Documentaire fondateur retraçant les débuts du mouvement hip hop aux Etats-Unis, Style Wars est un document historique qui explique pour la première fois les origines de la culture urbaine. Le film s'intéresse particulièrement à l'avènement du graff qui a trouvé naissance dans la grosse pomme au début des années 80. Le graffiti « hip-hop », ou « tag », qui représente 90 % des graffitis aux États-Unis a des ambitions esthétiques et constitue également une forme de langage secret que seuls d'autres graffeurs peuvent assimiler. C'est pourquoi le film nous montre l'existence de véritables guerres artistiques entre bandes rivales. La ville devient un véritable terrain de jeu pour le tagueur qui peut exprimer à travers elle sa marque de fabrique. Début 80 à New York, les graffeurs imposent leur présence. En inscrivant leur "blaze" à chaque recoin de la ville, le graffeur devient célébre et respecté pour ses audaces. Inscrire sa marque dans des endroits improbables apporte également une forme de reconnaissance. La ville comme lieu d'expression où l'adrénaline peut s'emparer du tagueur surtout lors de courses poursuites avec la police locale. Style Wars montre que cet art est l'expression d'une culture bien définie possédant une énergie créatrice totalement hallucinante. Style Wars a popularisé cet art à travers le monde. En tant que manifeste de cette expression urbaine, c'est un film à voir pour comprendre et ressentir l'effervescence de ce mouvement. Car graffer ce n'est pas uniquement bomber les métros, non, c'est aussi une "mentalité". C'est pour cela que ce mouvement ne se cantonne pas uniquement à l'expression graphique. Le rap, la danse, la révolte, le politique, tout s'imbrique pour former cet état d'esprit qu'est la culture urbaine. Style Wars décrit au final un certain état d'esprit et parvient souvent à nous le faire ressentir. Je lisais cette semaine la biographie de Joey Starr dans laquelle un paragraphe est consacré au graf. Je le cite : "Avant mon départ au service militaire, on voit les premiers graffitis apparaître sur les murs de Saint Denis. Ça se passe rue de la Ferme. Trop classe ces graffitis! On finit par localiser le bombeur. On est tous pleins de reconnaissance d'autant que l'artiste nous semble un extraterrestre. Il a les clefs du métro pour aller taguer des fresques la nuit sur les trains! Dès cette époque, je me lance, style vandale. Je tague à tout va, pour faire ma marque partout. Adorant les défis, je colle mon truc dans des endroits impossibles. je grimpe, j'escalade..." Art du défi, art de la rue, art du politique, art revendicatif, art de l'urgence et bien plus encore.