"In the mood for love" a été, d'un point de vue personnel, une grosse déception. Tout d'abord, c'est un film qui est censé faire passer des émotions et je dois avouer que je n'ai rien ressenti, ce qui pose déjà un problème ! Ensuite, je trouve très dommage que Wong-Kar-Wai, apparemment très doué pour l'image, n'ait pas construit son oeuvre entièrement autour de cela : il s'est à mon avis, du moins pendant la première partie, embarqué dans certains dialogues inutiles car s'inscrivant dans la banalité et pas du tout percutants. Au lieu de faire passer les sentiments de ses personnages par de simples regards ou lueurs, il leur fait dire des choses sans intérêt. Pour illustrer mes propos, j'ai envie de citer Sergio Leone, qui disait, "qu'aujourd'hui, quand on revoyait "le désert rouge", on ne pouvait s'empêcher de rire malgré toutes les qualités, car les dialogues étaient d'une affligeante banalité. Et on ne peut pas justifier cela en disant que la vie, c'est quelque chose de banal. C'est bien trop léger comme explication". C'est tout à fait ce que j'ai ressenti ici. Je sais, on va me répliquer que cela ne dure que le temps de l'exposition, et qu'après, tout s'envole. Mais non. La deuxième partie, même si elle est beaucoup plus visuelle, sombre dans un faux rythme et dans une répétition certaine de l'utilisation des ralentis. Autant cela pouvait s'appliquer pour la musique (splendide, c'est le gros point positif), autant c'est impossible pour l'ésthétique visuelle car cela témoigne d'un cruel manque d'imagination. Pour finir, il y a certaines séquences fantasmées où on ne sait pas bien ce qui se passe, car plusieures interprétations peuvent être données. Mais était-il nécessaire de montrer explicitement ces dernières ? Je pense que comme tout cela fait partie d'un inconscient, la suggestion aurait été plus appropriée. En fait, cela m'aurait sûrement bien plus intéressé si on s'était rapproché du muet en exprimant tout par l'image, les regards, et les non-dits.