Combat de dames..... au sommet. Qui sera la reine de l'Alpe? Anna ou Anita? Disons Anna, car elle atteint des cimes que peu de soprano peuvent, aujourd'hui, approcher.
Pour le reste, le Met doit concourir pour l'Ig-Nobel de la mise en scène, l'oscar de la kitch-décoration, avec une mention spéciale pour la maquilleuse... Ah le triomphe de Radamès, c'est kek chose! Il y a bien cinq cent mille figurants, plus quatre chevaux, qui tournent sur le plateau. L'un des chevaux qui tirent le char de Radamès semble s'impatienter. Bouge un peu. On rêve alors de quelque chose, d'une ruade qui viendrait déranger ce pompeux -et pompier- défilé. Hélas, rien Cocotte reste sage.
Décors mastocs, une infinité de costumes, souvent beaux, d'ailleurs, pour les prêtres par exemple, pris individuellement (qu'on imagine soigneusement conformes à des sculptures ou des papyrus. M'enfin, dans un opéra où l'on chante les fraîches vallées, les collines verdoyantes et les brises légères de..... l'Ethiopie -les Ethiopiens apprécieront, on ne devrait pas chercher la petite bête....
Les deux dames sont couvertes de pierreries (les esclaves avaient apparemment un coiffeur dévoué à leur personne) mais le costumier s'est particulièrement acharné sur Anita Rashvelishvili. Bon, c'est clair: Anita a encore grossi. Au dessus de son triple menton montserratcaballesque, on a écrasé des tomates sur les joues et des cétoines dorées sur les paupières. Elle porte un énorme ceinturon décoré d'un aigle bismarckien (ça voudrait être un ibis, croyez vous?) Alors, je pense que quand on s'appelle Anita Rashvelishvili, qu'on est l'une des trois ou, mettons cinq plus grandes mezzos du moment, on peut se permettre d'avoir des exigences et de refuser d'être ainsi ridiculisée, non? Mais quand elle chante, alors: Waouh!
On ne peut certainement pas rêver d'un meilleur couple Aïda /Amenris (Yoncheva /Garanca?). Anna Netrebko déploie toutes les facettes d'un éblouissant Falcon. Graves somptueux, piani aériens, beauté du timbre, et une homogénéité de la voix exemplaire, elle justifie à elle seule de supporter cette production vieillotte à la mise en scène (de Sonja Frisell) inexistante. Les dames font ce qu'elles peuvent, c'est à dire qu'elles agitent bras et mains pour montrer leur émotion.
Enfin, pour terminer ce jeu de massacre, ajoutons que l'objet de leur flamme en est bien indigne. Aleksandrs Antonenko commence par un "céleste Aïda" à peu près intégralement faux, il n'a pas d'aigus mais des cris.... ajoutons que sa présence scénique est tout aussi navrante.
Dieu sait que,comme tout bon français, j'exècre les excès du regietheater. Mais si, en face, on n'a que ça à proposer... Ne pas être capable de montre qu'Aïda est avant tout le drame intimiste d'une jeune fille déchirée entre deux fidélités, deux cultures.... Zut!
Bref, pour l'impératrice Anna et la reine Anita