Sons of Philadelphia est le deuxième long métrage du romancier et scénariste Jérémie Guez après Bluebird, dans lequel un ancien prisonnier cherche à venger la fille de sa logeuse victime d’une agression. Ce thriller sorti en VOD en France est porté par Roland Møller, qui campait détenu agressif du film carcéral danois R.
A noter que son deuxième livre, "Balancé dans les cordes", a été porté à l’écran par Yann Gozlan sous le titre Burn Out. François Civil joue le personnage principal de ce film d'action.
Sons of Philadelphia est adapté du roman "Brotherly Love" écrit par Peter Dexter et publié pour la première fois en 1991. Trois autres de ses ouvrages ont donné lieu à des films : Paris Trout, Deadwood et The Paperboy.
En adaptant le roman "Un amour fraternel", Jérémie Guez a voulu faire un film sur le temps qui passe et la fin des groupes mafieux. Le metteur en scène précise : "Le roman est davantage une histoire de famille qu'une intrigue de gangsters et les trente ans passent à travers de toutes petites scènes situées à chaque époque. Au cœur même du livre, quelque chose devenait de plus en plus actuel : un personnage dans un fantasme de loyauté qui se rend compte que les gens qu’on lui a présentés comme des héros loyaux ne le sont pas du tout. Peter se rend compte qu’on l’a trompé : il avait le fantasme d’une famille unie, de la relation entre son oncle et son père et il découvre les jeux d’alliance."
"Il y a aussi une tradition de mafia très violente : les familles de New York se plaignent souvent de celles de Philadelphie, où l’on se tue pour un oui ou pour un non", confie Jérémie Guez. Si les films de gangsters américains sont souvent centrés sur la mafia italo-américaine et les gangs raciaux, la pègre en provenance de Philadelphie a tout de même droit à son traitement cinématographique. En témoigne, en dehors de Sons of Philadelphia, le marquant A History of Violence de David Cronenberg.
Avec Sons of Philadelphia, Matthias Schoenaerts revient à son genre de prédilection, le film de gangsters. Il a ainsi joué dans Blood Ties, Quand vient la nuit, Frères ennemis ou encore Bullhead, qui l'a révélé en 2012 et dans lequel il incarnait un trafiquant d'hormones. Sons of Philadelphia lui permet par ailleurs de renouer avec la boxe qu'il a pratiquée dans le drame de Jacques Audiard De rouille et d'os.
"On a beaucoup discuté avec Matthias, c’est ce qui lui plaisait dans le rôle et en même temps il avait la trouille de reproduire le cliché de l’homme de main taiseux de la mafia. Il était pointilleux sur le degré de nuance à apporter. Il a amené un truc très bien : même si Peter déteste son cousin il faut de la tendresse physique, des réflexes, se toucher, se prendre l’un-l’autre. Ces contacts rares sont très puissants", confie Jérémie Guez.
Jérémie Guez a cherché à éviter la reconstitution historique des années 1970 et plutôt se centrer sur l'histoire de la famille au centre du film. Il explique : "On me disait aussi qu’il fallait montrer ces mafieux au travail, ramasser des enveloppes, etc. Mais cela me semblait plus intéressant de voir dans quoi ils vivent. A Philadelphie, les rares gangsters qui ne se sont pas fait assassiner ont gardé les bagnoles, les fringues d’époque et un statut dans leur quartier alors que le quartier a changé. Ces types n’ont jamais été riches, mais ils ont été puissants à leur échelle, ils étaient des roitelets locaux. C’est touchant de les voir ramenés face à eux-mêmes, à la vieillesse."
A noter la présence d'un certain Antoni Corone au casting de Sons of Philadelphia, spécialisé dans les rôles de mafieux italo-américains. Il a, entre autres, joué un détenu membre d'un gang aux côtés de Chuck Zito dans la série carcérale culte Oz dans les deux dernières saisons.
Si l'écrivain Pete Dexter n'a pas participé à la conception du film, Jérémie Guez s'est rendu à de nombreuses reprises à Philadelphie. Il y a visité ces anciens quartiers populaires blancs, italo-américains ou irlandais, dans lesquels il y a, aujourd'hui, beaucoup plus de mixité. "Certains se « gentrifient », d’autres ont été désertés par ces populations blanches et pauvres. À l’image de Kensington au nord de Philadelphie : dans les années 70, c’est une zone pavillonnaire pour les descendants d’immigrés européens, aujourd’hui le coin est ravagé par l’héroïne et les opiacés, les maisons sont grillagées, c’est Walking Dead !"
C'est principalement parce que Way of the Gun est son film préféré du 21ème siècle que Jérémie Guez a choisi Ryan Phillippe dans le rôle du père de Peter. L'acteur y jouait, aux côtés de Benicio Del Toro et James Caan, un petit malfrat pris dans une spirale de violence après un kidnapping.
Sons of Philadelphia est avant tout un film noir. "Il y a une constante du genre : dès le début on connaît un peu la fin, mais on reste quand même pour le voyage. C’est la grande leçon du roman noir depuis Chandler : tu prends un type désabusé qui toute sa vie en a pris plein la tronche et il arrive quand même à se réenchanter pour quelque chose, à tomber amoureux, à se dire, tiens, il y a cette chose, là, que je peux faire bien. Et bien sûr ça rate, et peut-être va-t-il retomber encore plus bas ? C’est beau, un type battu d’avance qui va essayer de faire au mieux", raconte Jérémie Guez.
Maika Monroe, révélée dans le film d'horreur glaçant It follows en 2015, incarne le personnage féminin principal de Sons of Philadelphia. Jérémie Guez explique : "Il y avait des écueils à éviter avec le personnage de Grace : il fallait qu’elle ne soit pas une bimbo extérieure à ce milieu, ni une super star pulpeuse qu’on aurait artificiellement transformée en « white trash » avec des tatouages et une mauvaise décoloration. J’ai pas mal cherché et j’ai aimé la différence physique qu’elle offrait avec Matthias."