La situation de départ rend le film des plus intéressants car il est très ancré dans le temps et l'histoire utilise beaucoup cette particularité.
D'autre part, la galerie de personnages est impressionante : Richard Blaine, un américain ancien résistant dirige le Rick's Bar, le plus fameux bar de la ville, c'est un des premiers cyniques sentimentaux du cinéma, un archétype que beaucoup de films ont repris, sans réussir atteindre la classe qu'Humphrey Bogart insufflait à son personnage ainsi que ses répliques monumentales qu'il échange souvent avec le lieutenant Renault de l'armée française, une sorte d'ami qui n'est pas dérangé de servir Pétain car comme il dit, il suis le vent, il collabore donc avec l'allemand Strosser, qui enquête sur un double meurtre de ces soldats. Comme suspects, il y a Luszlo, un tchécoslovaque connu pour être un chef de la résistance, cherchant lui aussi à fuir pour aider sa cause, avec lui se trimballe sa femme, la belle Ilsa, joué par Ingrid Bergman.
Cette dernière est la pièce centrale d'un triangle amoureux avec Luszlo et Rick, elle a rencontré ce dernier à Paris alors qu'elle croyait Luszlo mort. A son contact, Rick perd son enveloppe de gros dur et laisse aller ses ses sentiments, ce qui donne de magnifique scène de romance, filmées avec tout le savoir faire des années 40, l'éclairage artificiel reflétant sur le visage au regard mouillé d'Ingrid Bergman est inoubliable.
Cette histoire d'amour réveille de nombreux enjeux comme l'égoïsme, le sacrifice, le patriotisme, la dualité, l'honneur, etc. Loin d'être seulement une histoire d'amour, le réalisateur Michael Curtiz en a fait un film politique, la scène où la Marseillaise est chantée contre l'hymne nazie en témoigne.
L'alchimie entre romance, personnages hauts en couleur et enjeux nationaux alliés à une réalisation sans faille et un scénario riche mené de bout en bout dans un contexte historique si particulier a érigé ce film au statut de chef d'oeuvre planétaire qu'il faut