Terra Franca : les secrets du tournage

Leonor Teles connaît la famille Lobo depuis toujours car leur fille cadette était la camarade de classe de la cinéaste. Comme Vila Franca est une petite ville, la plupart des gens se connaissent. C’est le cas pour sa famille et les Lobo. Elle explique : "Quand les spectateurs regarderont le film, je crois qu’ils se rendront vite compte de ce que cette famille, et en particulier Albertino, a de spécial. Albertino est silencieux et sincère de nature, avec tout le monde et en toutes circonstances. Il ne se laisse pas contaminer par la technologie : il refuse même d’avoir un téléphone portable. C’est un homme d’aujourd’hui, ancré dans le passé, pour lequel la famille a un rôle important..."

Leonor Teles a construit sa relation avec cette famille de façon naturelle. La réalisatrice ne sait d'ailleurs pas si l'on peut parler de construction puisqu'elle connaissait déjà les membres de la famille. Elle raconte : "Quelque chose a grandi naturellement en nous, petit à petit, tout au long de ces deux années de tournage. Ils sont avant tout mes amis. Bien sûr, certains passages du film sont mis en scène, mais d’autres sont purement spontanés. Il y avait pour chaque prise une ligne directrice ou un objectif, mais je ne leur ai jamais donné un texte ou un dialogue déterminé. Je leur ai rarement demandé de faire un geste d’une certaine façon ou d’aller à un endroit précis parce qu’ils faisaient les choses librement, à leur manière, qui était la plus juste. Ces espaces leur sont familiers, ils savent comment les occuper et s’y mouvoir : ils leur appartiennent."

Leonor Teles a choisi de restituer cette chronique familiale sur quatre saisons. "C’est une façon de montrer que les personnages ne sont pas les seuls qui évoluent, tant sur le plan physique que psychologique. Tout ce qui les entoure – la lumière, la couleur du paysage, le fleuve – est également en mouvement : les espaces ne sont pas statiques et ont eux aussi beaucoup d’histoires à raconter", confie la réalisatrice.

Le montage de Terra Franca a duré près d’un an et s’est fait en parallèle du deuxième temps de tournage du film. Leonor Teles se rappelle : "Nous avons donc eu deux monteurs sur deux périodes différentes, ce qui a permis de donner au film la distance nécessaire pour entrelacer les scènes et créer une histoire. Nous voulions décrire Albertino au sein de son cadre familial et de son quotidien afin de comprendre sa manière d’être, voir si son caractère changeait lorsqu’il était seul sur le fleuve."