La morale abjecte, ridicule, qui sous tend tout le film est absolument insupportable, à chaque instant on a envie de gueuler aux personnages : MAIS BAISEZ ENFIN !!! Et non, rien du tout parcequ'on ne veut surtout pas agir contre la morale et tromper son mari, alors qu'on crève d'envie du voisin, alors que son mari nous trompe allègrement, mais non apparemment être une victime a quelque chose de beau, de grand, de noble, respectable ... en en réalité de stupide, puéril, suicidaire.
De l'autre côté ne rien tenter, regarder avec triste romantisme l'amour est aussi quelque chose qui semble beau et grand. Tout cet aspect est malheureusement une intoxication.
Si on laisse cette affreuse morale de côté ...
Le film ne nous livre pas grand chose, mais telle une musique subtile il produit un contrepoint auquel il faut tendre l'oreille pour pouvoir le percevoir, en percevoir la beauté et le sens. C'est très lent, quelque chose fuit, se cache, est pudique dans les images. Jamais nous ne tombons pour autant dans un romantisme pathétique et dégoulinant, tout est dans la retenue, dans la suggestion, dans la lenteur, dans les couleurs. Les paroles sont rares, tout se joue dans le silence et dans cette vibrante musique à laquelle le film doit beaucoup. A la fin, quand rien n'aura été tenté, consommé, quand tout finira dans un sordide et étouffant souvenir, il nous vient finalement un sentiment de nostalgie, on accepte finalement la perte et on perd finalement un peu de notre rancoeur contre la mièvrerie sentimentale qui sous tend toute l'intrigue, on accepte et au final il ne reste plus que la beauté de ce qui nous a été chuchotté, de ce qui n'a pas eu lieu, qui reste en nos mémoires comme un vague songe dont on sent la grande profondeur mais duquel on serait incapable de se souvenir précisément.