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    Rojo
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    traversay1
    traversay1

    3 560 abonnés 4 859 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 juin 2019
    Rojo, le troisième long-métrage du jeune cinéaste argentin Benjamin Naishtat, se situe au milieu des années 70, quelques mois seulement avant le coup d'état qui mènera à la dictature militaire. La première scène, dans un restaurant, est sidérante de violence contenue, principalement verbale, et donne le ton d'un film aussi fascinant que parfois déroutant dans son déroulement. Si le principal thème narratif tourne autour de la personnalité d'un avocat provincial, imbu de lui-même et capable de médiocres vilenies pour conserver son statut social, Rojo surprend par son climat étrange, voire absurde, où beaucoup de moments s'éloignent de la trame principale, tissant une sorte de toile destinée à nous faire comprendre quelle était l'ambiance, délétère, de cette période de l'histoire argentine. L'avocat, comme beaucoup de ses congénères de la bourgeoisie aisée est le socle sur lequel le futur gouvernement va pouvoir instaurer l'état d'urgence et se livrer aux pires exactions. Muette et les yeux fermés, trop heureuse que l'on ne se préoccupe pas de sa propre corruption, cette classe sociale est la complice idéale des militaires au pouvoir. En reprenant la grammaire du cinéma politique américain des années 70, celle des Lumet, Coppola ou Borrman, Rojo stylise au maximum ce thriller à combustion lente qui a des allures de psychanalyse sociale. Certains trouveront sans doute l'exercice un peu vain mais le soin apporté par Naishtat à son image et à ses musiques, notamment, fait de Rojo un objet étonnant et original, qui tranche avec un cinéma contemporain qui prend bien peu de risques sur les plans visuels ou narratifs. Sans doute parle t-il davantage au public argentin et à ceux qui ont vécu cette époque mais il n'en est pas moins fort excitant pour la rétine et pour l'esprit.
    Yves G.
    Yves G.

    1 455 abonnés 3 482 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 4 juillet 2019
    En Argentine, dans les années 70. Marié, père de famille, Claudio (Dario Grandinetti, aperçu chez Almodovar) est un notable local. Il exerce sans scrupules la profession d'avocat.
    Un soir, une altercation l'oppose dans un restaurant à un inconnu. Les deux hommes se retrouvent à l'extérieur de l'établissement. Le face à face tourne au drame.

    Le cinéma latino-américain, d'Argentine ("Kóblic"), du Chili ("Mariana") et même de l'Uruguay ("Compañeros"), est obnubilé par les années de la dictature, comme le fut longtemps le cinéma français par l'Occupation. Il y a un article à écrire sur la façon dont il revisite ce "passé qui ne passe pas" - voire un article de "cinéma comparé" sur la manière différente dont les cinémas latino-américain et français le font.

    Avec "Rojo", le jeune réalisateur argentin Benjamin Naishtat puise aux sources de cette veine cinématographique là. "Rojo" rappelle en effet "L'Histoire officielle" de Luis Puenzo, un film qui connut un succès international (prix d'interprétation féminine à Cannes, Oscar du meilleur film étranger), moins à cause de ses qualités intrinsèques que parce qu'il était le premier à lever le voile sur la dictature argentine au lendemain de son renversement. L'Histoire officielle avait pour héroïne une enseignante qui avait traversé sans tracas la dictature et qui lentement prenait conscience des mensonges de "l'histoire officielle" qui lui avait été servie et qu'elle servait à ses élèves.

    "Rojo" choisit lui aussi de filmer la dictature - ou, plus précisément, les mois qui la précèdent - du point de vue d'une famille bourgeoise provinciale et ordinaire. Il n'y est ni question des événements politiques qui se déroulent à Buenos Aires, ni, comme souvent dans les films sur cette période, des tortures infligées aux adversaires du régime. Si l'on ignore tout du sujet en entrant dans la salle, on pourrait tout à fait le voir sans comprendre son contexte. Sans doute un spectateur argentin, qui a baigné dans cet environnement, ne s'en laisserait-il pas compter.

    "Rojo" n'est pas sans qualités qui réussit à diffuser un climat anxiogène sans montrer aucune scène de violence, sans que soit proférée aucune menace. "Rojo" relève la gageure de filmer la disparition, c'est-à-dire le creux, l'absence, par exemple en montrant - c'est le tout premier plan, muet, du film - une maison vidée de ses meubles (fuite précipitée de ses habitants ? ou main basse de la police sur les biens laissés par une famille qu'on vient d'arrêter ?).

    Mais, à force d'abstraction, d'ellipses, de non-dits, "Rojo" étouffe tout sentiment, nous égare et nous plonge dans une profonde catalepsie. J'ai vu le film hier soir et je suis incapable de me souvenir de ses dernières images. Signe de l'Alzheimer qui me gagne ou défaut structurel d'un film auquel je suis resté désespérément étranger ?
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 30 septembre 2023
    Un film cense se passer dans les annees 70, à l'aube du coup d'etat argentin: atmosphere bien rendue, on s'y croierait ! Apres, on se perd un peu entre scenes inutiles, mise en scene statique et lenteur assumée. Dommage car l'intepretation est plutôt reussie, mais le scenario s'egare entre polar assumé et denonciation politique un brin lourdingue.
    desiles ben
    desiles ben

    30 abonnés 204 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 juillet 2019
    Un film qui montre que l'on ne bascule pas du jour au lendemain dans la barbarie, mais par glissements progressifs, non-assistance à personne en danger, malversations aux dépens de personnes disparues, perte progressive de la valeur de la vie humaine, sentiment croissant d'impunité. Ce film montre l'horreur qui s'infiltre dans les interstices, derrière une façade d'apparente normalité. L'atmosphère est particulièrement bien rendue.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 355 abonnés 4 167 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 juin 2019
    Dans le thriller argentin, Dario Grandinetti incarne un avocat imbu de sa personne qui n’hésite pas à répondre à l’insulte d’un homme dans un restaurant. Cette sentence publique aura des répercussions plus tard dans la soirée et même plusieurs mois après. A 33 ans, Benjamín Naishtat présente une œuvre déroutante et brillamment maîtrisée. Le cinéaste prend son temps à installer un certain malaise où chaque moment d’absurdité tout peut exploser à tout moment. Les comédiens insufflent une psychanalyse inquiétante à leurs personnages pour mieux faire transparaître leur noirceur intérieure. « Rojo » dresse un portrait original de l’Argentine paranoïaque des années soixante-dix.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    selenie
    selenie

    6 218 abonnés 6 178 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 juillet 2019
    Le film démarre avec un prologue prenant, mais, malheureusement, ce prologue est aussi trop peu plausible et trop peu cohérent pour convaincre ce qui hypothèque toute implication sur le récit futur. Seconde désillusion, corruption ou répression, ébullition politique et crise sociale, tout n'est qu'effleuré voir survolé à tel point qu'on ne ressent trop peu l'ambiance brûlante et/ou sous tension qui devait être omniprésente, même si sous-jacente. L'atmosphère est digne des meilleurs thrillers politiques, et si on se détache d'un récit auquel on a bien du mal à adhérer, on se prend toutefois au minimum au jeu surtout à partir de l'entrée du détective dont on ne sait rien, ni de lui ni de son enquête, mais qui instaure une véritable tension.
    Site : Selenie
    Jean-Pierre Jumez
    Jean-Pierre Jumez

    95 abonnés 222 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 juillet 2019
    Je n’ai pas effectué un seul mouvement durant le film. Mon fauteuil m’est sûrement reconnaissant.
    En revanche, là-haut, je voyais la tête qui s’agitait s’interrogeant manifestement sur un scénario apparemment décousu. Paula a ses règles, Susanna doit faire ses besoins d’urgence, un ado est enlevé…
    En fait, ce film n’est pas une histoire, c’est un climat.
    Le détective privé est d’ailleurs l’incarnation véritable de l’angoisse.
    Mais l’éclipse solaire évoquée dans le film tombe à pic : c’est la veille de la sortie du film (le 2 juillet 2019) qui a eu lieu la seule éclipse solaire de la décennie en Argentine !
    velocio
    velocio

    1 299 abonnés 3 134 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 juillet 2019
    Benjamin Naishtat, né en 1986, est un jeune réalisateur argentin dont l'avenir apparait très prometteur. "Rojo" est son 3ème long métrage. Bien que né après la période durant laquelle l'Argentine a connu une dictature atroce, il est particulièrement intéressé par cette période et ce qui l'a précédée. Il a très précisément situé son film à un moment charnière : 1975 : antérieurement au coup d'état du 24 mars 1976, mais postérieurement à celui du 11 septembre 1973, au Chili, ce qui revêt une certaine importance dans la mesure où un détective chilien joue un rôle important dans le film. "Rojo" peut donner l'impression d'être un peu "foutraque", de partir dans tous les sens, mais en fait le réalisateur fait preuve d'une grande maîtrise dans la conduite de son récit. En fait, le réalisateur raconte, avec beaucoup de force et d'humour, l'histoire d'un homme qui, pour lui, est représentatif de la tranche de la population argentine sur laquelle la dictature va pouvoir s'appuyer. Au point de vue formel, Benjamin Naishtat a choisi de rattacher son film au cinéma des années 70, prenant particulièrement modèle chez Lumet, Boorman, Peckinpah et Coppola. Dario Grandinetti, l'interprète de Claudio, est en tous points excellent (C'est lui qui était l'interprète de Jorge Mario Bergoglio, le futur pape François, dans "Le pape François" de Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana) tout comme le grand comédien chilien Alfredo Castro, acteur fétiche de Pablo Larrain.
    war m
    war m

    29 abonnés 447 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 4 juillet 2019
    Rojo est un film globalement moyen qui est sauvé par son rythme et quelques scènes sympa Sans surprise, d'accord, mais assez bien troussé
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 174 abonnés 4 169 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 juin 2020
    Très peu connu en France, le jeune réalisateur argentin Benjamin Naishtat est considéré comme un prodige dans son pays. Avec "Rojo" son troisième long métrage, il affirme à 33 ans un caractère bien trempé, doublé d'une maitrise formelle des plus prometteuses. Sur le mode du thriller ironique et grinçant, il plonge le spectateur dans les prémisses de la déliquescence d'une nation et de tout un peuple qui vont se laisser entrainer dans l'avènement d'une dictature sanglante née du coup d'état du 24 mars 1976 et s'achevant pitoyablement par la sinistre aventure de la guerre des Malouines en 1983. La triste gloire du "Processus de réorganisation nationale", nom que s'était donné la junte militaire au pouvoir, atteindra son apogée avec l'organisation de la Coupe du monde de football en 1978 marquée par le déroulement de certains matchs dans un stade où quelques semaines auparavant étaient torturés puis exécutés des opposants au régime. Les choses politiques n'ont jamais été simples en Argentine. La mort du général Juan Perón en 1974 va encore compliquer la donne. Sa femme Isabel qui lui succéda se montrera très vite dépassée, préférant se placer sous la coupe de son ministre des affaires sociales José Lopez Ortega qui dirigeait alors directement l'organisation criminelle Triple A (Alliance Anticommuniste Argentine). C'est dans ce contexte d'incertitude et d'angoisse que Benjamin Naishtat place son thriller qui n'est en fait qu'un prétexte utile pour dénoncer toutes les petites bassesses et coups tordus qui agitent la classe bourgeoise quand elle sent les choses vaciller sans qu'elle ne sache exactement de quel côté il lui faut se situer. Graphiquement placé dans les années 1970 et recyclant une partie des codes des grands thrillers paranoïaques américains des Lumet, Pakula et Pollack dans un contexte plus quotidien, le film écrit par Naishtat lui-même, s'ouvre sur une scène de pillage aux allures benoites dont il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'elle dénote un profond dérèglement des valeurs et des institutions. Claudio, avocat et notable de sa petite ville, remarquablement interprété par Dario Grandinetti, sera justement le symbole choisi par Naishtat d'une bourgeoisie qui s'aveugle tout en profitant du climat d'angoisse générale pour conforter sa position sans faire beaucoup de cas des principes moraux et de la loi. L'intrigue pourra paraitre à certains un peu décousue, le scénario étant émaillé de saynètes tantôt drolatiques, tantôt étranges ou anodines visant à faire ressentir au spectateur le malaise social profond qui déclenche les comportements individuels anachroniques exposés en entame du film. Malgré cette éventuelle réserve qui émane d'un choix radical de Naishtat pouvant dérouter, "Rojo" atteint son but de mettre le doigt sur le contexte propice qui précède nécessairement la naissance des régimes autocratiques. Naishtat rappelle via le personnage du détective Sinclair interprété par l'acteur chilien Alfredo Castro, aux faux airs d'Al Pacino que chacun doit se sentir concerné avant que le pire n'arrive. Une démonstration salutaire à l'efficacité redoutable.
    Loïck G.
    Loïck G.

    334 abonnés 1 670 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 novembre 2019
    Comme une parabole sur la montée du fascisme, de la dictature à travers l’évocation de ce notable parfait qui imbu de sa notoriété imagine échapper au système. Ce qu’il réussira d’ailleurs à faire grâce à la complicité de celui qui était logiquement en charge de sa mise en demeure. Le laissant à sa liberté, il le contraint de la même manière à se soumettre désormais à son autorité. Celle de l'Etat tout puissant... L’affaire se passe en 1975 en Argentine. Un an plus tard un coup d’état viendra balayer les illusions du peuple … AVIS BONUS Un moyen métrage en forme de parabole historique sur l'unification de l'Argentine. Très particulier, mais excellent
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    Mathieu H.
    Mathieu H.

    23 abonnés 290 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 avril 2020
    "Rojo" est un thriller politique qui nous plonge dans les heures sombres de l'Argentine, alors minée par les exactions des troupes de la AAA, et dans un contexte de préparation d'un coup d'Etat militaire. C'est dans ce contexte que le film s'ouvre avec une saveur de lutte des classes, entre les "laissés pour compte" et les notables (avocats, médecins, intellectuels...). Ces sont ces oppositions qui conduisirent à la méfiance mutuelle, à la "chasse aux rouges" et à la génération de la corruption ou des cooptations, et c'est sur ceux qui se retrouvent à les pratiquer (le monde agricole, les bourgeois ruraux) que s'appuiera le nouveau régime. Ces personnes apparaissent alors comme trop préoccupées par leurs problèmes d'argent ou les bénéfices à en tirer et leur sens moral s'abaisse. Benjamin Naishtat pose un regard acerbe sur ces pratiques, instillant habilement ce climat de méfiance (ou de défiance) et de peur, à l'aide d'images magnifiques. Même si le film perd par moments le sens dans son récit ( spoiler: l'épisode de l'éclipse notamment
    ), il n'en est pas moins bien ficelé et arrive sans sourciller à sa morale : l'opposition de deux cultures politiques.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    120 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 août 2020
    Claudio a de grandes idées. Il est avocat, d'un certain âge, et confiant dans sa position sociale. Quand il fustige avec de belles paroles bien mûres le cuistre mal léché qui vient de lui chiper sa place de restaurant, sa tirade fait croire à l'essai philosophique : les gens ne sont pas responsables de comment on les a éduqués. Le cuistre, atterré par cette condescendance, se suicide.

    Les plans se succèdent et tirent le film d'un genre vers l'autre : soulignant ses moments les plus sensibles avec des slowmotions qui semblent vouloir avertir l'Argentine que son temps est compté, il vire du drame à l'insouciance assez vite pour constituer un millefeuille où l'on attend bêtement que le drame ressurgisse. Là, le film se disperse un peu : il y a quelque chose de mondain dans la manière qu'il a de chercher la variété, quoique l'esthétique est présente. À trop vouloir noyer le poisson, à la fin il se casse.

    Pendant ce temps, le pays traverse la crise existentielle qui amènera la dictature. Se gargarisant de soigner les relations avec les hermanos Américains, il est en train de donner une conscience politique à son peuple sans le faire exprès : peut-être le pays n'est-il finalement pas issu de l'exemplarité. Peut-être la civilisation sud-américaine n'atteint-elle pas l'équilibre entre force et sensibilité – pas plus que le film dont les procédés sous lesquels on coupe l'herbe pendouillent parfois un peu puérilement.

    Toutefois, le millefeuille a le mérite de s'écrouler et la gangue de superflu dénude enfin l'utile. On rappelle au spectateur que, derrière cette foule de beaux moments qu'il a subie (parfois avec plaisir, parfois moins), se jouait une question qui attend toujours sa réponse : qui est responsable de ce monde et de ce qu'il s'y passe ? La tirade de Claudio au cuistre, aussi juste qu'elle sonnât, n'était-elle pas porteuse du vice hégémonique que la dictature se proposait justement de nettoyer ? Avait-il raison de ne pas se sentir responsable de son suicide pour la raison que son sort était de toute manière scellé par son éducation ?

    Naishtat apporte ses réponses à ces questions : pour lui, l'Argentine se sent soudain coupable de s'être sentie supérieure, et par conséquent le besoin de s'avilir par le fascisme, ce rouge de la violence et du sang qui lui serviront à se châtier. Dans un tel monde, plus personne n'est responsable de ses actes, car il s'agit d'une descente aux Enfers collective dont le délit n'est qu'un symptôme (ça, le détective s'en rend compte le premier).

    Quant à Claudio, il n'est donc effectivement pas responsable, mais pas du fait que son éducation, sa position et son âge lui conféraient la supériorité sur son prochain : plutôt du fait que, contrairement à ce qu'il croyait, il n'était qu'un rouage dans la machine nationale. La vraie mondanité, c'est la philosophie : trêve de questionnements, place à la simplicité de la dictature. Les idées de Claudio, en fait, étaient bien petites.

    → https://septiemeartetdemi.com/
    montecristo59
    montecristo59

    39 abonnés 288 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 août 2019
    Benjamin Naishtat semble être un grand pessimiste pour ce qui concerne la mentalité argentine, qu'il dissèque sans aucune complaisance. Le pessimisme en tout cas suinte de chaque minute de cette tranche de vie d'une famille bourgeoise, qui tend à nous montrer une société toute prête à laisser s'installer une nouvelle dictature militaire : mépris de classe, hypocrisie, vénalité, égoïsme forcené, opportunisme sans scrupule, même des jeunes semblent contaminés jusqu'à pouvoir, par exemple, se laisser aller à régler dans le sang (impunément !) de simples rivalités amoureuses. Tout en demi-teintes, suggestions floues ou métaphores illustrant les disparitions qui ont marqué la dictature (comme dans une scène de cabaret, quand un magicien escamote une jeune fille) sauf dans l'introduction qui tranche par son caractère trépidant et démonstratif, le film est construit en deux parties et le titre -surprise !- n'envahit l'écran qu'après le premier quart d'heure. La deuxième partie du film, longue, très (trop?) longue, s'oppose, par son rythme délibérément nonchalant, à cette intro speedée qui installait une ambiance de thriller. C'est comme si Naishtat avait voulu faire la différence entre les inadaptés au régime, ceux qui protestent et meurent vite, et la majorité des autres, ceux qui survivent en se taisant, en faisant semblant, en se faisant une place à force de compromissions silencieuses... Pour combler les lacunes de ma culture historique j'aurais aimé une plongée plus précise dans le marasme politique annonciateur du coup d'état de 76, le putsch qu'un protagoniste annonce d'ailleurs à la fin du film, chuchotant la nouvelle à l'oreille de son "ami" (si tant est que l'amitié fût envisageable à cette époque...). Mais il aurait fallu beaucoup plus de temps, ou même un autre film tant sont complexes les remous consécutifs au péronisme, j'imagine !.. L'apathie, ou plutôt l'inhibition et le silence complice de tout un peuple prêt à subir sans protester, aurait pu de ce fait s'expliquer par la peur. Mais cette inertie serait peut-être passée au second plan, alors qu'elle me paraît précisément être le sujet de ce film très déprimant.
    Kubrock68
    Kubrock68

    42 abonnés 1 261 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 mai 2021
    Un avocat se retrouve mêlé à une enquête sur la disparation d'un notable. Le film se passe en argentine dans les années 70, l'image, les décors en sont l'illustration. Le film assez envoutant et un peu destructuré, on ne voit pas ou il veut aller mais cela n'est pas gênant. C'est l'atmosphère et les acteurs qui comptent. Le jeune réalisateur est talentueux c'est sûr, la scène d'ouverture en est la preuve la plus évidente. A découvrir
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