Cela faisait assez longtemps que je voulais voir ce film, et puis j’étais toujours saisi d’un doute. Mes ambitions étaient telles pour ce film que j’avais vraiment envie d’adorer, que je craignais d’être nécessairement déçu !
Et ben finalement, très belle incursion dans le cinéma de Wong Kar Wai ! In the Mood for Love est un sublime métrage, tant sur le fond que la forme.
Sur la forme c’est juste énorme. Les plans sont systématiquement d’une grande simplicité et d’une beauté, d’une recherche incroyable. Le réalisateur fait un boulot assez hallucinant, rendant, notamment, merveilleusement la claustrophobie des personnages, et offrant un spectacle d’un lyrisme et d’une subtilité magnifique. La photographie est magique, les décors eux aussi très simples finalement, très limités, et pourtant de chaque détail il se dégage un sens, une profondeur, une émotion. Rien que dans le travail sur les costumes par exemple on sent une attention de chaque instant. Le tout est bercé par une bande son parmi les plus belles du cinéma, avec certes peu d’originalité au sens strict, puisque le fameux thème principal est une reprise, mais dans la magie d’une musique il y a aussi l’intelligence de son usage, et force est de constater ici que ce thème apporte sa substantifique moelle à la poésie, à la mélancolie et a la clarté du métrage.
Le casting est remarquable lui aussi. Des seconds rôles hauts en couleur, campés par des interprètes convaincus, et surtout, un duo d’acteurs principaux sublime. Tony Leung fait preuve d’une grande sobriété, d’une grande finesse de jeu et d’une classe évidente, et que dire de Maggie Cheung qui bouffe littéralement l’écran quand elle apparait ! Le soin apporté à ses tenues d’ailleurs montre l’évidente volonté de la mettre en valeur, s’avérant d’une beauté stupéfiante et témoignant d’une subtilité de jeu mémorable. Pour tout dire je souligne aussi la magnificence des dialogues. Pour le coup j’ai vu ces derniers temps beaucoup de films qui misaient presque tout sur leurs dialogues, mais autant ici un dialogue est passionnant car écrit au cordeau (celui de la cravate et du sac, purée !), autant dans ces autres films c’était souvent barbant à souhait !
Le scénario enfin est parfait. On peut se dire que ça va faire mal avec cette histoire d’amour qui promet d’être bien convenue, et puis finalement un résultat au top. Je me répète mais là encore si ce film est aussi énorme c’est par sa subtilité d’écriture. In the Mood for Love est subtil, il crée de la richesse, de la profondeur avec presque rien, et que de délicatesse, de non-dits, de poésie aussi. Comme quoi sur une base vieille comme le monde il est possible de faire des choses remarquables !
En clair Wong-Kar-Wai signe un chef-d’œuvre ici, je ne crains pas de le dire. J’avais pourtant d’énormes attentes, mais j’ai eu beau cherché des aspérités, je n’en ai pas trouvé ! Tout est soigné de bout en bout, et on ressort du visionnage heureux d’avoir passé un vrai moment de cinéma devant un film aussi riche et réussi. 5