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Laurent C.
255 abonnés
1 133 critiques
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3,5
Publiée le 21 septembre 2018
Il est jeune. Il n’a pas d’autre identité que celle d’un prostitué masculin, sur les bords de route, dépourvu de prénom, d’attaches familiales et amicales véritables. Il est sauvage, à la façon du petit héros de Truffaut, sinon qu’il est déjà adulte et qu’il a le langage. Manifestement, il est perdu. Son abandon du corps aux fantasmes multiples de ses clients ressemble plus à une conduite addictive qu’à un besoin véritable d’argent. Car il dort à même les rues, quand il ne passe pas la nuit chez un client croisé dans une discothèque ou dans les bois. Cette prostitution, c’est surtout un lent mais irrémédiable processus d’autodestruction que l’on connait bien chez les adolescents meurtris par la vie.
« Sauvage » est tout autant un film sur la prostitution, dans ce qu’elle de plus complexe dans le rapport au corps et à la soumission, que sur l’impossibilité des institutions médicales à appréhender la douleur des jeunes gens quand elle se précipite dans de tels extrêmes. Le réalisateur, qui signe sa première œuvre de cinéma, fait un film toujours à la limite de l’observation ethnologique et psychologique d’un prostitué, et de la variation fantastique des 1000 et 1 sexualités masculines. Pour autant, il ne tombe jamais dans la vulgarité avec toutefois le risque du voyeurisme. Parfois, le dégoût n’est pas loin quand les envies des clients rendent compte de forme de manipulations mentales et physiques, proches de la cruauté. Car notre héros est d’abord un garçon terriblement carencé. Si comme tout abandonnique, il se complaît dans le rejet et les amours impossibles, ce dont il manque le plus, ce sont des embrassades généreuses où il n’est plus question de sexe mais d’affection seulement.
« Sauvage » met en scène un médecin absolument merveilleux. La séquence qui oppose le jeune-homme et la praticienne médicale donne à voir ce que l’on peut espérer de mieux dans les soins apportés aux personnes prostituées et toxicomaniaques. Elle prend le temps d’écouter le corps, la parole, les émotions, tout en n’étant pas dupe que le combat est sinon perdu d’avance, en tous les cas très complexe. Le film raconte donc avec la précision d’un sociologue les impossibilités mêmes auxquelles les professionnels du social doivent faire face pour redonner vie à des êtres vulnérables, bousculés par la souffrance.
Pour son premier film, Camille Vidal Marquet n’y va pas par quatre chemins. Dès la scène d’ouverture, nous sommes confrontés au quotidien du jeune Léo, jeune prostitué. Les scènes de sexe qui parsèmeront le film pour dresser le portrait d’un jeune homme insaisissable sont crues mais jamais provocantes. C’est l’un des mérites de ce film qui confirme la présence forte d’un jeune acteur à suivre Félix Maritaud. Il rend bien le côté sauvage de son personnage. Les acteurs qui l’entourent ne sont pas moins excellents dans des rôles par toujours évidents. Au-delà du portrait de ce jeuen homme, c’est aussi un constat cruel mais lucide sur la situation précaire de jeunes gens sans instruction ou sans emploi, sans entourage et sans domicile fixe. Pas évident de s’en sortir, surtout si comme Léo on en éprouve pas (ou plus) le besoin.
Vouloir faire un film sur la prostitution masculine dans le milieu gay peut s'avérer difficile car il y a toujours la barrière d'aller trop loin ou pas assez, trop en montrer ou pas assez, trop en parler ou pas assez. Dans "Sauvage", la seule barrière qui est franchie un peu trop loin est celle de trop en montrer. En effet, le sujet est bien traité, il montre la noirceur, la précarité, la violence, les envies, les rêves, les désillusions mais les images vont vraiment loin. Ce n'est pas que c'est dérangeant, malsain ou voyeur, c'est juste que la surenchère n'apporte pas grand chose au propos. Et c'est dommage car le scénario est plutôt bien construit, on s'attache au personnage principal grâce à la super performance de Félix Maritaud et on est touché par de très belles séquences de tendresse spoiler: comme celle avec le médecin qu'il serre dans ses bras comme s'il s'agissait de sa mère . Le film est puissant mais à trop vouloir appuyer son propos on perd le spectateur.
Très belle réussite que cette immersion dans l'univers d'un jeune prostitué de 22 ans. La fiction permet d'entrevoir le quotidien de la prostitution masculine : l'attente au bord des routes, les conflits et complicités avec les autres, les clients en manque d'affection, les pervers absolus, les sorties en boîte, la drogue, etc. Le scénario est suffisamment bien écrit pour qu'aucun personnage ne sombre dans le cliché. On saisit aisément que la complexité extrême qu'on découvre chez le personnage principal trouverait son équivalent chez tous les autres. L’irrépressible désir d'être aimé, qui trouverait sans doute son origine dans la réponse à la seule question qui dérange ("Et vos parents, vous les voyez souvent ?"), ouvre la voie à tous les excès. Les comédiens, tous inconnus à ma connaissance, sont parfaits. La plus grande réussite du film est peut-être de nous inciter à désormais porter un tout autre regard sur certains jeunes hommes (et jeunes femmes) qu'on croise parfois dans nos rues.
On accuse souvent le cinéma français d'aligner les lieux communs, de faire se succéder les scénarios convenus, en somme d'être en panne d'inspiration. Eh bien, le film "Sauvage" du réalisateur Camille Vidal-Naquet ne peut laisser indifférent. Et c'est peu dire : dans la veine de "L'inconnu du lac", mais en beaucoup moins solaire, voici l'un des films les plus dérangeants qui soient. Encore faut-il apporter une précision d'importance. Si l'on se réfère à la majorité des critiques, il s'agit de prostitution masculine, un point, c'est tout. Bien sûr, Léo est un jeune homme de 22 ans qui passe ses journées à attendre le client dans le cadre interlope du bois de Boulogne. Il y côtoie une faune de jeunes gens avides de vendre leurs corps à des clients affamés de sexe et cachant parfois de sombres désirs. Mais le film se donne à voir comme un parcours individuel fait d'une immense solitude qu'il s'agit de combler vaille que vaille. Plus encore : au-delà des passes successives qui sont filmées avec une crudité qui peut choquer, se lit une réflexion sur la condition de ces êtres qui cherchent du plaisir à défaut de bonheur. Certaines rencontres sont particulièrement émouvantes, depuis celle du handicapé exclu de l'amour jusqu'à celle du vieillard qui finit par renoncer au plaisir pour se satisfaire d'une épaule nue adossée contre lui. Ainsi Léo apparaît-il comme une métaphore de l'humanité douloureuse. Lui dont on ne sait rien et qui refuse de parler de sa famille au médecin qui le prend en charge, lui le déclassé, le vieilli avant l'heure, sera contraint de suivre un véritable chemin de croix au bout duquel une possible rédemption se dessinera. Mais le chemin est long : le film ne dure qu'un peu plus d''une heure et demie, mais quelle densité, quelle force dans les images et bien sûr quelle performance d'acteur pour Félix Maritaud qui EST pleinement Léo !
Félix Maritaux électrise ce film dur et violent évoquant le monde de la prostitution masculine et de la drogue . Sa présence, sa sensibilité tout son amour qu'il donne et essaie de recevoir en retour font que ce film cru reste supportable. 3 scènes extrêmement tendre et émouvantes m'ont convaincu que c'est 1 bon film original bien filmé.
Avis : 8/10 Après avoir vu le film son titre en prends tout son sens : si fragile, c'est pourtant bien sauvage qu'est le personnage interprété par Felix Marritaud. Présenté en quinzaine des réalisateurs à Cannes. Librement inspirés avec la contribution des « garçons du bois de Boulogne » Camille Vidal Naquet signe son premier film. Il est ici question de prostitution masculine, où l'on se défonce à gros coup de crack en attendant le jour suivant, histoire de tuer le temps entre deux passes. Le drame est là, c'est pour eux de rares moments d'évasions pour oublier un peu leurs conditions difficiles entre deux sorties en discothèque pour chasser un richMAN et tuer l'ennuie avant de retrouver le « travail ».
Des questions existentielles ils s'en posent,mais pourquoi embrasse t-il ses clients ce jeune Felix Maritaud ? En premier rôle c'est lui le « Sauvage ». Ne rêve t-il pas d'un avenir meilleur, lui confère son nouveau camarade de gazon pour lequel il va s’en amouracher. Portrait d'une jeunesse en quête de rêves et d’espoirs. Mais peuvent t-ils encore réaliser ceux ci lorsque l'on voit l'insécurité et le danger qui se profile dans leurs vies.
Ce petit Felix lui, on l'a bien remarqué, doté d’innombrables charmes et surtout d'une grande sensualité, l'envie irrésistible de vouloir le protéger est présente. D'une grasse et d'une bonté naturel on fond pour ce gosse à la gueule d'ange qui semble bien perdu. Sauvage est fascinant, déroutant, ses besoins ? liberté et l'amour inconditionnel avant de ne devoir tomber dans sa propre chute aux enfers. C'est un premier long métrage magistral et sensationnel.
"Sauvage" est âpre, dur, viscéral, dérangeant et à ne pas mettre entre toutes les mains. Mais Camille Vidal-Naquet, dont c'est le premier film, sait apporter, sous les aspects d'un documentaire sur la vie d'un jeune prostitué, une humanité, une fragilité, une douceur au milieu de la fange qui trouble et émeut. Félix Maritaud qui se donne corps et âme à son rôle offre une douce palette d'expressions à son personnage qui n'est qu'une boule d'amour et de fébrilité. On pense souvent à la caméra empathique des frères Dardenne ou au film "Sans toit ni loi" d'Agnès Varda par cette propension que possède le réalisateur d'offrir un portrait sans concessions mais aussi sans jugement d'un personnage troublant et solaire. Le dernier plan muet du film long et bouleversant figurera longtemps dans mon panthéon des images inoubliables.
Une réussite d'une rare audace en France, mais jamais provocatrice, qui porte davantage sur la difficulté à aimer que sur la prostitution en tant que telle. Magnifique.
Une claque, un film bien glauque et cru qui m'a mis souvent mal à l'aise, pour publique averti. Qu'on aime ou pas, on ne peux pas en ressortir indifférent, belle prestation de l'acteur principal qui n'a peur de rien et se met à poil dans tous les sens du terme.
Sauvage dérange ! Sauvagement beau ! Sauvage à voir ! Vous ne pouvez pas passer à côté de ce film ! D’une vérité, d’une cruauté, d’une beauté, ça m’a fait penser à Cyril Collard.
Un film assez glauque , qui joue sur les scandaleux de certaines scènes mais pour lequel on a du mal à accrocher . Du schoking pour le plaisir . L'hyperréalisme voulut tue le réalisme , on est dans une abstraction du sordide bien peu intéressante au final. Et au final l'émotion et/ou le message ne sont pas là.
Film qui se veut réaliste mais qui chemine trop sur les clichés avec une histoire sans vraiment avoir un début et une fin. Le personnage principale ressemble plus à une tète à claque qu'à une victime de la société comme le film veut nous le montrer et les scènes de sexe pour appâter le spectateur chemine également sur des clichés de cinéma pornographie. Ceci dit Félix Maritaud joue très bien son personnage et la photographie est brutal et singulier comme ce film.