Ce film, réalisé par Halina Reijn et sorti tout récemment en France en VOD mais il y a déjà un moment aux États-Unis, n'est pas mal mais sans plus. Pourtant, le film reste une relative bonne surprise puisque je n'en attendais absolument rien, j'avais même peur de me retrouver devant un très mauvais slasher next-gen au vu des critiques peu élogieuses. Le slasher est en effet un des seuls sous-genres de l'horreur qui évolue avec son temps. C'est en effet un genre qui a un regard tantôt critique, tantôt paternel sur les adolescents et les mœurs de ces derniers évoluent bien évidemment avec le temps. Il n'y a qu'à voir les premiers "Vendredi 13" ou "Halloween" pour constater que, même avec leurs qualités évidentes, ce sont avant tout des produits de leur époque. Et si le slasher avait été remis au goût du jour avec l'excellent "Scream" au milieu des années 90, lançant la mode du néo-slasher, nous sommes maintenant prêt à passer un nouveau cap. Cap qui se passe d'ailleurs gentiment mais sûrement avec notamment des productions Blumhouse telles que "Happy Birthdead" ou "Freaky", réinventant une nouvelle fois le concept mais étant surtout en phase avec le mouvement social de cette nouvelle génération : le wokisme. Toujours chez Blumhouse d'ailleurs, le second remake de "Black Christmas" (au passage, catastrophique) en est l'exemple frappant : sans aucune subtilité, le slasher est le prisme du mouvement woke et ne semble exister que pour ça. Et en même temps, c'est un peu normal car il ne faut pas voir le genre comme étant moralisateur sur les adolescents mais plutôt un genre qui décrit et met en scène les angoisses de ces derniers. Et comme il est justement souligné dans le tout aussi mauvais "Scream" de 2022, le slasher doit en même temps se faire une place parmi un nouveau sous-genre horrifique à la mode qui est l'elevated horror. Et c'est ainsi qu'on en arrive (enfin) au film de Reijn qui tente une nouvelle fois donc de remodeler le genre tout en y apportant un discours wokiste. Néanmoins, c'est un peu plus subtil que dans les films précédemment cités. Ici, le wokisme passe surtout au travers des personnages qui appartiennent tous à une minorité différente (gay, racisé, étranger et ce sont majoritairement des femmes qui occupent les trois quarts du film). Ce sont de plus des personnages qui boivent et qui se droguent à outrance, nouvelle problématique générationnelle (bien-sûr, la coke ne date par d'hier mais la drogue est de plus en plus traitée dans les films et séries mettant en scène des adolescents, comme "Euphoria" par exemple). Cependant, c'est un film qui peut en rebuter plus d'un car nous ne sommes tout d'abord pas véritablement face à un slasher même s'il en applique tous les codes (
un peu à la manière de "Week-end de terreur" dont la toute fin, qui peut en être d'ailleurs ici toute aussi frustrante tant on attend une réponse, remet complètement en question le genre du film auquel il appartient
) et puis le film est quelques fois un peu longuet. En effet, certains dialogues sont étirés en longueur, même si ça alimente le côté whodunit du film, par ailleurs très réussi. Enfin, tout ça pour dire que "Bodies Bodies Bodies" est un film relativement réussi mais pour l'apprécier, il faut avant tout l'appréhender comme le produit de son époque !