Almodovar nous livre là, encore une fois, un film absolument magnifique et qui a été logiquement récompensé à Cannes (enfin son acteur principal l'a été).
Ici il y a tout ce que j'aime chez Almodovar, notamment ses histoires de femmes, avec encore une fois la sublime Penélope Cruz qui joue la mère jeune du personnage principal... Mais il y allie quelque chose de personnel en se mettant en scène au travers du héros interprété par Banderas. Ils ont même tenté de lui refaire la même coupe de cheveux.
Et mine de rien c'est peut-être le film le plus personnel que j'ai vu de lui (j'ai pas vu la mauvaise éducation) et ça m'a profondément touché. Disons que je trouve tout le film fabuleux, que ça soit dans l'exploration des souvenirs qu'il peut avoir de sa mère, de son enfance... des retrouvailles après des rancœurs décennales... ou encore revoir un bref instant un amour de jeunesse...
Il n'y a pas réellement d'intrigue, on suit juste Banderas vieux, limité par son corps vieillissant, plus affecté qu'il ne le dit pas la mort de sa mère et qui retrouve petit à petit goût à la vie. C'est ça aussi qui est fabuleux, c'est l'un des rares films d'Almodovar qui est optimiste, où ça ne se termine pas en demi teinte... Et finalement on voit comment Almodovar/Banderas arrive à surmonter ses démons pour retrouver la vie et sortir de son état de torpeur à l'aide de ses souvenirs et d'une volonté de fer. On trouve une véritable force dans ce récit.
Puis il y a toutes les anecdotes où limite Almodovar s'adresse directement au spectateur, comme lorsque Banderas va se faire opérer et annonce au médecin qu'il écrit de nouveau mais qu'il ne sait pas si c'est une comédie ou un drame car il ne le sait pas à l'écriture... Et c'est vrai, mine de rien, son film est assez drôle, triste, mais drôle malgré tout, ce qui fait que ce n'est jamais lourd, pesant, c'est parfois cruel comme lors des dernières conversations avec sa mère mourante, mais ça n'est jamais trop. Almodovar parvient à garder une certaine fraicheur même dans les scènes les plus terribles empêchant tout sentiment de voyeurisme.
C'est un beau film sur le fait de vieillir, sur le deuil, sur l'amour, Almodovar brasse un large spectre de thèmes et d'émotions et on ressort de la salle content qu'il ait partagé cette belle histoire avec nous. Surtout que cette histoire est universelle, il a beau parler de lui, se fâcher avec des amis, perdre un amour de jeunesse, voir sa mère mourir, si ça ne nous est pas déjà arrivé, ça nous arrivera sans doute et comme lui, il va falloir aller de l'avant...