Bon, ne tournons pas autour du pot : les populations arabo-méditerranéennes ont des problèmes avec elles-mêmes, leur pays, leurs souches immigrées (en France essentiellement, langue du « colonisateur » oblige) et leurs deuxièmes générations qui comme une éponge se sont remplies de la culture et des valeurs de l’autre rive de la Méditerranée tout en gardant un regard bienveillant, même si pas toujours facilement aimant, sur leurs origines. Pays et population coincés entre la tradition, la religion, l’aspiration à plus de modernité des plus jeunes (quoique parfois le poids des parents, de la société est si-pesant…), l’omniprésence d’une administration oisive, l’absence de règles parfois ou tellement de règles qu’elles ne sont finalement appliquées qu’à géométrie variable, la corruption, les petits arrangements. C’est tout ça que cette comédie aborde sur un ton caustique, humoristique, moqueur, interrogateur aussi. Ça fait beaucoup de thèmes, une multiplicité d’angles. Manifestement les spectateurs issus du cru, y ayant gardé des attaches fortes ou connaissant bien la Tunisie, apprécient. On rit ou sourit mieux (même si c’est un rire jaune) quand il s’agit de soi. Ce film sera-t-il distribué en Tunisie, dans d’autres pays du Maghreb ? Officiellement, ce n’est pas sûr. Mais sous le manteau, très certainement en espérant qu’il ne rencontre pas trop de susceptibilité car, mine de rien, il secoue et interroge certaines choses sensibles. Il n’est pas dit que le spectateur d’ici saisira toutes les subtilités, les non-dits, le subliminal. C’est un film ARTE, ça implique un certain effort, une ouverture d’esprit.