Certains éléments de l’histoire d’Euforia sont vraiment arrivés à de très proches amis de la réalisatrice Valeria Golino, qui signe son 2ème long-métrage après Miele en 2013. "Plus particulièrement, le personnage principal, Matteo, joué par Riccardo Scamarcio, est basé sur un de mes plus proches amis. Il a dû aussi faire face à la maladie de son frère. Quand il me racontait ce qui se passait autour de son histoire, j’ai très vite eu l’idée d’en faire un film. C’est une histoire à la fois personnelle mais qui appartient aussi à tout le monde. Bien sûr, le film est devenu autre chose, ça reste une fiction, ce n’est pas la réalité, même si le matériau de base est réel", confie la cinéaste.
Valeria Golino a choisi Riccardo Scamarcio pour le rôle principal car il a le don d’être «enfantin ». "Et pour un personnage comme Matteo, c’est très important. Quelqu’un de vraiment défini en tant que personne aura perdu cette partie enfantine, ce sourire, cette énergie… et ça n’aurait pas marché. J’ai considéré d’autres acteurs pour le rôle mais finalement, Riccardo était le seul à pouvoir camper ce personnage car il est vraiment irrésistible. Malgré ses défauts, on a envie de lui pardonner."
Selon Valeria Golino, les femmes peuvent raconter de très bonnes histoires sur des hommes et vice-versa. "Il y a surtout des gens qui ne savent pas raconter de bonnes histoires. J’ai de nombreux exemples de réalisateurs ayant inventé de grands rôles pour des femmes. Il ne faut pas opposer les hommes et les femmes, il y a des individualités talentueuses, d’autres moins talentueuses… que ce soit des hommes ou des femmes, point. Après, en tant que citoyenne, je peux débattre sur des sujets comme le droit des femmes, l’égalité salariale, la façon dont nous sommes traitées… Mais quand il s’agit d’art, je ne veux pas entendre parler de ces conneries", s'insurge la réalisatrice.
L’aspect esthétique est vraiment primordial pour Valeria Golino. "Je voulais qu’il soit au service de l’histoire. Si ce n’est pas le cas, cela me met mal à l’aise. L’esthétique du film doit être organique et imprégner l’histoire. J’ai donc dû me restreindre à ce niveau car je ne voulais pas que l’esthétique phagocyte le récit. Je prends soin de chaque plan pour qu’il soit beau. Je suis toujours à la recherche du « beau » dans un plan", explique la cinéaste.
Valeria Golino ne pense pas avoir une méthode spécifique avec ses comédiens. Pour elle, chaque acteur doit être dirigé d’une manière différente. "Comme je suis aussi actrice, j’essaie, dans mes directives, de donner aux comédiens ce que j’aimerais qu’on me donne. Certains acteurs aiment être rassurés, d’autres mis sous tension, d’autres encore préfèrent qu’on les laisse tranquilles. Au final, il faut trouver la meilleure manière de les faire briller, de les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. J’ai beaucoup d’empathie pour les acteurs car je sais combien c’est dur et combien ils sont importants. Ce sont carrément des co-auteurs du film. Si vous avez un acteur malin, ça changera tout pour votre film. Il viendra avec des idées, avec ses propres mots, son look…", relate l'artiste italienne.