Elles ont à peine vingt ans, et affrontent l’Etat islamique au Rojava, le Kurdistan syrien…Dans cette région où l’homme marche devant et la femme derrière, le fait qu’elles aient pris des armes au coté de leurs frères et que certaines d’entre elles commandent aux hommes, revêt une situation particulière…Le documentariste Stéphane Breton y a passé huit mois et son film rapporte le quotidien de ces hommes et femmes des Unités de protection du peuple YPG, ces forces engagées tout autant contre l’Etat islamique que contre l’armée syrienne et qui constituent le bras armé du parti de l’union démocratique syrien… près de 40 % des troupes des YPG sont composées de femmes. Certaines unités de combat sont exclusivement féminines, d'autres totalement masculines, et d'autres encore sont mixtes. Selon les combattants kurdes, la présence de femmes soldats dans leurs rangs leur donne un avantage contre les djihadistes car ces derniers pensent être privés du paradis s'ils sont tués de la main d'une femme… Sans interférer ni esthétiser, le documentariste marche à leurs côtés dans l'immensité crépusculaire et solaire d'une nature saccagée, un désert des Tartares où chaque camp campe sur ses positions, s’observe à la jumelle et prépare ses coups, une guerre faite d’attente et qui ne transparait qu’au travers des vols de la coalition… qui peut prendre un coté pour le moins romantique malgré une profonde désorganisation…après la bataille de Kobané, ces kurdes seront rejoints par des volontaires occidentaux, des turcs marxistes léninistes, des arabes de l’armée syrienne libre….La caméra suit la jeune commandante kurde à travers les ruines d’un immeuble de Kobané, au milieu desquelles elle retrace les deuils qu’a connu son unité...Néanmoins Stéphane Breton choisit de ne pas expliquer le contexte politique , géographique et historique des images du film…on ne saura jamais d’où viennent ces femmes en treillis mais aux châles de couleurs qui ne quittent jamais leur A-47….En mars 2017, Zayné Akyol sortait Terre de Roses sur des combattantes kurdes, modernes amazones qui passaient d’une discussion sur l’émancipation de la femme et le piège du mariage, aux mérites comparés des bombes syriennes , ou américaines, de leurs kalachnikovs aux origines diverses et que certaines ont baptisées d’un diminutif affectueux, tout en soignant avec soin leurs imposantes chevelures…restant femmes avant tout ….ici nos combattantes n’échangent que des banalités sur la piètre qualité de leur ration ou l’état de leurs équipements…A rester trop à l’extérieur, Stéphane Breton manque cette dimension émancipatrice que donnait Zayné Akyol…c’est ce qui me fait préférer Terre de Roses aux Filles de Feu…mais ces deux films se rejoignent dans une même dédicace à la mémoire des deux combattantes qui portent le récit dans l’un et l’autre film, et qui l’une et l’autre tomberont au combat après la réalisation du film…