Nul besoin d'être cinéphile pour regarder « Casablanca » tant le nom du film est reconnu internationalement et de plus, considéré comme le troisième meilleur long-métrage selon l'american film institute, derrière le fameux « Citizen kane » et « Le parrain ». Mais ce n'est pas en fonction de ce classement qu'un film se doit d'être vu ou non. Bien au contraire ! Eh bien, tant pis pour moi, car « Casablanca » figurait en numéro sept dans ma liste Cannes Classics. Eh oui, « Casablanca » est bien un classique parmi les classiques. Mais pas n’importe lequel non plus ! Considéré comme étant l’un des plus savoureux chefs d’œuvre du cinéma, il fait bon rappeler que le film sorti pour la toute première fois en 1942 dans les salles obscures new-yorkaises au détour de milles et un périple qui faillit coûter énormément à la société de production Warner. Et dans tous les sens du terme. Déboires, problèmes d’acteurs, d’actrices, réalisateur colérique, scénario non écrit… . Des problèmes de production donc qui ont contribué à faire rentrer « Casablanca » dans les tournages ‘galères’ et qui ont permis d’élever le film au rang de légende.
Ensuite, y a-t-il un réel besoin de raconter l’histoire de « Casablanca » ? De dire qu’il s’agit d’un amour contrarié sous fond de Seconde Guerre Mondiale ? Eh bien, tant pis, j’ai lâché le morceau. Oui, romantisme, patriotisme et résistance sont de mises car le tout orchestré avec brio par Michael Curtiz au summum de sa gloire et signant, pour le coup, son meilleur film. Et le mot orchestration est faible, puisque tout est absolument parfaitement réglé : direction d’acteurs, musique, romance, résistance, aventures, dialogues, émotion, montage, découpage, photographie, lumière… et même mise en scène (!). Le réalisateur de « L’aigle des mers » s’est ici entouré de cadors dans tous les domaines pour nous pondre cet ovni cinématographique qui est devenu, avec le temps, ce classique intemporel. Le duo d’acteurs Bogart/Bergman est onctueux et délicieux de même que les seconds couteaux magnifiquement travaillés (Peter Lorre, Claude Rains, Heinreid, Dalio, Madeleine Lebeau), la musique de Max Steiner est au diapason (magnifique Marseillaise -chantée par Lebeau, d’ailleurs !-, chanson « As time goes by » so jazzy), le scénario coule de source (étonnant d’après tous les concours de circonstances !!), les dialogues sont très bien écrits et interprétés, la photographie en noire et blanc d’Arthur Edeson est majestueuse, les décors de Carl Jules Weyl nous transportent de l’autre côté de la Méditerranée avec ce night-club marocain où tout le monde se connaît, le montage d’Owen Marks et de Don Siegel fluidifie la majestueuse mise en scène de Curtiz… les superlatifs ne manquent pas, tout comme l’analyse de l’œuvre.
En un mot, « Casablanca » est sublime, royal et émouvant. Ah zut, ça fait trois mots. Tant pis. J’en ajouterai quelques-uns. Bogey. Humphrey le charismatique. Ingrid Bergman. Aaaah… Ingrid Bergman : sublimissible à souhait ! Lorre. Oui, Peter Lorre de « M le maudit » ! Claude Rains, quelle classe. Madeleine Lebeau : quel patriotisme ! Steiner. Oui, Max Steiner le compositeur de « King Kong », « Autant en emporte le vent », « Key Largo » (toujours avec Bogart d’ailleurs !), « La prisonnière du désert »… !! ...et je peux continuer, m’arrêter ainsi de suite sur toutes ces légendes de cinéma qui se sont rencontrées pour le besoin de « Casablanca » en finissant par le grand manitou Michael Curtiz, à la barre.
En revanche, bien qu’immortel grâce au charisme naturel de Bogart et Bergman, le début n’en n’est pas moins rebutant, tout comme le final et certaines scènes, kitschounettes à souhait.
2 étoiles sur 4.
Spectateurs, spectatrices, rafraîchissez-vous en buvant …de l’eau de Vichy !