne époque des « Snatch », « Rock’n Rolla » ou « Arnaques, crimes et botanique » nous revient en mémoire et un bon goût de nostalgie vient parfumer la vision de « The Gentlemen ». Ritchie et ses films ont souvent été copiés mais rarement égalés, lui qu’on présentait comme un héritier britannique de Tarantino. Mais avec ce nouveau film, le cinéaste montre à quel point il a mûri et livre clairement là l’un de ses meilleurs films. Comme si ce retour aux sources était l’occasion de faire la synthèse presque parfaite de son œuvre dans un polar chic, classe et plus cadré et maîtrisé que les films de ses débuts. D’ailleurs la mise en scène est digne des grands et il délaisse certains tics ostentatoires de ses débuts pour une réalisation plus posée et agréable.
Comme avec l’excellent mais moins connu « Rock’n Rolla » qui avait révélé Tom Hardy, l’un des atouts de « The Gentlemen » est son casting proprement hallucinant et parfait. Pas que ce soit un assemblement pompier de stars pour dire de. Non, c’est une galerie d’acteurs avec des gueules tout à fait adaptées et qui prennent un malin plaisir à jouer à contre-emploi pour la plupart des personnages totalement barrés. Ils se régalent tous ici des rôles que leur offre Ritchie. Et leur plaisir d’incarner ces brigands dégénérés est tellement visible qu’il transpire à travers l’écran pour le plus grand bonheur du spectateur. Pas un seul d’entre eux n’est à mettre de côté et Matthew McConaughey mène la danse avec classe. Mais s’il ne fallait en retenir qu’un c’est bien Hugh Grant en détective privé fouille-merde et gay avec un look pas possible et des répliques qui s’apparente à du caviar. Ses échanges avec Charlie Hunnam, qui racontent cet imbroglio d’arnaques comme un film dans le film, sont un plaisir de chaque instant (et de chaque mot). D’ailleurs de procéder ainsi via des longs flashbacks est tout à fait approprié et dynamise l’histoire de manière intelligente.
En outre, on sait la réussite avec laquelle Ritchie sait tisser des scénarios d’arnaques à rebondissements et retournements de situation multiples depuis son premier film. Ici, il nous refait le coup avec un script délicieusement alambiqué mais complètement clair (ce qui n’est pas une mince affaire) et qui ne souffre d’aucune baisse de rythme. Durant près de deux heures, on ne s’ennuie pas une seule seconde et plus ne nous aurait même pas dérangé tellement c’est bien fait, maîtrisé et tout entier dédié au plaisir du public. Des dialogues en or massif qui enchaînent les répliques cultes, des acteurs en grande forme, des surprises et des situations rocambolesques qui s’enchaînent de manière fluide ce n’est pas si souvent. Après c’est attendu et c’est peut-être la seule lacune, on ne peut pas dire que le cinéaste innove, mais il revient à ses fondamentaux dans un genre qu’il connait mieux que personne. Pourquoi s’en offusquer ? Surtout quand c’est bon, il est toujours agréable de rentrer dans un film comme on met des chaussons. Il manque également peut-être un ou deux personnages féminins (d’ailleurs à ce niveau, il est à contre-courant des modes, ce qui n’est en soi pas forcément désagréable non plus). Ceci mis de côté, on rit, ça mitraille à foison et on prend son pied non-stop pour une cuvée à la robe clinquante et au goût rétro chic délectable. Une perle !
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