Le synopsis n’a rien de glamour et d’attrayant et pourtant… C’est l’histoire de Beshay, 40 ans, lépreux mais guéri (mais qui en porte encore les stigmates invalidants sur son visage et ses mains), sans enfants, qui décide,
après la mort de sa femme, en hôpital psychiatrique
, de retrouver sa famille (originaire de Qena, en Haute-Egypte, à 60 km de Louxor, sur la rive droite du Nil et à 3 jours de route) qui l’a abandonné enfant lors du diagnostic de lèpre. Un orphelin, Obama, (
surnommé ainsi en raison de sa couleur de peau mais qui s’appelle Selim, est copte et d’origine nubienne
) décide de l’accompagner. Ils progressent véhiculés par une charrette (où tout ce que possède Beshay, est entassé), tirée par un âne, Harby. C’est un « road movie » où leur route est parsemée d’embuches :
rejet par les biens portants qui ont peur de la contamination, spoliation par d’autres pauvres, mort de l’âne, compétition et entraide avec d’autres marginaux handicapés (tels un nain et un cul-de-jatte, ancien chauffeur routier, victime d’un accident). Ces derniers, rejetés de tous, tiennent le coup car le jour du jugement dernier (Yomeddine en arabe), les handicapés et les autres, seront tous égaux.
Un superbe film, très émouvant, jamais misérabiliste, dans la lignée de « La monstrueuse parade » (1932) de Tod Browning et d’ « Elephant man » (1980) de David Lynch, parfois drôle (
scène de l’évasion d’un commissariat avec un intégriste musulman
) et excellent documentaire sur la pauvreté en Egypte, plus efficace qu’un long discours ou que certains films intellectualisés comme ceux de Bergman ou Kaurismäki.