La carrière de Carl Théodor Dreyer fut aussi longue que ses œuvres furent rares : quatorze films en cinquante ans et une place à part dans l'histoire du cinéma. Réalisateur perfectionniste et d'une rare exigeance, il incarne, avec Erich Von Stroheim, l'auteur radical, se singularisant par un refus total de toutes concessions. Il est à ce titre le précurseur des Kubrick et autres Malick, portant haut l'idée d'un cinéma qui est tout sauf futile. Le cinéma comme une religion et l'acte de mettre en scène vécu comme un véritable sacerdoce. Dans le fond même de son cinéma, Dreyer était un mystique obsessionnel, cherchant désesperemment la présence du divin sur la terre des hommes, comme le chercheront de la même manière de nombreuses années plus tard, les deux autres grands mystiques du cinéma que sont Pasollini et Abel Ferrara. Dreyer a réalisé avec "La passion de Jeanne d'arc" un film véritablement unique, choisissant d'aller vers l'épure, les visages de souffrance cadrés en gros plan faisant quasiment offices de seuls décors. Décadreur génial, il construit son film de manière à exprimer une sorte d'effondrement, à la fois physique et mental. Le résultat est réellement impressionnant par la violence qui est ainsi suscitée. Enfin, et ce n'est pas le moindre des atouts, on découvre peut-être pour la première fois ce que peut vouloir dire "le don de soi" pour un acteur. Maria Falconetti est à ce point habitée par le rôle-titre qu'on ne parvient plus à différencier véritablement ce qui relève de la souffrance intérieure feinte et incarnée, du tourment que l'on part puiser trés profondément au fin fond de ses propres traumas. Un film aussi difficile et exigeant que fondamentalement incontournable.
C'est un film exceptionnel !! Je viens de le voir, et sérieusement, il est génial. Il y a beaucoup de gros plans, mais ce n'est pas gênant car le jeu de Falconetti est juste extraordinaire !!
Alors je ne m'y attendais pas, mais ce film reprend exactement le même sujet que celui de Bresson, dans le procès de Jeanne d'arc… Adorant le Bresson et n'ayant pas aimé (par manque d'intérêt) un des Dreyer que j'avais vu, Vampyr en l'occurrence, je me suis demandé comment Dreyer allait s'en sortir.
Ce qui est incroyable c'est à quel point les deux films sont différents… La différence entre deux films c'est bel et bien la mise en scène.
Si les deux films suivent précisément les minutes du procès de Jeanne d'Arc, l'un va jouer la sobriété à l'extrême, pendant que l'autre va faire rouler des yeux ses acteurs tout en regardant le ciel… (deux trucs que j'adore) Et puis qu'est ce que ça me parle comme sujet, savoir si on possédé par le malin ou bien envoyé de dieu, avec tout l'aspect religieux qu'il y a derrière… C'est simplement génial.
Je ne saurai dire lequel des deux films je préfère, (bon en cherchant bien c'est peut-être quand même le Bresson) mais qu'est ce que c'est bien…
La mise en scène de Dreyer est simplement géniale, les contre plongées magnifiques sur Jeanne D'arc entrain de pleurer et puis la musique (bien qu'elle ne soit pas choisi par Dreyer par l'éditeur de DVD criterion) qui vient renforcer cette beauté. Par contre on sent bien que la musique n'a pas été composée pour le film, mais peu importe c'est tellement beau…
C'est vraiment un très grand film, peut-être mon film muet préféré. Sublime de bout en bout, La passion de Jeanne d'Arc est un chef d'oeuvre, émouvant, beau, très beau…
Et grand dieu qu'est ce que j'aime les films sur la passion.
Un véritable chef d'œuvre du cinéma muet, remplis d'émotions et réalisé a la perfection ... Rythmé par une Bande Son absolument exceptionnelle, le film nous envoute complètement et nous laisse bouche-bée, si bien qu'on a pas l'impression d'assister a un film, mais directement au procès de Jeanne d'Arc ! Le film a beau etre tres ancien, filmé en noir et blanc de qualité évidement moins bonne que ce qui a été fait plus tard, et etre un film muet, on y assiste avec passion ! C'est un film tres beau et émouvant, magnifiquement interprété (a retenir tout particulièrement, l'excellent Michel Simon) ! Quand au fait que ce soit un film muet, deja en temps normal je m'en fiche, mais la c'est passé avec une fluidité impressionnante, les intertitres sont courts et espacés, placés stratégiquement de manière a transmettre les émotions essentiellement grâce au visuel, c'est franchement intéressant (notamment le passage génial où l'ont peux lire clairement sur les lèvres de Maria Falconetti un "Oui" bien distinct, qui n'as pas eu besoin de texte pour etre compris...). Sincèrement Magnifique.
La Passion de Jeanne D'Arc est un film muet magnifiquement réalisér par Carl Theodor Dreyer ( Vampyr ). L'histoire raconte les dernières heures de Jeanne D'Arc, qui va de son ignoble procès jusqu'à sa terrible mort au bûcher. La mise en scène du réalisateur de Vampyr, qui est très souvent filmée en gros plans, est extrêmement émouvante, grâce aussi à l'interprétation incroyable de Renée Falconetti qui est inoubliable dans le rôle de la pucelle d'Orléans. De plus, la photographie de Rudolph Maté n'a pas prit une ride et fait de cette version de Jeanne D'Arc, un des meilleurs films français de cette époque. A redécouvrir d'urgence.
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4,5
Publiée le 5 novembre 2019
Classique incontestè du muet, "La passion de Jeanne d'Arc" de Carl Theodor Dreyer fait parti des grands films des annèes 20! Le film fut rèalisè en France à la fin de l'èpoque du muet, c'est à dire au moment où celui-ci atteignait son apogèe! Dreyer nous fait ressentir avec force la sublimation du personnage de Jeanne par sa force religieuse, ce qui donne une vision à la fois artistique et humaine de la souffrance, de l'angoisse d'un être en contradiction avec les moeurs et les idèes de son èpoque! L'oeuvre tend donc à dènoncer les mauvais traitements, physiques et moraux, dont l'être humain a ètè l'objet à travers l'histoire! Dans le film de Dreyer, les gros plans prèdominent et le rôle de Jeanne est interprètè de façon magistrale par Marie Falconetti qui reste de très loin la Jeanne d'Arc par excellence! De plus, Dreyer a su dègager l'essentiel: la foi et la souffrance de Jeanne que Falconetti nous envoie comme un uppercut! Voilà pourquoi, après plus de trois quarts de siècle, en dèpit de sa forme archaïque, "La passion de Jeanne d'Arc" garde pour un public averti toute sa force et toute sa grandeur...
Un peu à reculons, j'y ai été, c'est vrai, voir ce classique du cinéma : Un muet de 1928, aie, je vais me morfondre, mais bon, je pourrais dire, je l'ai vu ! je pourrais frimer devant la galerie à l'occasion (sans doute jamais, vu mon entourage proche, que j'adore, mais qui se fout du cinéma comme de l'an quarante)! Et bien non, On ne s'ennuie aucunement. On est vite captivé par tous ses visages stupéfiants; vite embarqué dans les tourments intérieurs de Jeanne. Un vrai chef d'oeuvre, donc, qui reste, et restera, de portée universelle, malgré le passage du temps : comment juger la folie douce, folie capable de soulever des montagnes et d'emporter les coeurs, mais aussi de ridiculiser les tenants de la soi-disante vérité. Dreyer, tenant sa caméra avec une une retenue remarquable, pose le dilemne en répondant en Artiste, seule manière possible.
«La Passion de Jeanne d'Arc» (1928) est l'un des films les plus beaux et les plus bouleversants de toute l'histoire du septième art. Et j'abonde dans le sens des commentaires les plus élogieux qui ont été écrits à son sujet. C'est l'un des quelques chefs-d'oeuvre que j'emporte à coup sûr sur mon île déserte. Mais il est hors de question pour moi d'avoir à choisir entre cette merveille et cet autre joyau que constitue «Le procès de Jeanne d'Arc» de Bresson. Les deux films ont un point de vue radicalement différent et sont à ce titre rigoureusement complémentaires. Alors que Bresson choisissait d'exalter le verbe en portant toute son attention sur les paroles de Jeanne, la présentant au passage dans toute sa force face à ses juges retords, Dreyer fait lui le choix de mettre l'accent sur le sacrifice de Jeanne, très explicitement mis en parallèle avec la Passion du Christ. Ce n'est pas un hasard si le titre du film de Bresson mentionne le procès alors que celui de Dreyer désigne la passion. Le film du français s'adresse d'abord à l'intelligence et, s'il émeut, c'est par le détour des paroles elles-mêmes, tandis que le film du danois touche très directement l'affectivité, le sens de l'émotion étant éclairé par les symboles et par les intertitres. Relevant d'une esthétique ouvertement expressionniste, la mise en scène de Dreyer est prodigieuse et donne lieu à une véritable symphonie de gros plans, suggérant la morgue, la colère, la haine, la pitié, la fièvre, l'angoisse ou la douleur par des angles de vue tous plus insolites les uns que les autres. On a tout dit notamment sur l'expression à la fois douloureuse et extatique du visage de Falconetti, qui dit simultanément, et avec la même conviction, la peur de la mort et l'abandon à Dieu dans l'amour. Notons enfin qu'on visionnera si possible le film avec l'oratorio de Richard Einhorn qui met très adéquatement les images en valeur. Mais l'oeuvre de Dreyer est un monument que tout cinéphile doit en tout cas avoir vu!
Contrairement à Bresson, Dreyer dégage à merveille les enjeux capitaux du procès de JdA. L'intensité de Falconnetti dans son interprétation de la pucelle est insurpassable. Montage nerveux, gros plans et angles de caméra inédits, le film fut une bombe cinématographique, et il est l'un des piliers qu'a transcendé Welles dans son Citizen Kane. Un choc.
Une référence. Il faut reconnaître que le talent de Carl Dreyer est incontestable, mais il n'est presque rien comparé à celui de Renée Falconetti ( sa prestation est plus qu'extraordinaire ). Une larme coule, un regard implore, une lèvre tremble : c'est la parfaite incarnation de la souffrance au cinéma, sublimé par un enchaînement de gros plans. Même si le jeu de l'actrice peut sembler outré de prime abord, il n'en est rien, d'autant plus qu'il s'agit d'un film muet. Cela dit, la première partie du film de Dreyer est parfois ennuyante et répétitive, mais cette sensation est nécessaire pour montrer le caractère pesant, pénible du procès de Jeanne D'Arc. La dernière demi-heure tient du prodige, on ressent immanquablement la torture que les ecclésiastiques infligent à la Pucelle d'Orléans. Un film majeur dans l'histoire du cinéma muet, une oeuvre exigeante mais qui s'avère salutaire pour les amoureux du cinéma. Excellent, et ce malgré quelques erreurs de rythme. A voir absolument car c'est un incontournable.
Pour moi, c'est le meilleur film historique de tous les temps. Même s'il est muet, on apprend beaucoup de choses et on s'indigne du calvaire de celle que l'on appelait "La Pucelle d'Orléans", qui fut bien injustement montrée du doigt. La mise en scène est absolument précise et parfaite, quant à la prestation de Renée Falconetti, elle est définitivement inoubliable... Je n'ai pas regardé ce film depuis un certain temps tellement il est émouvant (voire éprouvant) et impressionnant. Pour public averti.
Le Jeanne d'Arc de Bresson fait figure de vidéoclip aux artifices pénibles et navrants. Celui de Carl Dreyer est remarquable de justesse et d'émotions purs.Une lecon de cinéma. Voir ce film en 2007 nous rappelle cruellement qu'a notre époque nous avons perdu le sens de l'image et de la symbolique. Celle qui est universelle. Ce drame aurais pu etre réalisé aujourd'hui tant les acteurs sont convaincues et convaincants. Évitant le jeu et les tics théatrale propre a l'époque. Une restauration irréprochable.Un film a conserver dans sa collection a tout prix...