Passion Simple est adapté du roman du même nom d’Annie Ernaux. Un livre qui a marqué Danielle Arbid et qu'elle avait pour habitude d'offrir à tous les gens qui tombaient amoureux autour d'elle. La réalisatrice confie :
"Il faisait un état des lieux parfait, précis et merveilleux de la passion amoureuse. Il en exposait les syndromes, un peu à la manière de George Perec... Même si je ne l’ai lu qu’en Folio des années après, je me souviens très bien d’avoir vu à sa sortie, en 1991, une affiche du beau visage d’Annie Ernaux avec une accroche du style "Une femme amoureuse d’un Russe". Regarder ce visage amoureux, presque vulnérable, fragile, c’était une forme de communication indirecte entre nous deux au point de me demander à quoi pouvait bien ressembler le mien à ce moment-là... car j’avais lu Passion Simple parce que j’étais dans le même état qu’elle."
La romancière Annie Ernaux ne voulait pas intervenir dans l’écriture du scénario, ce qui a été très important pour Danielle Arbid, qui explique : "Annie avait aimé mes précédents films, particulièrement Un homme perdu, qui est un film charnel et accidenté. Grâce à la confiance qu’elle m’accordait, j’ai pu m’affranchir du grand écrivain qu’elle est, parce qu’Annie est une femme libre. Elle ne jouit pas de son pouvoir. C’est ainsi que ma rencontre avec Passion Simple a été la plus libre et la plus décomplexée possible."
Vicky Krieps et Danila Kozlovsky étaient initialement pressentis pour tenir les premiers rôles de Passion simple.
En adaptant Passion simple, Danielle Arbid voulait raconter à quel point tomber amoureux est une chance : "Cette perte absolue de contrôle quand on rencontre quelqu’un, quand on sublime l’autre. Je voulais retrouver la sensation de ma lecture du livre, le souvenir lumineux qui brillait dans ma poche... Réaliser un beau film visuellement et rendre hommage à sa grâce."
Danielle Arbid a cherché à réaliser un film sexuel, filmer des corps représentant pour la cinéaste une manière de magnifier les acteurs : "J’ai besoin de les rendre éblouissants. J’ai un souvenir naïf de quand j’allais au cinéma petite fille et que les acteurs s’embrassaient, je les trouvais encore plus beaux ! J’écris les scènes de sexe de la manière la plus précise possible pour que les acteurs sachent à quoi s’attendre sur le plateau. J’explicite les différentes positions, et avant le tournage je leur montre des photos, des extraits de films... Je choisis aussi des comédiens qui sont à l’aise avec leurs corps, je ne veux pas leur voler quelque chose qu’ils ne veulent pas donner."
Passion simple a fait partie de la Sélection Officielle de Cannes 2020.
Pour le personnage féminin principal, Danielle Arbid a fait appel à Laetitia Dosch. Une actrice indépendante d’esprit et intelligente selon la réalisatrice : "Je n’ai pas voulu exploiter son côté burlesque, girl next door, qu’on avait déjà vu. Je la voyais fatale. J’ai aimé la transformer, la blondir, la faire ressembler quelque part à Annie Ernaux, mais aussi à Catherine Deneuve dans sa période La Chamade, à Gena Rowlands ou encore aux héroïnes de Buñuel. Une belle femme mûre et sûre de ses moyens."
Lorsque Danielle Arbid cherchait quelqu'un pour jouer Alexandre, elle n'est pas parvenue à trouver un comédien russe et s'est alors dirigée vers un acteur allemand. A ce moment, la cinéaste a repensé à une image de Sergei Polunin qu'elle avait découpée d’un magazine anglais il y a plusieurs années. Elle se rappelle :
"Quand j’ai voulu le rencontrer, ma directrice de casting en Russie, m’a répondu : "Mais c’est Dieu, je ne peux pas le trouver !". La star ultime, qui, au sommet de sa carrière, à 20 ans, a choisi de démissionner du Royal Ballet de Londres pour se perdre... Travailler avec Sergei m’a beaucoup aidée à mettre en scène ce fantasme que représente le personnage de A., car Sergei est un homme très respectueux, doublé d’une personnalité complexe et insaisissable. C’était lui l’homme objet du film."