Décidément, on aime bien la réalisation de John Krasinski. Ce Sans un bruit 2 est en-dessous de son prédécesseur (qu'on avait adoré pour son travail sur le son et ses scènes d'épouvante à l'ancienne) mais est loin de démériter face aux autres productions horrifiques du moment. Pour Krasinski, pas question de nous faire peur avec un personnage tout seul, dans le noir, en coupant le son pour nous jouer un coup de trompette surdimensionné au premier chat qui passe (oui, vous avez reconnu la plupart des teenage-épouvante modernes...). Dans ce Sans un bruit 2, comme dans le premier, on est dans un survival de plusieurs personnages qui luttent (de jour) contre les vilaines bébêtes que l'on voit arriver à l'avance, et la terreur n'en est pas moindre, puisqu'elle s'associe à cette envie folle d'attraper les personnages à travers l'écran pour les mettre à l'abri (pauvre famille, pauvre Cillian Murphy...). Car, autre excellent élément du scénario, avoir choisi de créer un binôme inattendu et qui fonctionne à merveilles : le vétéran qui a perdu ses enfants et ne parle pas un mot de langue des signes, et la petite fille muette qui a perdu son papa. Ou comment faire un joli duo qui nous a mis dans sa poche à la première seconde. Les séquences qui se répondent d'un binôme à l'autre nous ont tapé dans l’œil (
l'homme qui s'étouffe avec une corde autour du cou et plongé dans l'eau tandis que le fils s'asphyxie dans sa chambre forte, les deux enfants qui passent le cap de tuer un monstre en même temps...
Magnifique montage), et comment oublier le travail sur le son, le petit joujou de Krasinski pour cette saga, qui démultiplie les points de vue sourds de la pauvre enfant, qui augmente le volume des sons normalement oubliés dans la bande-son, qui aime suggérer l'arrivée de la bébête par de petits bruits plutôt que par un gros "bouh" idiot... Malgré le monde dans la salle, pas une respiration n'est venue briser le silence pesant des scènes en sourdine, tout le monde étant dedans (le drame pour ceux qui avaient acheté du popcorn...). On a aimé le clin-d'oeil au premier opus avec la navette spatiale filmée dans la boutique (on se rappelle de la scène crève-cœur...), et on a gloussé en voyant encore Cillian Murphy se faire
poignarder
dans la pomme d'Adam, après Red Eye, on se dit que pour son prochain film d'épouvante, il devrait investir dans une minerve. N'aurait été la dernière minute trop facile (elle nous promet un 3... Mais le veut-on ? A moins que Krasinski se surpasse : non, pas besoin d'un 3), et la surprise qui n'est forcément plus là, ce Sans un bruit 2 est une très bonne suite surtout par sa réalisation aboutie et soignée, par ses deux binômes impeccables (l'homme et la muette, on a adoré), et une ambiance sonore comme toujours bluffante.