C'est avec l'esprit critique que j'ai été voir "Soeurs d'Armes" de Caroline Fourest.
En effet après avoir vu à sa sortie la bande annonce qui avait suscité en moi l'envie d'aller voir le film , j'avais lu plusieurs publications sur les réseaux sociaux qui avaient éveillé mon inquiétude. Sur Facebook, un prétendu cinéphile affirmait que le film était un navet. Sur Allociné une personne écrivait que les combattants kurdes auraient honte d'être défendus par un tel film. Toujours sur ce site, il était question d'un film plat, mal tourné, une image ratée, des scènes de guerre pauvres avec un manque de moyens. Nombreux furent donc les spectateurs déçus dés le premiers jours à promptement rédiger une bouse sur Allociné. La rafale de critiques négatives ne s'est par arrêtée là. Un article particulièrement fielleux du journal Politis décrit un "saindoux sonore ","« Connaissance du monde » pour les nazes" et de conclure "À vouloir tout (ré)inventer comme une grande, la vestale laïcarde signe un chef-d’œuvre de souverains poncifs."
Un ex journaliste du journal Le Monde défenseur de tout les cléricalismes a pour manifester son dégout du film, publié sur Twitter le montant de subventions touchées par Caroline Fourest de la part du Centre National du Cinéma (CNC). Tenez vous bien, Fourest est stipendiée par le système, elle a touché 90 827 euros, quelle horreur !
La cerise sur le gâteau des attaques immédiates et coordonnées que "Soeurs d'armes" a subie a été le communiqué d'un obscur Collectif des combattantes et combattants francophone du Rojava» - une entité créée début octobre - qui a condamné sans ambages le long-métrage de Caroline Fourest. Le CCFR reproche à la réalisatrice de «travestir la réalité historique» dans son film.
Selon ses rédacteurs, le film de Caroline Fourest ne rend pas compte de la réalité du conflit en cours. Le film attribuerait aux Peshmergas, les forces armées du Kurdistan irakien, un rôle exagéré dans la lutte contre les djihadistes, «Peshmergas et combattants du PKK [étant] présentés comme luttant côte à côte contre les djihadistes». Le collectif estime que, dans les faits, tandis que les troupes kurdes de Syrie et de Turquie unissaient leurs forces pour combattre Daesh, «les Peshmergas s’enfuyaient».
Ils estiment aussi que la réalisatrice tente de couler ses personnages féminins «dans le moule de son féminisme occidental et institutionnel», le film montrant des combattantes buvant de l’alcool et nouant des relations amoureuses. En cela, le comité dit redouter que le film nuise à la «réputation du YPG», les Unités de protections du peuple, les brigades des Kurdes de Syrie.
La Représentation du Rojava en France récuse formellement le communiqué publié par cet autoproclamé CCFR à propos du film de Caroline Fourest, "Soeurs d'armes" qui rend un bel hommage à nos combattantes. Tout comme Patrice Franceschi, elle est une amie des Kurdes. Le CCFR, devrait plutôt communiquer sur l'agression dont nous sommes victimes de la part de l'armée turque et ses terroristes. Khaled Issa.
Caroline Fourest a répondu au communiqué de ce pseudo CCFR :
«Un compte Twitter d’anonymes créé en octobre 2019 prétend parler au nom des “combattantes et combattants francophones du Rojava”pour se plaindre de Sœurs d’armes, s’agace-t-elle. Cher(s) jeune(s) guérillero(s), croisé à France Inter, ne perdez pas votre temps à nourrir les trolls Turcs contre un film qui rend hommage aux Kurdes…»
Ce fumeux CCFR visiblement adoré des cléricaux français et autres islamo-gauchistes semblait décrire des kurdes de l'Ouest syrien pratiquant un Islam rigoriste tandis que Caroline Fourest aurait été tourner son film chez des kurdes irakiens plus libertaires.
Afin de me faire ma propre opinion, j'ai interrogé Azar Majedi qui est une activiste communiste iranienne, écrivain, présidente de l'Organisation pour la libération des femmes et l'une des dirigeantes du حزب کمونیست کارگری ایران حکمتیست Hekmatist Party Parti communiste ouvrier d'Iran-hekmatiste. Elle est une opposante au régime en place en Iran.
Elle m'a expliqué que les troupes kurdes qui sont mises à l'honneur par Caroline Fourest ont réussi à adopter des lois progressistes concernant les femmes dans la région. Il est vrai que de nombreuses personnes au Kurdistan syrien sont musulmanes. Komala en revanche, était une organisation communiste présente dans le kurdistan irakien. Le parti communiste ouvrier-hekmastiste d'Iran et d'Irak était ensemble avec Komala dans le même parti jusqu'en 1991. Quand Azar Majedi s'est rendue au Kurdistan, les femmes portaient des foulards et étaient plus ou moins séparées des hommes, mais les militants communistes et féministes se sont battus pour la liberté et l'égalité des femmes dans l'organisation.
Ainsi Azar Majedi semble corroborer la description de Caroline Fourest et pas celle du fameux collectif CCFR.
C'est donc plus tranquillement que j'ai pu aborder "Soeurs d'Armes" . Certes fiction, le film n'est assurément pas lunaire.
Et c'est malheureusement la réalité de l’absurdité de la barbarie des islamistes de Daech qui est décrite.
C'est tout de même ça le fond du film. Les pisseurs d'encriers des beaux quartiers parisiens aux pieds plats et autres enfumés relativistes de l'islam politique se focalisent sur Caroline Fourest pour déverser leur haine mais n'ont aucune compassion pour le martyr des yazidis et la descente des populations dans les horreurs de l'Etat Islamique.
Le film est poignant. Il est très bien filmé. Les paysages sont beaux et bien mis en valeur. Les scènes d'horreur sont difficiles à supporter mais sans voyeurisme gore. Les scènes de combat et de guerre sont très réalistes et non rien de conformes avec les pastiches d'hollywood.
Ca m'a d'ailleurs toujours fait rigoler de lire des critiques de films de guerre de la part de scribouillards d'ici qui n'ont jamais fait leur service militaire et qui saliraient leur caleçon à l'écoute de la moindre détonation.
Hé oui le film est militant et orienté. Il est féministe et laïque. Les femmes y sont belles quand elles sont libres. Chacun peut pratiquer sa religion dans la tolérance. Les femmes peuvent être artistes, peindre, danser, sourire...vivre ! Voila ce que le combat des héroïnes kurdes de Caroline Fourest présente face aux monstres de Daesch qui eux violent, pillent, assassinent et imposent des lois civiles délirantes.
Bravo Caroline Fourest pour ce film. Et vous tous allez le voir !