« Sibyl » avait toutes les chances d’être une réussite rien que par la présence de Virginie Efira qui avait été brillante et étonnante entre les mains de Justine Triet, lorsqu’elle avait tourné « Victoria », film enfin différent, intelligent et original !
Si le titre est encore une fois un prénom, cette deuxième réalisation ne semble pas pour autant avoir la même force, et donc le même impact...
Il est pourtant certain que Virginie Efira assure véritablement et encore en tant qu’actrice principale; son jeu s’est précisé et a gagné en maturité, en gravité...
De plus, le film démarre très bien avec une idée plutôt bien trouvée qui annonce une histoire dont le sujet a tout pour paraître pertinent, puisque une psychanalyste va s’approprier le vécu d’une de ses patientes dans un but totalement impensable, et surtout interdit dans le cadre de la déontologie du soignant !
De l’avocate en pleine déroute, on entre donc ici dans un autre genre de problématique plus particulière, qui intrigue tout autant.
Mais là où le bât blesse très vite, tient à ce montage nerveux au demeurant bien fichu et très en adéquation avec la personnalité de Sibyl, mais qui donne lieu également à quelques imprécisions, voire à une incompréhension dans la perception de la chronologie, la vie alternant avec les souvenirs bruts de décoffrage sans aucune notion de temps !
Si bien qu’entre des sentiments exacerbés très palpables lors de moments décisifs, et ces flashbacks révélateurs et très fréquents qui viennent perturber Sibyl, on perd un peu de tension dramatique ainsi qu’une logique narrative évidente.
Tout se mélange sans doute dans cette tête qui se cherche, mais un peu dans la nôtre aussi en tant que spectateur.
Et même si on suit avec intérêt la psychanalyste dans son projet d’écriture, en comprenant bien sa démarche et tout en observant son dérapage annoncé, on finit donc un peu par lâcher prise de temps à autre.
Sa personnalité complexe est cependant parfaitement analysée avec des failles bien visibles qui décrivent une personne en quête de reconnaissance, fragilisée et fragile, mais toute cette démonstration se perd malheureusement dans un scénario assez brouillon.
Scénario qui en fait un peu trop en terme de situations farfelues aux rebondissements un peu trop insensés pour être complètement crédibles, jusqu’à quelques scènes ou personnages franchement dispensables !
Heureusement la fin recentre habilement avec plus d’acuité et de vérité, les enjeux de cette histoire en mettant l’héroïne face à elle-même, au sein d’une remise en question assez touchante par sa résonance on ne peut plus juste, quant au sens que l’on cherche à donner à sa vie...
En effet la réflexion qui s’en dégage à propos du rapport fiction/réalité, en est d’ailleurs que plus évidente ici, tout en étant universelle pour chacun !
À partir d’une idée judicieuse et prometteuse, cette réalisation passe donc par des étapes un peu trop tortueuses et compliquées, pour arriver à un très beau final qui à lui seul, vaut le détour.