Roy Courtnay (Ian McKellen) est un arnaqueur professionnel. Quand il ne s’attaque pas à des investisseurs trop crédules, il jette son dévolu sur des veuves fortunées. Sa prochaine cible : Betty McLeish (Helen Mirren) qu’il vient de rencontrer sur Internet. Mais, comme l’annonce pachydermiquement l’affiche « un mensonge peut en cacher un autre » (c’est nettement plus subtil en VO : « Read Between the Lies »).
"L’Art du mensonge" appartient à un sous-genre bien particulier : le film d’arnaque « troisième âge », lui-même une sous-catégorie à la fois des films d’arnaque ("L’Arnaque", "La Couleur de l’argent", "Engrenages", "Les Neuf Reines", "Insaisissables"…) et des films pour les seniors ("L’Échappée belle", "Les Vieux Fourneaux", "Indian Palace", "Sans plus attendre"…). Un sous-genre dont se sont fait une spécialité Morgan Freeman, Michael Caine et, précisément, Helen Mirren ("Braquage à l’ancienne", "Gentlemen Cambrioleurs", "Red", "Red 2"…).
Ce sous-genre, avouons-le, n’inspire a priori guère confiance.
Pour autant, il faut bien admettre ne pas avoir boudé son plaisir devant la première heure de cet "Art du mensonge". On y voit Ian McKellen tisser avec jubilation sa toile autour de Helen Mirren, l’amenant lentement, par une savante manoeuvre de séduction, à la convaincre de lui confier la gestion de son patrimoine. Mais surtout, on attend avec gourmandise – car on le sait depuis le commencement sans qu’on puisse crier au spoiler – le moment où le scénario se retournera et où on découvrira que le plus arnaqué des deux n’est pas celui qu’on croit.
La principale réussite de "L’Art du mensonge" est de retarder ce moment le plus longtemps possible, nous laissant nous creuser sans succès la tête pour identifier la faille par laquelle la candide veuve retournera contre le machiavélique séducteur ses tours.
Mais patatras ! Quand enfin les ressorts de l’intrigue se dévoilent, c’est la déception ! Car les motivations de l’héroïne, lourdement éclairées par d’interminables flashbacks, manquent à ce point de crédibilité que le plaisir pris à les deviner s’évapore dès qu’on nous les explique.