La loi des séries après « Le Bonheur » d’Agnès Varda, « L’amour l’après-midi » d’Eric Rohmer.
Le point commun à ces deux films : le personnage principal masculin joue avec sa vraie femme dans le film et celle-ci compte, après ce film partagé avec son homme à la ville, qu’UN FILM !
Il faut dire que les vraies épouses jouent relativement mal ! J’exagère à peine ; une filmographie, si tant est le mot est approprié, une expérience cinématographique dirais-je plutôt, famélique.
Ce qui m’amène tout naturellement au deuxième point commun : la direction d’acteurs.
Quelle direction d’acteurs ?!
Quand c’est professionnel (Drouot pour « Le bonheur » ou Verley « L’Amour l’après-midi » ), ça passe ; mais quand c’est amateur, c’est insupportable.
Et puis c’est offenser l’amateur, car il y a des amateurs qui jouent très bien. Seulement, si les non-professionnels jouent mal, la faute en revient à une direction d’acteurs inexistante !
Agnès Varda comme Eric Rohmer se contentent de très peu. Les actrices récitent plus qu’elles n’incarnent mais à défaut d’incarner - c’est réservé top niveau -, au moins jouer… Elles ne jouent pas, elles récitent en s’efforçant de mettre le ton. Ce ton est artificiel. D’où ce ton souvent monotone.
Les secrétaires de Frédéric par exemple dans « L’Amour l’après-midi » sont du même acabit ; il en est de même du type que rencontre Frédéric au moment où ce dernier déjeune aux alentours de 14h. Que cet acteur joue mal.
A sa décharge, est-il vraiment acteur ? Peut-on l’affubler du titre acteur ? C’est peut-être un personnel du film à qui on a demandé de jouer pour le fun.
Un passant ? Un client du restaurant ?
Affligeant ce manque de rigueur !
Exemple récent : "Albatros" de Xavier Beauvois, il fait jouer des non-professionnels, des gendarmes et un agriculteur. Ecoutez la diction, l'intonation, rien à voir avec ce que fait Rohmer ! Et Agnès Varda dans "Le bonheur".
On peut en trouver des amateurs ou non-professionnels qui sont bien dirigés. Le jeu n'est peut-être pas mirobolant, mais on est loin de ce ton monocorde, chantant, récitant insupportable.
A leur décharge, ces acteurs, actrices non-professionnels ne sont pas gâtés car ils doivent débiter un texte à caractère littéraire. Ce n’est pas facile de le rendre fluide, comme sait le faire Bernard Verley sous les traits de Frédéric dans « L’Amour l’après-midi ».
Ben moi, désolé, quand ça joue mal, j’ai du mal à rentrer dans le film, ça me démange aux entournures, je n’ai qu’une hâte : le générique de fin.
Eh oui, il est très rare que j’abandonne un film. Je bois le calice jusqu’à la lie !
Je suis méchant me direz-vous, je le concède.
Françoise Verley, l’épouse de Bernard Verley qui interprète Hélène épouse de Frédéric ne s’en sort pas trop mal mais ça démange quand même. On ne la voit pas trop, tant mieux.
Malgré l'ennui, je reconnais que les réflexions mentales de Frédéric me parlent. Il m’est arrivé de me poser le même genre de questions sur la femme qui partage depuis de longues années ma vie, pourquoi elle et pas une autre, prendre plaisir à regarder les femmes sans arrière pensée, à regarder les couples, à les imaginer dans leur intimité sans pour autant avoir de pensées graveleuses ; et d’autres réflexions posées par Frédéric.
Le film tourne trop en rond en ce qui me concerne avec cette Chloé (Zouzou) même si la fin emprunte une issue pas si prévisible que ça.
Un bon point.
Voilà pourquoi, je vais être clément dans ma note ; les réflexions de Frédéric et cette fin m’amènent à penser que Rohmer maîtrise bien la condition humaine à défaut de maîtriser le jeu des acteurs non-professionnels !