Certains critiques comparent l’extravagance de ce film de Benoît Forgeard avec celle du « Daim » de Quentin Dupieux. Mais autant ce dernier s’aventure du côté de la loufoquerie pure, autant « Yves » propose une histoire à caractère (peut-être) prémonitoire. Des appareils censés être dotés d’une forme d’ « intelligence » sont déjà présents dans notre quotidien. Il n’est donc pas impensable que les humains aient, dans le futur, à leur disposition, des machines quasiment aussi « intelligentes » que Yves.
Car Yves est un appareil, en l’occurrence un réfrigérateur. Lorsque Jérem (William Lebghil) en fait l’acquisition, il le trouve « cool » mais n’imagine pas ce dont il est capable. Derrière cette invention, il y a une start-up nommée Digital Cool, dont la représentante, une jolie jeune femme prénommée So (Doria Tillier), a jeté son dévolu sur Jérem. Celui-ci, garçon plutôt borderline, compositeur et chanteur de rap, lui semble être l’homme idéal pour servir de cobaye. C’est donc lui qui est désigné pour tester le réfrigérateur « intelligent ».
Or, si, au premier abord, Yves paraît être une excellente acquisition, ce n’est que pour mieux gouverner la vie de son possesseur. L’appareil cherche rapidement à s’imposer en s’immisçant dans tous les aspects de la vie de Jérem. Il ne se contente pas de gérer les achats de nourriture, mais il intervient dans tous les domaines. Le comble survient lorsque le réfrigérateur, dont la tâche évidente est de produire de la fraîcheur, se met à inventer des scènes torrides pour satisfaire la supposée libido de Jérem. Ce dernier n’est d’ailleurs pas au bout de ses surprises, car voilà que le réfrigérateur se met même à le concurrencer dans son domaine de prédilection, le rap !
Drôle et inventive, la comédie se révèle irrésistible, malgré quelques baisses de rythme dans la deuxième partie du film. Et, comme toute bonne farce, elle se fonde sur quelque chose de réel et d’inquiétant. Serons-nous un jour les jouets des machines ? La question est posée.