Attention, cet avis comporte ce genre de:
C'est pas chez Marvel que vous verrez un chinois méchant. C'est l'un des interdits établis par contrat avec les producteurs de la république populaire.
Trop classe, trop cool, trop suave, Mickey, the king of skunk se fait flinguer dans la 1ème minute du film...°O° Oui, c'est moche. Bien conscient que sans lui, le film perdrait un peu de son intérêt, le réal va nous raconter comment il en est arrivé là, à grands coups de flashbacks. The Gentleman est la variante hardcore sartoriale et hipster du genre gansta qu'il a déjà exploré avec plus ou moins de bonheur dans Lock, Stock and Two Smoking Barrels, Snatch, Revolver et RockNrolla. Fini les petits malfrats et les bras cassés, maintenant qu'il a côtoyé le roi Arthur et le prince Aladdin, le réal s'intéresse ici au gratin d'un royaume criminel fantasmé, flamboyant et feutré.
Autant l'annoncer de suite, le fond du film est très conservateur. On y verra
s'allier l'aristocratie de la drogue (le clan Pearson) et du prolétariat (le clan du coach) contre les rapaces qui cherchent à tirer profit de l'ordre établi. La menace est étrangère (l'investisseur juif, le mafieux chinois nouvelle génération, l'homme d'affaire russe) tant qu'intérieure (le rédacteur de presse haineux, le journaliste gay).
Fidèle au style pubard de son réal, the Gentlemen fait aussi un éloge de la société de consommation clinquante et bling-bling. Le film assume la valorisation d'un certain mode de vie particulièrement onéreux, fétichiste...et désirable?
Au-delà de ces quelques réserves, the Gentlemen est aussi un film complètement déjanté, d'une densité incroyable et donc extrêmement généreux. Parfois trop, surtout au début. Il se passe énormément de choses à l'écran, beaucoup d'informations à saisir. Les personnages s'exprimant dans d'inénarrables phrasés, avec des expressions qui nécessitent de suivre les sous-titres ou d'avoir vécu en Angleterre.
On retrouve le même plaisir tarantinesque à raconter progressivement une histoire, à définir des personnages à travers leur attitude et leur dialogue, à faire durer une scène et à la faire monter en tension. A faire du cinéma quoi! Enfin, un certain genre de cinéma. Celui de l'outrance, du plaisir du verbe et de la violence gratuite, du style avant tout et d'une fausse désinvolture savamment maîtrisée.