Alors que la Warner semble perdue pour ordonner son WODC, et que les rumeurs s'accumulent au rythme de fourmis dans une fourmilière, leur DCAU (DC Animated Universe) se montre généreux en bonnes adaptations de comics plus ou moins récents. Et s'il y en a une partie qui se concentre sur les grands comics DC (The Dark Knight Returns, Killing Joke ou l'excellent Year One), l'autre adapte directement les grandes lignes du New 52 (à peu près tous les films Justice League sortis depuis War).
La mort de Superman est à la frontière entre les deux : reprenant à la fois les bases du comics révolutionnaire de Jurgens et Simonson (en omettant de citer toute la pléthore d'autres artistes ayant contribué à son bon succès) et les éléments de modernité du Superman de la Renaissance DC (en plus de la Justice League), le tout forme un mélange étonnamment réussi pour un résultat des plus honnêtes.
Principale qualité du film, son écriture prend enfin son temps pour développer son univers, sa menace, ses personnages; privilégiant une première partie de réelle exposition à tout un film de combats, La mort de Superman fait les bons choix pour créer de réels enjeux à sa conclusion inéluctable, et aurait pu nous offrir une mort mémorable si l'animation et le design des personnages n'était pas de faible qualité.
L'on notera, avant d'attaquer le côté visuel de l'oeuvre, la présence importante d'un Lex Luthor à l’ambiguïté parfaitement retranscrite, et au génie dynamisant pour le film et la suite des réjouissances (Reign of Supermen devrait être fantastique). La relation amoureuse qu'entretiennent Loïs et Clark apporte une dimension dramatique au film, sorte de relation levée contre un destin tragique. Et si l'on regrettera que la fin soit au final annulée, l'ultime combat entre les deux titans (Superman et Doomsday) marquera une nouvelle évolution de l'animation des affrontements dans les OAV super-héroïques.
Détail étrange que voilà : le film est parfaitement animé lorsqu'il nous assène combats sur combats, tentant même des efforts de mise en scène louables, tandis que sa plastique se révèle particulièrement plate sur ses instants d'exposition et de dialogues, penchant parfois même vers la laideur. Toujours trop rigide, les animés DC semblent ne jamais vouloir évoluer au point de finalement régresser; il faudra voir la laideur des personnages figurants en lieu et place de décors, à ne bouger que quand les personnages bougent ou que Superman redescend sur Terre.
On se trouve donc avec un flottement de deux secondes où les figurants resteront plantés là, immobiles, comme des PNJ qui attendraient que le script se lance. A cela vient s'ajouter l'affreux design de certains personnages (les torses en général, mal proportionnés à en éclater de rire, le masque de Flash, trop découpé au niveau des yeux) et des doublages français sans aucun dynamisme (à voir impérativement en V.O.), détails heureusement rattrapés par l'excellent divertissement que constitue l'affrontement titanesque très bien vendu tout du long.
Spectaculaire à outrance, jouissif comme un Man of Steel ou le combat final d'un Batman v Superman (avec lesquels il présente certaines similitudes amusantes), cette pièce du DCAU permet de se détendre et de vivre comme jamais avec un OAV la puissance des coups portés par les super héros, d'avoir peu pour ces mêmes figurants qui meurent à la pelle, et d'au final être surpris par une violence frontale (Suicide Squad : Hell to pay semble avoir joué un rôle dans la balance) donnant encore plus de puissance à ce divertissement à la puissance titanesque mais malheureusement trop imparfait pour qu'on puisse le ranger comme l'un des meilleurs animés DC.
En espérant que sa suite rattrapera ce potentiel légèrement gâché, le divertissement restant des plus agréables. Précisons seulement qu'aux vues du matériau de base adapté, l'on était en droit d'en attendre plus qu'un film fendard et jouissif. A voir néanmoins.