Le voilà, l'excellent, le passionnant film du mois de septembre! Passionnant, il l'est à double titre. Non seulement il révèle un côté terrible de la législation marocaine: si une jeune femme accouche d'un bébé hors mariage, direction, la prison! Mais surtout, bien loin de se contenter d'être le reportage romancé que l'on imagine, des retournements de situation nous montreront que certains personnages sont bien différents de ce qu'ils semblent être, rendant le film psychologiquement passionnant. Et ces femmes marocaines, bien plus complexes....
Donc Sofia (Maha Alemi), vingt ans, accouche inopinément d'un bébé -son déni de grossesse faisant que sa silhouette s'est à peine modifiée. Emmenée d'urgence à l'hôpital par sa cousine, la ravissante Lena, (Sarah Perles), qui est étudiante en médecine et a compris ce qui se passait, et avec la complicité d'un médecin ami de Lena, Sofia peut accoucher dans de bonnes conditions, à condition de décamper illico.... et de venir produire un peu plus tard le nom d'un géniteur. Vous imaginez cela? Dans un pays tout voisin, ami, et imprégné de culture occidentale? Meryem Ben M'Barek nous secoue, mais, comme je l'ai déjà écrit, si ce n'était que cela, on en resterait à un documentaire romancé.
Sofia est hébétée. Prête à abandonner le bébé dans un carton, sur un trottoir. Pas bien belle, elle ne nous semble pas non plus très fufutte, mais les moins intelligentes peuvent aussi être calculatrices... Maintenant, il faut les prévenir, les parents, et surtout, trouver le géniteur..... Leila, la maman de Lena (Lubna Azabal, qu'on avait adorée en particulier dans Good bye Morocco), a épousé un homme d'affaire français. Elle est riche. Et elle vient juste de monter un plan de coopérative agricole qui permettra à sa soeur Zineb (Nadia Niazi) de s'en sortir, elle aussi. Et, au moment où tout allait bien: le déshonneur. Sofia ne veut pas donner le nom du père, et puis, elle lâche: Omar (Hamza Khafif). Déjà, Omar habite dans une banlieue pourrie. Et quelle dégaine.... c'est un traîne-misère, au look improbable, qui vivote de petits boulots. Et qui se défend: il a une fois offert un café à Sofia qui pleurait après avoir été renvoyée du centre d'appels où elle travaillait, mais il n'a jamais eu de liaison avec elle; par contre sa mère, qui comprend qu'elle a à faire avec une famille de richards, aux abois, flaire la bonne affaire possible....
Après, il suffira à Leila de graisser quelques pattes policières pour sortir les deux jeunes gens de prison, et en avant pour un beau mariage. Tout est bien qui finira bien: Sofia l'aura, son beau mariage! somptueusement maquillée et parée, portée sur un palanquin comme une impératrice chinoise, sous les youyous des femmes dans leurs caftans de cérémonie, broderies et pierreries.... son père (l'excellent Faouzi Bansaïdi) deviendra, lui, chef d'entreprise, au lieu de gagne-petit.... Tout est bien (sauf peut être du point de vue de Lena la moderne): fin d'un cynisme absolu (ne ratez pas un échange de regards....), qui n'est peut être d'un faux nez du désespoir.
A ne pas rater!