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Mathias Le Quiliec
65 abonnés
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4,0
Publiée le 9 septembre 2013
Magnifique noir et blanc d'époque, le plus beau film de ce fin de siècle avec le Sunrise de Murnau. L'ampleur historique en plus, Jeanne d'Arc prend aux tripes malgrés l'interprétation limité de son actrice pricipale (au regard mémorable). Pas besoin de faire un résumé, tout bon français fan de cinéma se doit de voir ce film. Tristement culte.
Le sujet me semblait tout désigné pour Dreyer : Jeanne d'Arc. Parce que la figure de Jeanne d'Arc est on ne peut plus passionnante dans l'Histoire de France, et pour saisir son personnage, on ne peut pas passer à côté du mysticisme qui l'entoure, même en la traitant de façon historique, la légende qui entoure Jeanne d'Arc est un élément à prendre en compte. Et puis Dreyer, c'est quand même un mec qui a fait pas mal de film sur le fait religieux, et le voir sur ce personnage me semblait assez intéressant. Alors ce que j'aime le moins dans ce film, c'est son actrice principale, pour moi j'ai l'impression qu'elle grimace (habitudes du muet, certes) tout du long et ça me gène complètement dans l'émotion. Heureusement, la mise en scène et la musique permettent de remporter le tout. Intéressant.
Je ne connaissais Dreyer que via son film Vampyr qui ne m’avait pas follement passionné mais qui était d’une puissance formelle vraiment incroyable. Malheureusement je dois dire, il en va de même pour La Passion de Jeanne d’Arc alors que j’espérais vivement être terrassé par ce film. Pourtant une nouvelle fois encore, sur un plan purement artistique, c’est génial. Tourné presque à la manière d’un film parlant, la forme est d’un dynamisme assez hallucinant pour un muet notamment au niveau du découpage qui crée un rythme remarquable. Le caméra est majoritairement à proximité des personnages, ce qui resserre l’action à l’extrême et confère au film ce caractère oppressant. Oppressant car le cadre est étroit mais aussi car le film parle du procès d’une femme dont la condamnation a déjà été actée depuis belle lurette. Et on ne parle pas du mythe Jeanne d’Arc ici. On parle bel et bien de Jeanne, la femme, avec ses émotions, son angoisse, sa détresse…
Le film aborde ainsi frontalement l’épreuve ressentie face à une mort certaine dont l’issue inéluctable se rapproche de minute en minute. Le passé glorieux de cette femme semble être si éloigné à mesure que la fatalité prend le pas sur les actes antérieurs. Celle qui était une chef guerrière inespérée est devenue un être fragile, très vulnérable. Et c’est aussi un film sur la foi, sur la manière dont elle empêche une personne de basculer dans la folie. J’ai beau être athée, je trouve que cette illustration est d’une beauté saisissante. Car si une extrême souffrance est perceptible, il subsiste toujours cette étincelle, cette petite dose d’espoir malgré une fin inévitable. On connaît tous celle-ci d’ailleurs et la représentation qu’en fait Dreyer est d’une force visuelle remarquable d’intensité, la conclusion parfaite d’une lente mise à mort.
Je pouvais être véritablement élogieux et totalement adorer le film. Mais je dois dire que l’une des principales qualités du film peut finalement très vite se retourner en faiblesse. Et pour ma part, je n’ai tout simplement pas accroché à l’actrice principale Renée Falconetti. Son jeu est très maniéré. Trop maniéré. Je dois avouer qu’au bout de son dixième regard en l’air avec les yeux vitreux j’en avais assez. Et le fait d’être convaincu par l’actrice m’aurait vraiment impliqué émotionnellement mais là ce n’est pas possible. Histoire de citer l’un des fameux reproches formulés par Bresson, j’ai eu l’impression de voir des pitreries. Me voilà donc particulièrement frustré parce qu’un seul défaut, et vraiment un seul mais de taille, m’a finalement empêché d’être pleinement conquis par le film.
Car il y avait tout pour me plaire. Une mise en scène remarquable d’ingéniosité et d’intelligence avec ce cadre resserré et dynamique. Dreyer nous offre d’ailleurs des plans impressionnants notamment sur la fin, sans compter cette photographie à tomber. L’aspect très austère du film dans ces décors aussi épurés que perturbants m’a également beaucoup plu puisque ça faisait la part belle aux personnages. Mais voilà, il y a ce surjeu de Falconetti qui ne m’émeut pas et m’a sorti d’un film dont je comprends (et partage) la majorité des louanges. Me voilà donc bien déçu malgré le fait que j’ai tout de même vécu une belle expérience de cinéma avec cette oeuvre qui reste l’une des représentations cinématographiques les plus réussies de la cruauté humaine. J’attends cependant beaucoup plus de la version de Bresson.
La stricte éducation luthérienne marque profondément l'oeuvre du Danois Carl Theodor Dreyer. Dans "La Passion de Jean d'Arc", il métamorphose le procès, le martyre et l'exécution de Jeanne en une austère passion médiévale. Conçu pour être dans le silence complet, le film se tient au carrefour de trois mouvements contemporains : l'impressionnisme français, l'expressionnisme allemand et le montage soviétique. Dreyer utilise décors expressionnistes et théâtralise les angled de vues. Sans parler de la performance de Maria Falconetti qui marque le cinéma à la pierre blanche pour son dernier rôle. Elle exprime l'humanité d'une jeune fille par des plans rapprochés, s'imprègnant magistralement de la psychologie du personnage. Chef-d'œuvre.
"La passion de Jeanne d'Arc" est indissociable de la figure christique de Renée Falconetti actrice de boulevard choisie par Carl Theodor Dreyer à la place de Lilian Gish et de Madeleine Renaud d'abord envisagées pour le rôle titre. Depuis la canonisation de Jeanne d'Arc en 1924, Dreyer envisageait de porter sa vie à l'écran. Il est accueilli en France par le duc d'Ayen vice-président de la Société Générale de Films qui lui propose le manuscrit de Joseph Delteil Prix Femina en 1925. La confrontation du réalisateur avec Renée Falconetti lui intime la conviction que c'est le martyr du procès de Jeanne qui sera le mieux à même de faire suite à la canonisation toute récente de la combattante d'Orléans. Dans des décors minimalistes conçus par Hermann Warm déjà présent sur "Le cabinet du docteur Caligari" de Robert Wiene en 1920, Dreyer se concentre presque exclusivement sur les visages dont l'expression est travaillée par l'usage intensif de gros plans empruntés à l'esthétique de Griffith et d'Eisenstein. Renée Falconetti complètement habitée par ce rôle qui creusera le tombeau de sa carrière à seulement 36 ans (elle se suicidera en 1946 à Buenos Aires) est de tous les plans en alternance avec ceux de ses juges qui expriment de manière violente et répulsive la hargne d'une l'institution pour laquelle l'issue finale ne fait aucun doute. Représentée telle une piéta, l'actrice n'exprime que douleur et angoisse face au déferlement de haine qui lui fait face. Malgré tout lucide jusqu'au bout et fidèle à son idéal quand Jeanne comprendra la manipulation que représentent ses aveux arrachés par un subterfuge inique, elle retrouvera son âme de combattante pour affronter le bourreau. On retrouve dans "La passion Jeanne d'Arc" la glorification de l'idéal durement châtié chère à Dreyer qui ne cessera de l'exposer jusqu'à son dernier film "Gertrud", incompris du public au contraire de "La passion de Jeanne d'Arc" qui fut un triomphe malgré les coupures imposées par la censure. Depuis le film est devenu un classique incontournable dont les différentes ressorties au gré des nouvelles copies retrouvées ont toujours fait l'évènement. Parmi les juges outre la fine fleur de la Comédie Française de l'époque ont retrouve pour de courtes apparitions Michel Simon et Antonin Artaud.
Une référence. Il faut reconnaître que le talent de Carl Dreyer est incontestable, mais il n'est presque rien comparé à celui de Renée Falconetti ( sa prestation est plus qu'extraordinaire ). Une larme coule, un regard implore, une lèvre tremble : c'est la parfaite incarnation de la souffrance au cinéma, sublimé par un enchaînement de gros plans. Même si le jeu de l'actrice peut sembler outré de prime abord, il n'en est rien, d'autant plus qu'il s'agit d'un film muet. Cela dit, la première partie du film de Dreyer est parfois ennuyante et répétitive, mais cette sensation est nécessaire pour montrer le caractère pesant, pénible du procès de Jeanne D'Arc. La dernière demi-heure tient du prodige, on ressent immanquablement la torture que les ecclésiastiques infligent à la Pucelle d'Orléans. Un film majeur dans l'histoire du cinéma muet, une oeuvre exigeante mais qui s'avère salutaire pour les amoureux du cinéma. Excellent, et ce malgré quelques erreurs de rythme. A voir absolument car c'est un incontournable.
Lorsque Bruno Dumont met en scène Jeanne d’Arc, il en fait l’incarnation de la grâce. Carl Theodor Dreyer, lui, recherche l’inverse : on le voit scruter le visage de Maria Falconetti pour en extraire la douleur suprême, cette même douleur tout entière contenue dans le titre : la passion. Se tient là quelque chose de surréaliste, une œuvre abstraite dont l’ambition est d’embrasser non pas l’historique mais la souffrance atemporelle. Le dépouillement des décors sert ainsi à focaliser l’attention sur les corps qui s’y meuvent ou qui y souffrent : les intérieurs sont blancs, ont l’allure d’un hangar pas vraiment achevé ; l’extérieur mobilise un pittoresque léger, comme dégagé des pesanteurs exigées par une reconstitution historique en bonne et due forme (que rejette d’ailleurs Dreyer). Aussi fascinant que pénible, le film assume une esthétique du choc où les conflits – qu’ils soient de l’ordre de la parole, du mouvement ou du silence – construisent lentement une condamnation hallucinée qui permet au sacré et au cauchemardesque de s’entremêler. Puisque l’argumentation des ecclésiastiques repose sur la distinction entre Dieu et Satan, suivant une dialectique de la foi véritable – qui s’avère donc immuable – et de l’hérésie contagieuse – elle mobile –, Dreyer renverse la polarité en filmant les religieux avec des mouvements de caméra proches de la glissade, de la chute ; au contraire, Jeanne est souvent captée de façon statique, la seule animation de son corps traduisant la constance de sa foi. Ou comment changer, par les procédés du cinéma, la pucelle en martyr. La Passion de Jeanne d’Arc, c’est un supplice cinématographique des plus somptueux et pertinents : véritable essai artistique, le film se déploie dans un inconfort grandissant, jusqu’à déchaîner un chaos de figures, de flammes et de fumée qui transforme la Terre en Purgatoire et dessine, en creux, l’image d’un ciel absent que les âmes gagnent pour la paix et l’éternité.
He bien pour un film muet, j'ai pas trouvé ça terrible. Il y a bien deux trois scènes où on peut se dire que la réalisation est bonne... Mais pour le reste, ce n'est vraiment pas terrible. Il y a beaucoup trop de gros plans, on en perd l'interet émotionnel de celui-ci. Surtout pour Jeanne d'Arc. On ne la voit quasiment que en gros plan, du coup on a que des gros plans émotionnel... Alors que le film a des moments plus fort et moins fort. On manque de contraste. Le film est un classique par son sujet et son ancienneté, mais si on ne prend que le film lui même, en oubliant le contexte du film... Il est pas si terrible, et beaucoup de film de l'époque était bien plus réussi.
Probablement l'évocation la plus marquante de Jeanne d'Arc au cinéma. L'interprétation de Renée Falconetti dégage une vraie puissance émotionnelle. Cette "Passion" fait référence à celle du Christ. Dreyer décrit ici une souffrance individuelle, une âme tourmentée. Son style qu'il appelait "mysticisme réaliste" est ici à son zénith. Chef-d'oeuvre.
Les mots me manquent pour rendre compte de la beauté, de la force, de la perfection de ce long métrage! «La Passion de Jeanne d'Arc» est tout simplement l'un des 4 ou 5 plus grands films muets, si ce n'est le plus grand. Tout, absolument tout y est bouleversant : la virtuosité absolue de Carl Thedor Dreyer, l'interprétation déchirante de Renée Falconetti, le texte du procès de Jeanne d'Arc... Robert Bresson tirera d'ailleurs de ce dernier un film tout autant réussi (un peu plus subtil mais moins fort esthétiquement parlant), s'appuyant exclusivement dessus et épurant son art à l'extrême. Dreyer quant à lui prolonge sa puissance et sa portée phénoménales par une mise en scène qui ridiculise quasiment tous ses successeurs : comment faire du cinéma après lui? Comment créer quelque chose d'aussi inouï? La réponse paraît bien faible au regard de l'intensité de l'oeuvre de Dreyer : les artistes qui ont su l'égaler se comptent sur les doigts de la main. Vraiment, je reste encore sous le choc... Dès 1927 tout était dit (ou presque). Chaque plan est d'une beauté à couper le souffle, chaque mouvement de caméra étonne par son audace, chaque geste s'avère d'une harmonie confondante, chaque regard nous transperce... Et dire que Dreyer réalisera encore 3 ou 4 films de cet acabit par la suite! Je ne peux que vous inviter à vous plonger corps et âme dans ce film, l'un des seuls à être véritablement indispensable! Un chef-d'oeuvre terriblement émouvant, l'un des plus grands du XXe siècle tous arts confondus. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
« La Passion de Jeanne d’Arc » n’est aucunement un biopic sur la Pucelle d’Orléans. Il s’agit d’une œuvre exclusivement centrée sur son procès de Rouen, par des ecclésiastiques français à la solde de la perfide Albion. Cependant, on est autant dans le film judiciaire que dans le cinéma religieux. Car il ne faut pas oublier que Jeanne d’Arc fut canonisée en 1920, soit peu avant la sortie du film. Si le titre n’était pas assez évident, on assistera donc à la fois à une condamnation injuste et à la représentation du martyr d’une sainte. La douleur physique et psychique est clairement ce qui ressort du film. Après son visionnage, difficile d’oublier l’interprétation hallucinée et tourmentée de Renée Falconetti, en jeune héroïne écrasée par sa foi, et ses tortionnaires hargneux. L’actrice est presque deux fois plus vieille que son personnage (près de 36 ans), probablement pour mieux représenter le lourd vécu de Jeanne d’Arc. Ce rôle est d’autant plus emblématique qu’il sera le dernier à l’écran pour Falconnetti, qui privilégiait les planches à la caméra. On raconte également que le tournage fut un enfer pour elle… C’est aussi la grande intensité de la mise en scène de Carl Theodor Drey qui estomaque. Les décors en béton sont très austères, les maquillages presque absents. Mais le réalisateur utilise beaucoup de gros plans, pour faire éclater toute la souffrance de sa protagoniste… et la monstruosité des ecclésiastiques qui la jugent. Ceux-ci sont constamment filmés en contre-plongées cauchemardesques, et avec un éclairage qui souligne leurs défauts physiques (boutons…). Avec en prime une séquence finale de bûcher au chaos infernal. Et plusieurs détails bien vus. Des références religieuses évidemment, ainsi qu’un clin d’œil amusant : le casque des soldats anglais en gros plan ressemble beaucoup à celui des troupes britanniques des années 1920 ! Quant au scénario, il est apparemment basé sur le vrai procès de Jeanne d’Arc, très documenté. Et apporte là encore des réflexions sur la foi et l’Eglise. Le film sera d’ailleurs allègrement censuré à sa sortie, et pendant longtemps la version complète fut jugée perdue. Jusqu’en 1981, où une copie de la version originale fut retrouvée, en Norvège, dans… un asile psychiatrique !
Un film historique et un film d'anthologie également, mais pourtant un film assez peu enclin à nous émouvoir. Une sur-utilisation, voire une abondance de gros plans qui veut bien sûr exprimer la douleur de Jeanne, et du côté des bourreaux, montrer leur arrogance et leur "certitudes". Mais le procès nous happe et l'actrice est effectivement une incarnation assez impressionnante. Film austère (en plus d'être muet)
A l’opposé des boursouflures baroques d’un Cecil B. de Mille, Carl Th. Dreyer adopte un style entre le réalisme allemand et la blancheur immaculée d’Eisenstein. Concentré sur le visage douloureux de Jeanne, la mise en scène semble minimaliste. En fait, à chaque vision de « La Passion de Jeanne d’Arc », il apparaît que la réalisation est hissée techniquement au niveau de celle des plus grands par la précision du travail de mise en place, de la sophistication des plans et mouvements de caméra. En repartant des minutes du procès le maître danois présente une œuvre centrée sur une frêle jeune femme d’à peine dix neuf ans, fragile et apeurée, mais volontaire et courageuse. Fille de Dieu, elle désarme les perfides questions pièges d’un clergé vendu aux anglais, par des réponses désarmantes de simplicité et de sincérité. Pour incarner ce choix exalté de la foi, à l’opposé d’une reconstitution juridique précise et glaciale, après avoir pensé un moment à Lillian Gish, Dreyer choisit une actrice du théâtre de boulevard : Renée Falconetti dont ce sera le seul grand rôle parmi ses trois apparitions au cinéma. Certes, elle est trop âgée pour le rôle, mais l’intensité de son jeu est telle, qu’elle embarque tout dans un torrent émotionnel dont la puissance fut rarement égalée au cinéma, des premières minutes, jusqu’à la fin horrifique sur le bûcher. Cette direction d’acteur superlative, fut obtenue au prix de maltraitances, fruits de l’exigence tyrannique du cinéaste. Elle éloignera Mlle Falconetti du septième art à tout jamais. Considéré à juste titre comme un chef d’œuvre du cinéma muet, « La Passion de Jeanne d’Arc » se place aux côtés des œuvre majeures d’Eisenstein et Lang. La version Criterion, entre autres, bénéficie de l’oratorio de Richard Einhorn, accompagnement musical idéal de ce joyau.
Encensé par la critique, considéré comme le plus beau film réalisé sur Jeanne d'Arc, cette "Passion" ne déçoit pas tant Falconetti semble habitée par le rôle de la Pucelle d'Orléans. Dreyer s'attache aux minutes du procès, mais va plus loin encore dans la dramatique, mettant en scène la réaction de ses juges, parfois leurs doutes, leurs craintes ou leurs sarcasmes. Dreyer fait de l'histoire avant tout, et c'est en cela une belle réussite. Toutefois, le film, à mon sens, n'atteint pas les sommets du "Jeanne d'Arc " de Bresson, épuré et puissant, oubliant l'histoire pour plonger au cœur de l'âme tourmentée de son héroïne.