Donne-moi des ailes : d’une certaine façon, c’est une demande que tout spectateur amoureux du cinéma demande au septième art. Ce coup-ci, nous y sommes, et pour une fois soyons chauvins et fiers, c’est un français qui nous offre une belle envolée vers les émotions et le bonheur. Alors bien sûr, à l’heure où la protection de la nature et la sauvegarde des espèces animales (notamment celles qui sont en voie de disparition) sont de plus en plus mis en avant, le nouveau film de Nicolas Vanier trouve un écho particulièrement retentissant.
Et pourtant, ce n’était pas gagné. Du propre aveu du réalisateur, il y avait beaucoup plus de chances que ce film n'aboutisse jamais, tout simplement parce qu’arriver à « dresser » des oies, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais alors comment en a-t-il eu l’idée ? Eh bien il s’est inspiré du projet fou de Christian Moullec, mis en lumière par un reportage diffusé lors d’un journal télévisé de 13h présenté par Jean-Pierre Pernaut (dont nous verrons un court extrait dans le film). Seulement mettre en images cette aventure hors du commun ne se fait pas en un claquement de doigts, sans compter que ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Non seulement il faut faire preuve de patience, mais en plus il faut prendre moult précautions. Et malgré toutes les précautions prises, on ne peut pas hélas toujours tout maîtriser. La preuve par la polémique née d’un survol de lieu de nidification des flamands roses ayant entraîné l’abandon de la quasi-intégralité des œufs. Dans les chiffres rapportés, ce sont en moyenne 9 nids sur 10 délaissés, soit environ 500 œufs perdus. Sauf que Nicolas Vanier a viré le prestataire fautif pour n’avoir pas respecté le plan de vol et s’être amusé à faire envoler ces oiseaux, a renoncé à poursuivre le tournage en Camargue, et a même proposé sa candidature de parrainage vis-à-vis d’une colonie de flamand rose. Mais trop tard : la polémique était lancée et l’association France Nature Environnement avait déposé plainte pour perturbation intentionnelle et destruction d’œufs d’espèce protégée. Faut-il qu’on parle des complexes industriels, de l’agrandissement des villes qui réduisent chaque année l’habitat naturel de la faune sauvage ? Mais je m’écarte du sujet, à savoir mon appréciation de ce film.
Il était hors de question pour moi de le rater. Car Nicolas Vanier, c’est tout de même "Le dernier trappeur", "Belle et Sébastien", "L’école buissonnière" ! Et puis Nicolas Vanier, c’est une expérience d’explorateur qui vient au secours d’un cinéma hexagonal en net redressement ! Alors des belles images, on en a oui ! Franchement, il n’a pas à rougir des images enregistrées par Christian Moullec !
Et puis il y a la prestation remarquable de Jean-Paul Rouve qu’on sent parfaitement impliqué dans cette histoire hors normes (on notera les yeux rougis par les larmes naissantes quant au devenir de son fils dans le film), celle de Mélanie Doutey et du jeune et prometteur Louis Vazquez. Sans oublier Frédéric Saurel par qui un peu d’humour a été amené, et cet antipathique norvégien qu’on voudrait bien séquestrer si on pouvait passer de l’autre côté de l’écran. Eh oui, nous spectateurs, aimerions bien que rien ne vienne perturber ce fabuleux pari pourtant loin d’être gagné. Et ça, on le doit au suspense judicieusement aménagé, qu’on connaisse ou pas l’histoire de Christian Moullec.
Bien sûr, je ne cache pas que les amoureux des animaux et de la nature porteront aux nues ce nouveau film de Nicolas Vanier car comme je l’ai dit plus haut, tout y est, la musique en plus ! Les autres trouveront peut-être un peu longuet. Je ne l’invente pas, c’est un propos que j’ai entendu en sortant de la salle ! Il faut quand même laisser le temps aux choses de se construire, surtout que dans un cas comme celui-là, rien n’est simple, à commencer par la patience, la paperasse et la logistique.
Alors oui : durant près de deux heures, j’ai rêvé. Et je ne suis pas le seul, la plupart des spectateurs étant restés jusqu’au terme du générique de fin. C’est donc K.O. debout que je suis sorti du complexe, émerveillé par les belles images et les prises de vue incroyables. Bien sûr tout n’est pas parfait : il manque l’accent du sud, une séquence orageuse un peu tirée par les cheveux, un vrombissement de moteur d’ULM parfois trop important tant celui-ci fait plutôt penser au bruit d’un monomoteur biplan. C’est ce qui m’empêche de donner la note maximale, mais en même temps, je ne peux pas vraiment en tenir rigueur car le coup de cœur est là. Aussi je me lève et j’applaudis monsieur Nicolas Vanier, l’ensemble des comédiens et le compositeur (en plus Armand Amar n’est pas n’importe qui) et je les remercie de m’avoir fait envoler vers le pays des émotions et du bonheur.
Pour finir, une petite précision : je n’ai aucun lien de parenté avec le maire incarné par Dominique Pinon, en mode homme de la France profonde. Je le saurais, hein (rires !).