Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Bernard D.
111 abonnés
613 critiques
Suivre son activité
1,5
Publiée le 6 juin 2018
Je sors déçu de « Trois visages », le dernier film de Jafar Panahi dont « Taxi Téhéran » sorti en 2015 m’avait déjà laissé perplexe. L’introduction est très « speed » avec une vidéo cri d’appel d’une jeune villageoise, Marziyeh, qui veut devenir comédienne mais qui bien que reçue bien classée à un concours à Téhéran (on se demande a retro comment elle a pu d’ailleurs y accéder) est « séquestrée » par sa famille et sa future belle-famille pour qu’elle ne devienne pas une « saltimbanque », tout le village la jugeant comme une « écervelée » ». Elle a donc pu envoyer une vidéo angoissante à une comédienne iranienne fort connue – Behnaz Jafari – qui arrive à convaincre Jafar Panahi d’aller la sauver dans un petit village perdu au fin fond des montagnes. Le début du film part– c’est le cas de le dire – sur les chapeaux de roue … mais on s’enlise rapidement dans des plans très longs nous faisant bien comprendre le décalage culturel qui existe entre le star-système de Téhéran et la campagne profonde où dans un grand paradoxe vu sa profession Behnaz Jafari est reconnue par toutes et tous et adulée ; une campagne où l’omerta vis-à-vis des étrangers est flagrante avec une cohésion intra-villageoise très forte ; une campagne où il faut parler tantôt le Turc tantôt le Persan pour se faire comprendre … Certes on comprendra que ce film soit une critique du recul de la culture de ce grand pays avant la révolution, et une critique de la non-évolution de la société iranienne profonde avec des lois sectaires (éducation, mariage …), des lois propres à chaque vallée voire chaque village … mais ce road-movie s’enlise trop rapidement pour in fine n’aboutir à pas grand-chose et en passant par de longs hors sujets (l’histoire du taureau étalon mourant ; l’importance après la circoncision de faire enterrer le prépuce par un « parrain » dans un endroit qui déterminera le futur du jeun impétrant …). Behnaz Jafari rayonne dans ce rôle où elle développe toute son énergie et ses doutes pour essayer de sauver Marziyeh contrairement à Jafar Panahi qui pour ma part est plutôt passif et un tantinet narcissique. Un film qui contrairement à sa bande annonce alléchante, est très long qui n’apporte pas grand-chose de réellement neuf et pour ma part si ce film a reçu le prix du meilleur scénario à Cannes, c’est plus pour des raisons politiques que cinématographiques puisque Jafar Panahi est toujours assigné à résidence dans son pays.
L’actrice de séries iranienne Behnaz Jafari, reçoit sur Instagram, une vidéo d’une jeune admiratrice, vivant dans un village reculé mais ayant cependant réussi l’admission au Conservatoire de Téhéran, et se trouvant face à l’hostilité de sa famille et des villageois qui la jugent écervelée. Dans sa vidéo elle met en scène son suicide…Behnaz Jafari, bien que s’interrogeant sur la réalité de l’acte est bouleversée et convainc le réalisateur Jafar Panahi de l’accompagner dans ces montagnes azéries au nord ouest du pays…le robuste Mitsubishi Pajero a remplacé le taxi de Taxi Téhéran, mais c’est toujours dans sa voiture que le réalisateur se trouve en sécurité…après une longue route (pour le spectateur un peu aussi !!!) qui se termine par des pistes défoncées, les deux visiteurs sont reçus avec méfiance par les montagnards …"On a cru que vous veniez résoudre nos problèmes", s'étonne un des habitants », mais Behnaz Jafari est reconnue par les femmes et les jeunes et se retrouve confrontée à sa notoriété…Panahi imagine une intrigue entre trois femmes appartenant à trois générations, l’une Shahrzad, ancienne gloire du temps du Shah, interdite de tournage depuis la Révolution qui s’est réfugiée dans ce village perdu, et vit dans une grande précarité au abords du village qui la considère comme une paria… on ne la verra pas mais on la devinera et on l’entendra lire un poème, l’autre Behnaz Jafari, connue parce actrice de séries et dont la notoriété est venue jusqu’à ces villages perdus…la troisième incarnant le futur de l’Iran, la jeune Marziyeh Rezaei, dont la vocation d’actrice est entravée par les siens…Elle reçoit le même qualificatif d’écervelée que Shahrzad… Cela permet à Jafar Panahi de slalomer habilement entre les enjeux de la condition de la femme, de la domination masculine, incarnée entre autre par le frère de la jeune Marziyeh, écumant comme un taureau furieux alors que la région excelle dans l’élevage des reproducteurs…un vieux paysan continue de vouloir enterrer le prépuce de son fils dans un lieu qui leur portera bonheur…Quand on pense que Jafar Panahi est officiellement interdit de tournage, de sortie du territoire ( c’est sa fille qui recevra son Prix du Scénario à Cannes) et sous la menace d’une peine de prison que pour le moment la justice n’a pas fait exécuter… qu’il doit se débrouiller avec des budgets et du matériel réduits…on ne peut être qu’admiratif devant ce road movie d’une incroyable poésie, semé de rencontres toutes aussi pittoresques les unes que les autres, dans des paysages d’une aridité incroyable…
Film en deux parties : la première construite autour d'une intrigue qui se dénoue à la moitié du film. La deuxième qui ressemble un quasi documentaire sur certaines traditions rurales iraniennes. La contradiction Puissance des réseaux sociaux vs Ruralité ne fonctionne pas vraiment, puisque aucune contradiction ou opposition réelle n'en ressort. Film à voir comme un documentaire mais qui aurait gagner à développer la première partie pour assurer une tension dramatique jusqu'au bout.
Ce film est spécial et ennuyeux. Beaucoup de remplissage avec des scènes inutiles mettant en scène des villageois. L'histoire est quelconque. Seul intérêt à mes yeux : l'interprétation de l'actrice principale.
Un film très fort. sous des apparences de simplicités, le scénario offre une critique des traditions rurales, avec une ironie piquante ( on ne peut même pas en rire)...Les paysages bucoliques, les troupeaux de moutons, le taureau en travers de la route, les cil de sacs dans la poussière, sont là pour condamner les mentalités rurales. On quitte la poésie à proprement parler pour contrairement au Pangloss du Candide de Voltaire, dire que les choses vont mal. Panahi manie le montage comme un virtuose, quand on sait qu'il fait du cinéma de contrebande, les paysages, les personnages presque amateurs, sont pénétrants et dévoilent toute la profondeur d'un Iran désenchanté.....Ici aussi le calme est amer....le silence aussi, certains deviennent fous (scène admirable de démence avec le frère de la jeune fille). C'esp pour moi un film brillant, qui veut faire bouger l'Iran ( religion, coutumes, agriculture) et qui le fait avec une grande subtilité.....Décidément ce réalisateur même dans l'ombre de la politique ne cesse de briller et d'affirmer un cinéma exemplaire.....Bravo
Panahi joue sur tous les tableaux à la fois : le drame, la comédie, le documentaire, le road movie, etc. Grâce à une pointe d’absurdité et son grand sens de l’humour, le cinéaste transmet au spectateur de multiples émotions tout en les informant sur la situation de l’Iran rural. Enfin, il faut noter que sans de grands moyens et avec principalement des plans-séquences, Panahi donne de l’ampleur à son histoire. Bref, un coup de maître !
Toujours assigné à résidence dans son pays, toujours sous le coup d’une interdiction de réaliser des films, le réalisateur iranien Jafar Panahi arrive toutefois à nous proposer régulièrement des films et on ne peut qu’être bluffé par l’inventivité dont il fait preuve pour contrebalancer les conditions de tournage certainement très difficiles auxquelles il doit faire face. Présenté en compétition à Cannes 2018, son dernier film, "Trois visages" s’est vu décerner le Prix du scénario, écrit par Jafar avec Nader Saeivar, ex-aequo avec "Heureux comme Lazzaro", écrit par sa réalisatrice, Alice Rohrwacher. C’est à sa fille Solmaz, exilée en France, qu’a été remis le prix lors de la cérémonie de clôture. A mi-chemin entre fiction et documentaire, "Trois visages" est un film d’une grande richesse, un film qui, au travers de trois personnages d’actrices appartenant à des générations différentes, évoque avec humour, tendresse et nostalgie les difficultés qu’a toujours rencontrées le cinéma iranien.
Le cinéma iranien est de plus vivant et dynamique et nous le devons en partie à Jafar Panahi, réalisateur de « Taxi Téhéran ». Sélectionné en compétition officielle de Cannes 2018, son « Trois Visages » commence avec la vidéo d’une adolescente qui sollicite l’aide d’une célèbre actrice iranienne avant de se suicider. Elle prend alors la route dans le village de la jeune fille avec son ami réalisateur pour comprendre s’il s’agit d’un fait ou d’une manipulation. En effet, certains éléments de la vidéo tournée avec un téléphone portable laissent supposer une entourloupe. Le film réside alors dans la recherche de la petite fille morte ou vivante. Si nous restons simple spectateur, nous sommes tout de même entièrement captés par la petite enquête. Une fois la quête à la vérité terminée, les séquences deviennent anecdotiques et empruntent un ton plus léger voir drôle. « Trois visages » nous surprend par sa construction minimaliste. Le comédien et réalisateur est de nouveau enfermé dans sa voiture et témoigne ainsi de sa passion de filmer malgré de son interdiction de tourner en Iran, de quitter le territoire et de s’exprimer dans les médias depuis 2011. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com