Une certitude, Nicolas Pariser est très intéressé par la politique. Son long métrage précédent, son premier long métrage, avait pour titre "Le grand jeu" et c'était déjà un film sur la vie politique. Je n'avais pas du tout aimé. Dans "Alice et le maire", il s'installe à Lyon et il nous fait vivre de l'intérieur, avec brio, la vie d'une mairie dans une très grande ville, avec un maire et son entourage, avec les intrigues, les jalousies, les luttes de pouvoir, la difficulté qu'il y a à réunir chez une même personne pensée et action. Quand on rencontre Paul Théraneau, le maire, il est au bout du rouleau, incapable d'avoir une idée, lui qui en avait 50 par jour auparavant. Une jeune philosophe, Alice, est embauchée pour penser et avoir des idées pour lui. Si la relation entre Alice et le maire est bien sûr le point focal du film, il y a plein d'autres choses autour, toutes dignes d'intérêt. Une des qualités du film, tourné en 35 mm, est son montage : chaque scène a la bonne durée. La distribution est également remarquable : Fabrice Luchini est l'interprète de Paul Théraneau, il le joue avec sobriété, il est donc excellent. Anaïs Demoustier, l'interprète d'Alice, toujours très juste, a peut-être trouvé là son meilleur rôle. Dans des rôles moins importants, on remarque aussi Nora Hamzawi, Léonie Simaga, et, bien sûr, Maud Wyler, l'extraordinaire Juliette Webb de "Perdrix". Et s'il ne fallait retenir qu'une réplique du film, elle se niche dans un discours préparé conjointement par Alice et le maire, un discours dont le but est de fustiger le monde de la finance (il est peut-être bon de préciser que Paul Théraneau est un maire socialiste !) : Le monde de la finance, ce sont nos propres enfants, ils ont été éduqués dans notre école. Dans le temps, les écoles d'ingénieur de notre pays fabriquaient des ingénieurs et non des banquiers, les écoles de commerce fabriquaient des entrepreneurs et non des banquiers, l'Ecole Nationale d'Administration fabriquait de grands serviteurs de l'état et non des banquiers. Pas faux, tout cela !