L’actrice de séries iranienne Behnaz Jafari, reçoit sur Instagram, une vidéo d’une jeune admiratrice, vivant dans un village reculé mais ayant cependant réussi l’admission au Conservatoire de Téhéran, et se trouvant face à l’hostilité de sa famille et des villageois qui la jugent écervelée. Dans sa vidéo elle met en scène son suicide…Behnaz Jafari, bien que s’interrogeant sur la réalité de l’acte est bouleversée et convainc le réalisateur Jafar Panahi de l’accompagner dans ces montagnes azéries au nord ouest du pays…le robuste Mitsubishi Pajero a remplacé le taxi de Taxi Téhéran, mais c’est toujours dans sa voiture que le réalisateur se trouve en sécurité…après une longue route (pour le spectateur un peu aussi !!!) qui se termine par des pistes défoncées, les deux visiteurs sont reçus avec méfiance par les montagnards …"On a cru que vous veniez résoudre nos problèmes", s'étonne un des habitants », mais Behnaz Jafari est reconnue par les femmes et les jeunes et se retrouve confrontée à sa notoriété…Panahi imagine une intrigue entre trois femmes appartenant à trois générations, l’une Shahrzad, ancienne gloire du temps du Shah, interdite de tournage depuis la Révolution qui s’est réfugiée dans ce village perdu, et vit dans une grande précarité au abords du village qui la considère comme une paria… on ne la verra pas mais on la devinera et on l’entendra lire un poème, l’autre Behnaz Jafari, connue parce actrice de séries et dont la notoriété est venue jusqu’à ces villages perdus…la troisième incarnant le futur de l’Iran, la jeune Marziyeh Rezaei, dont la vocation d’actrice est entravée par les siens…Elle reçoit le même qualificatif d’écervelée que Shahrzad… Cela permet à Jafar Panahi de slalomer habilement entre les enjeux de la condition de la femme, de la domination masculine, incarnée entre autre par le frère de la jeune Marziyeh, écumant comme un taureau furieux alors que la région excelle dans l’élevage des reproducteurs…un vieux paysan continue de vouloir enterrer le prépuce de son fils dans un lieu qui leur portera bonheur…Quand on pense que Jafar Panahi est officiellement interdit de tournage, de sortie du territoire ( c’est sa fille qui recevra son Prix du Scénario à Cannes) et sous la menace d’une peine de prison que pour le moment la justice n’a pas fait exécuter… qu’il doit se débrouiller avec des budgets et du matériel réduits…on ne peut être qu’admiratif devant ce road movie d’une incroyable poésie, semé de rencontres toutes aussi pittoresques les unes que les autres, dans des paysages d’une aridité incroyable…