Seule à Mon Mariage s’inscrit dans la continuité des films documentaires que Marta Bergman a réalisés en Roumanie et dont certains personnages et histoires l’ont bouleversée. La cinéaste explique : "À la fin de "Clejani stories…", filmé dans le village du Taraf des HaÏdouks, une très jeune fille tsigane boucle sa valise sous l’oeil quasi indifférent de ses parents, pour partir en Allemagne "faire boire les hommes dans des bars". Le soir-même, deux autres jeunes filles sont venues la chercher, elles ont embarqué à bord d’une voiture noire qui a foncé dans la nuit. Cette image m’a donné envie d’écrire une histoire, celle d’une jeune femme qui rêve de partir, de changer son destin. Je voulais que ma fiction puise sa force de vérité dans le réel mais je ne voulais pas d’un film sordide. Je voulais aussi rendre hommage à une communauté complexe, insaisissable car secrète mais riche en personnalités bourrées de talent et d’humour. C’est ainsi qu’est né le personnage de Pamela."
"Pamela rêve, elle se projette dans quelque chose de plus grand. C’est ce qui la distingue des autres filles de son village. En traçant sa propre route, elle découvre l’amour qu’elle porte à son enfant et trouve en elle les ressources pour l’élever seule. Je voulais un personnage qu’on aime pour son audace, son étincelle de vie et son désir d’apprendre. J’ai cherché à ce que le film trouve sa cohérence dans le lien très fort, qui se poursuit dans l’absence, entre mère et fille. Au même titre que sa mère, Bébé fait partie d’une lignée de femmes qui, sur plusieurs générations, font entendre leurs voix. Leur destin sous-tend le récit."
L’histoire de Seule à mon mariage s’inscrit dans un contexte contemporain. Marta Bergman raconte : "L’Occident et ses mirages continue de faire rêver : dans le village de Pamela chaque maisonnette possède une télé et une antenne parabolique ouverte sur le monde. Les informations télévisées objectives témoignant de la crise économique en Occident et des expulsions n’y font rien. Pour autant, je ne voulais pas d’un film misérabiliste. Je ne voulais pas non plus d’un film qui enferme ses personnages dans des clichés."
Marta Bergman tenait également à ce que la culture rom soit mise à l’honneur dans Seule à mon mariage. "Nous avons véritablement travaillé en ce sens tant au niveau de la mise en scène, des langues parlées dans le film (roumain, romani, français), que de l’image (Jonathan Ricquebourg), du montage (Frédéric Fichefet) ou de la création musicale (Vlaicu Golcea)", se souvient la cinéaste.
Les repérages ont conduit Marta Bergman dans plusieurs villages, en Transylvanie et aux alentours de Bucarest. Elle y a rencontré des filles et des garçons entre 16 et 20 ans. La réalisatrice se rappelle : "J’ai demandé aux filles : “Quel est ton rêve, ton désir le plus cher ?”. La plupart ont répondu : étudier. Car à 16 ans elles doivent, souvent, arrêter l’école pour rester à la maison s’occuper des petits frères et soeurs, ou dans les communautés rom plus traditionnelles, se marier à 14 ans… L’autre rêve : partir loin découvrir le monde ! Enfin, ne pas épouser un homme de chez elles. Ces rencontres ont confirmé la trajectoire de Pamela."