Avec deux derniers films un peu en dedans (Les amant passagers et Julieta), je n'attendais pas grand chose de ce nouveau Almodóvar (en compétition pour ce Cannes 2019). Vu sans aucune information (sujet, bande-annonce, casting) j'en ressors aussi ému que ravi. Voilà un film magnifique, le plus beau de son auteur depuis longtemps. Entre synthèse artistique et autobiographie, une véritable mise en abime pour Pedro qui n'a certes plus le délire d’antan, mais une certaine sagesse, une paix, un regard, un recul sur ce qu'a (peut être) été sa vie. Et ce constat peut avoir des résonances en chacun d'entre nous, en tout cas chez moi il en a eu. Des joies aux tristesses de la vie, des amours passées aux projets d'avenir, de l'insouciance de l'enfance à la douleur physique du corps qui vieillit, je me suis reconnu dans ce personnage. Toutes proportions gardées bien entendu. La mise en scène est belle, simple, limpide, sobre. Le scénario est tout aussi subtilement écrit, avec tact et sensibilité, distillant une émotion par petites touches, aussi belle que contenue, sans aucun pathos et qui finit par tout ravager. Les flash-backs et la voix-off n'étant, une fois n'est pas coutume, nullement gênants. Une autre bonne chose vient de Antonio Banderas. Le réalisateur et lui ont débuté ensemble et se retrouve après tant d'années. Et ces retrouvailles sont splendides, l'acteur a rarement été aussi bon. Une magnifique prestation, aussi touchante que poignante. Un retour au sommet pour les deux hommes. Goyas en vue, et prix cannois espéré (enfin la Palme ?). Au final, une excellente surprise pour un très beau film, aussi nostalgique et que mélancolique. Un coup de cœur fort et bouleversant.