Ou comment foirer totalement un film à partir d'un sujet si porteur*, alors que la connectivité à marche forcée, mais intégrée par les masses se met en œuvre pour dépiauter les populations par un système de nasses communicantes, on ne nous sert qu'une lamentable comédie sentimentale qui cumule les situations grotesques. On se dit à certaines remarques que ça va enfin partir dans le sens de la satire sociétale, un peu comme une lancement d'alerte par le sarcasme ou plus simplement le rire, Mais non, ça s'enlise dans la comédie de boulevard ultra-poussive et très axée grivoiserie dont la France persiste à se faire spécialiste, comme si les auteurs et scénaristes étaient muselés, ou parce qu'il n'y a plus de talent, ou bien parce qu'un postulat de systématisation globale, le décrète, un "divertissement" formaté pour une population béate d’être totalement dépossédée de toute initiative personnelle,
Mais constaté avec l’intrusion d’Internet et de la téléphonie mobile, il n’y a plus rien à raconter, les acteurs faisant de la figuration. Sous peu se sont les marques de smartphones ou les moteurs de recherches qui seront crédités tête d’affiche. Avec ici le rap comme vecteur sonore d’annihilation de la créativité, nihilisme dont se fait écho le concours Eurovision de la chanson pour appareils électro-ménagers "intelligents" en compétition avec des humains, et qui gagnent à la fin. dont on se demande pourquoi on ne leur a pas adjoint un jury et un public du même acabit.
Notre héros est un rebelle en sucre, qui se rend esclave des smart grids uniquement pour avoir de la nourriture gratis. c'est un mouton parfait pour une tonte très ras. So, la chargée de clientèle de la boite qui lui propose le frigo, n'a pas d'autre vie que celle qui débute avec la rencontre de Jérem dès lors qu'il aura du succès par le mérites d'un frigo qui sait superposer des centaines de voies de polyphonies pour faire une balade et napper la voix de Jérem d'autotune. Effectivement quelle créativité!
De même Jérem qui trimballe son frigo partout sur un diable, ce qui n'est même pas ridicule en soi, c'est juste qu'il n'a pas le format portable pour se le coller abjectement aux fesses, un jour qu'il, en assez, ne l'emmène pas à la déchetterie mais préfère le balancer dans un lac.
Détaillons un peu ce frigo qui fonctionne en parfaite autonomie énergétique, qui déconseille de manger des bananes mais pas de fumer toutes les cinq minutes et qui jamais ne propose la réalité de la sauce connectée. Dans son cas, c'est pas la Caf, la banques, le pole emploi, EDF, les services administratifs, les annonces commerciales et les spams en tous genre qui viennent pourrir la vie de Jérem. On dirait que sa mise en réseau n'est faite que d'Instagram, Youtube, Facebook et consorts, bref des applis invasives choisies mais non imposées d'office. Ca perd toute crédibilité mais c'est probablement pour ne pas dégouter le client et le spectateur de toute forme de connectivité .avec son électro-ménager.
On remarquera également dans ce film la béatitude crétine des femmes devant les nouvelles technologies comme si elle ne pensaient pas plus loin que "Génial, tant qu'il n'y a pas d'effort à faire" Et tant pis si la cervelle y passe.
Un aparté à propos de l'actrice principale et/ou du réalisateur, Ils n'ont pas du souvent faire la vaisselle et autrement qu'avec un lave vaisselle parce qu'avec la quantité d'eau, qu'elle utilise - à ras-bord - pour deux assiettes et couverts et le robinet qu'elle laisse couler pour aller s'adonner à une séance de triolisme portes ouvertes avec le frigo, afin de conclure cette histoire. L'économie et l'écologie. c'est pas son souci. Ne pas penser à ça c'est comme signifier via un algorithme imparable que smart-grid et environnement n'ont rien en commun.
Un échange verbal notable – hélas trop court – se tient lors d'un procès totalement acquis à l'invasion de l'intelligence artificielle comme solution finale.
"je préfère rester dans la loose toute ma vie que de devoir mon succès à un frigo" (Jérem)
"Bonjour l'ouverture d'esprit" (Le frigo qu'on appellera "Yves")
Alors que le frigo est totalement formaté par ses routines de programmation, car bien qu'on veuille nous faire admettre qu'il développe une expérience autonome qui enrichit son I.A. il ne s'en tient qu'à des fonctionnalité consensuelles normalisées jusque dans sa vulgarité des propos. Histoire de faire accepter l'idée illusoire d'une IA qui dirigerait la vie du commun comme étant le reflet de lui même.
Dans la même séquence on entend aussi « jeter un frigo comme un chien »
Quelle comparaison scandaleuse d’un objet manufacturé avec un être vivant que l’on dit le plus fidèle ami de l’humain. Ca donne un ordre d’idée du niveau des valeurs colporté par le film/monde actuel. C’est ça l’humour cybernétique ? Minable.
On passera sur l’histoire des « photos volées » par le frigo diffusées sur des tabloïds, cela pour amener une grain de jalousie dans ce ménage à trois. Fait gravissime en soi, mais l’atteinte aux libertés individuelles semble être un dossier clos.
Et la fin est une nouvelle pochade avec la fondation de prise en charge d'appareils ménagers rebelles qui simulent la panne, ça c'est pour donner un semblant de morale, que d’aucuns pensent en réalité totalement réactionnaire à cette histoire.
Alors ce film nécessite-t'il une deuxième lecture? Je ne le pense pas, Il est acquis à une forme d'inéluctabilité dramatique qu'il minimise par la dérision. Prenant le cinéma comme un art sensé me divertir tout en me donnant à réfléchir, Mon désarroi atteint alors des sommets
*Remarque également valable pour le film "Gaz de Frances". Le réalisateur a une bonne idée mais s'avère totalement incapable de la développer en scénario. Du cinéma à la gloire comme au service de la médiocratie donc.