On n’est jamais mieux servi que par soi-même est un adage éminemment connu et le plus souvent vérifiable et vrai. Laetitia Colombani, cinéaste, écrivaine et journaliste, choisit donc d’adapter son propre roman, « La Tresse », au cinéma. C’est certes logique, sa propre vision et l’essence du livre allant être respectée mais niveau réalisation, elle manque de ce qui fait la marque des grands sur plusieurs aspects. En effet, Colombani pare son long-métrage d’une forme très scolaire et assez pauvre. Ce serait un téléfilm qu’on n’y verrait que du feu. Elle se contente d’illustrer ses propres mots sans chercher à créer une quelconque patte visuelle. Pourtant, le récit est éclaté en trois parties distinctes situées à trois endroits différents du globe, ce qui aurait pu autoriser une caractérisation visuelle bien définie pour chacune. Ensuite, tout est trop mécanique : on passe d’une partie à l’autre de manière programmatique et presque trop équilibrée en durée. Inde, Italie, Canada, Inde, Italie, Canada et ainsi de suite... C’est un peu trop figé sur ces points malheureusement et le film y perd en naturel et en surprises.
Ces considérations purement formelles mises à part, on ne peut nier que « La Tresse » soit un très beau film. Un peu larmoyant certes, mais l’histoire s’y prête inexorablement. Si, vers la moitié du film, on saisit ce qui va relier ces trois tranches de vies séparées par des milliers de kilomètres, le chemin pour y arriver est plaisant et on ne voit pas les deux heures que dure le film passer. Les trois parcours se valent même si on aura peut-être une préférence pour la partie canadienne, la plus forte émotionnellement mais peut-être aussi la moins originale, puis celle en Italie pour sa chaleur estivale et son côté romantique. Celle en Inde apparaît peut-être moins captivante mais, de toute façon, l’une ne va pas sans l’autre. Si les seconds rôles ne sont pas toujours justes, les trois actrices méconnues qui incarnent ces femmes de caractère sont exceptionnelles avec une mention spéciale à Kim Raver. Elles font passer une belle palette d’émotions à leurs personnages.
La sublime partition musicale de Ludovico Einaudi accompagne parfaitement le film appuyant les moments les plus beaux ou tristes et accentuant ainsi l’émotion que l’on peut ressentir. Avec « La Tresse » on a aussi droit à du total dépaysement par le voyage que procure chacune des histoires. Et on plonge de plein fouet également dans des cultures et des coutumes aux antipodes les unes des autres. La place de la femme dans chacune d’elle est également prépondérante, de l’intouchable indienne considérée comme une moins-que-rien à la working girl maîtresse de sa vie riche et puissante montréalaise. En cela, cette œuvre a également des vertus instructives. C’est donc un film de contrastes, un film qui fait voyager et un film qui émeut durablement. Après, n’ayant pas lu le livre, difficile de savoir si Colombani a été fidèle à ses écrits mais en tout cas l’adaptation de son best-seller est une belle petite réussite malgré ses défauts visuels. Des défauts que l’on retrouve finalement dans les trois films qu’elle a réalisé (celui-ci et « À la folie... Pas du tout » et « Mes stars et moi »).
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