Je poste très rarement des commentaires, mais là je trouve les mauvaises notes injustes. Les mauvais commentaires viennent à mon avis d'un mauvais classement du genre de ce film. C'est un film d'horreur, certes, mais pas au sens classique : il n'est pas destiné à effrayer, l'horreur n'a pas ici pour but de divertir. Et c'est très probablement cette erreur de casting qui a surpris ou déçu certains.
Il raconte juste l'histoire ordinaire d'une ferme faisant de l'élevage, mais où les rôles sont inversés : ceux qui tiennent la ferme (et font commerce de viande, de lait, etc.) sont les animaux (stylisés par des acteurs portant un masque d'animal) et l'espèce élevée est celle des êtres humains.
Il peut y avoir des scènes pouvant paraitre choquantes, brutales, ou de la violence gratuite, mais dès lors qu'on restaure l'ordre "naturel" des choses
(les humains élevant des animaux pour en faire commerce)
on se rend compte finalement que la scène est courante
dans les élevages d'animaux : même si aujourd'hui de plus en plus de voix dénoncent les violences faites aux animaux, la scène où le bébé est tué, arrive tous les jours dans les élevages de volaille par exemple.
De même, pour qu'une vache donne du lait, on lui fait avoir un veau et on la stimule pour qu'elle donne du lait pendant plusieurs mois. (Et on réitère le processus plusieurs années.) Quand elle n'est plus capable d'en donner, elle part à l'abattoir
(rien de plus barbare dans le film que la réalité qu'on fait objectivement subir aux animaux.)
Au final, l'idée de faire incarner des animaux par des êtres humains portant un masque d'animal est une manière aussi de dire que c'est l'homme qui se comporte comme un animal dans tout ça, et que si on nous appliquait les traitements qu'on applique aux animaux, cela nous révolterait par le côté... inhumain. La boucle est bouclée, c'est l'arroseur arrosé.
Deux choses en filigramme : pourquoi un des humains ne porte pas de masque ? Il a l'air d'être le seul un peu "fou fou", en fait il rappelle un chien fou au milieux des "fermiers", froids, calmes, professionnels. Et à mon avis, il incarne justement le rôle d'un chien de ferme : il fait des bêtises, mais finalement certains "éleveurs" le pourchassent, mais d'autres le protègent et ne se formalisent pas plus que ça : ce n'est qu'un "animal" et on ne peut lui en vouloir.
L'autre détail intéressant : pourquoi la scène de l'église, et surtout la scène finale qui lui fait écho (la Cène, je devrais dire). Parce qu'il y a là une autre critique, celle de la religion (chrétienne, ici) : à partir du moment où on prie et qu'on demande pardon, finalement, ce n'est pas bien grave tout ça... on a un lieu où laver les horreurs qu'on fait. Et la cène finale est claire : 13 éleveurs (Jésus et les 12 apôtres).
J'ajoute finalement que je ne suis pas du tout un défenseur acharné et extrémiste de la cause animale, mais le film attaque son sujet d'une manière suffisamment originale pour qu'il mérite d'être défendu, quoi qu'on puisse penser de ce débat.