L’intention était louable : rendre hommage aux brigades combattantes féminines kurdes qui furent aux première loges pour combattre les séides de l’Etat islamique...mais Caroline Fourest, féministe de combat qui traîne derrière elle diverses casseroles réelles ou supposées, concentre sur son nom suffisamment de haine pour que la presse ne lui pardonne rien, et certainement pas les maladresses, pourtant bien compréhensibles, d’un premier passage derrière la caméra. Des imprécisions, des mauvais choix qui éloignent le film de son objectif panégyrique et militant et rendent certaines scènes involontairement tartignoles, il y en a à revendre. Ainsi , les deux Françaises qui partent aider les brigades kurdes à lutter contre Daesh donnent l’impression d’être en colo, le moment où les secrets sont dévoilés sont toujours mal choisis et la scène du petit garçon explosif de la fin est complètement ridicule, alors qu’elle aurait du tenir lieu de climax. C’est dommage car d’autres scènes, comme l’arrivée de l’EI dans le village yézidi, se montrent beaucoup plus réussies. D’un autre côté, au-delà de l’hommage féministe et des explications assez brouillonnes sur la réalité culturelle et géopolitique de la région, Fourest a clairement ambitionné un Actionner à l’américaine, avec des “riot-girlz” iconisées, maquillage et doigt sur la gachette de l’AK-47, qui flinguent du barbu pouilleux. Un choix plutôt binaire, qui ne s’embarrasse aucunement de subtilité, mais je ne vois pas pourquoi on lui en tiendrait rigueur quand on tolère sans problèmes la même chose de la part de n’importe quel film américain (sauf à considérer que ce qui est américain est forcément blaireau, alors que ce qui est français est forcément réfléchi, profond et plein de sagesse). De plus, si Caroline Fourest est loin d’être au niveau d’une Katherine Bigelow, elle n’a pas non plus à rougir de la comparaison avec les autres réalisateurs hexagonaux, pas beaucoup plus dégourdis qu’elle lorsqu’il s’agit de tourner un scène d’action qui fonctionne. ‘Soeurs d’armes’ ne me semble pas être le ratage annoncé, même si beaucoup y ont vu une bonne opportunité pour se payer Caroline Fourest. C’est un hommage sincère (autant qu’attendu de la part de l’intéressée) à d’autres femmes dont la lutte est beaucoup plus littérale, et un film d’action un peu maladroit, un peu simpliste, qui témoigne d’une évidente inexpérience, mais qui n’est pas catastrophique pour autant et assure un minimum de spectacle et de satisfaction primaire à chaque fois qu’on voit un djihadiste se faire dégommer.