Sincèrement, en voyant ces plans-séquences de dingue, ce noir et blanc donnant une personnalité folle à l'œuvre, j'ai pensé que « Leto » avait le potentiel pour être sur mon podium, voire plus... C'est vous dire l'effet que m'ont fait ces premières minutes, d'autant que le charme continue d'opérer quelques temps. Libre, indépendant, dressant en creux un portrait répressif d'une Russie ne supportant pas que l'on puisse approuver une quelconque musique venue d'Amérique... Remarquable. Seulement, sans m'en rendre compte tout de suite, j'ai fini par trouver le temps légèrement long et à beaucoup moins m'intéresser, voire à me lasser de cette histoire véridique prenant, quand même, un peu trop son temps. Alors c'est vrai : cela peut aussi apparaître comme un atout. Sincèrement, difficile de savoir précisément comment les choses vont évoluer : souvent subtils, la réalisation et le scénario jouent beaucoup de ça, que ce soit dans les différentes relations entre les personnages ou ces incertitudes qui semblent constamment les guetter. Sauf que sur plus de deux heures, c'est long, au point de me demander combien de temps restait-il bien avant le générique. Reste que ce regard très personnel sur ces vedettes de la scène underground soviétique, traversé par quelques idées assez géniales
(ces clips fantasmés sont juste fabuleux)
, étonnamment imprévisible et volontiers mélancolique, ne peut laisser totalement indifférent, encore moins avec la présence irradiante d'Irina Starshenbaum, dont la beauté presque irréelle apparaît en parfaite harmonie avec le reste. Ce n'est vraiment pas évident pour moi d'écrire cette critique : d'un côté ce n'est pas le cinéma que je préfère, et vous dire que j'ai été captivé pendant plus de 120 minutes serait vraiment mentir, notamment durant la deuxième heure. Mais ne serait-ce que pour cet amour profond du septième art et, bien sûr, de la musique, cette mise en scène si originale, ce noir et blanc si profond, difficile de réellement regretter le déplacement. Une œuvre pas comme les autres, et rien que pour ça, « Leto » mérite d'être salué.