La première chose qui frappe dans « Wardi », c’est son esthétique particulière. En alternant Stop Motion et animation 2D, le film de Mats Grorud se trouve directement une orientation visuelle prenante et soignée. Il y a de quoi garder l’œil brillant devant l’attention portée sur cette direction, l’animation dans les deux techniques s’avérant prenante et sublime, le tout séparant bien les deux chronologies du film tout en nourrissant également celui-ci d’un point de vue narratif.
Car en plus d’être riche visuellement, « Wardi » l’est tout autant sur le fond. En partant d’un sujet compliqué à aborder avec l’exil des palestiniens suite au conflit toujours aussi tendu entre ceux-ci et les israéliens. Et pourtant, bien que l’amertume du passé nourrisse profondément le long-métrage, cela se fait avec une certaine douceur, rendant le tout plus facile à appréhender pour le public plus jeune qui est visé.
C’est un réel conte qui se dresse devant nos yeux, partant d’un contexte politique brûlant pour aborder la violence du monde sans tomber dans un bellicisme facile et justement plus destructeur encore. Le récit parle ainsi de l’importance de connaître son histoire pour mieux se construire tout en n’ignorant pas la dureté des conflits et de l’horreur que ceux-ci amènent. La justesse de propos et l’humour apporté au tout donnent un charme certain à cette œuvre.
Car « Wardi » est un film à l’animation aussi magnifique que les thématiques sous-jacentes s’avèrent passionnantes. Il y a de quoi nourrir beaucoup d’interrogations au vu des questionnements charriés par le premier film de Mats Grorud. De quoi s’avérer largement recommandable pour allier poétique et politique, douceur et brutalité, conséquences des affrontements et pacifisme, tout en sachant toucher tout le monde.