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Acidus
736 abonnés
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3,0
Publiée le 8 octobre 2022
Avec "Grâce à Dieu", François Ozon s'attaque à l'affaire Bernard Preynat : prêtre ayant profiter de son influence pour agresser sexuellement de nombreux scouts dont il avait la responsabilité. Sujet sensible et intéressant donc, d'autant que la pédophilie est peu traitée au cinéma. Pourtant, je regrette que ce long métrage soit un objet si peu cinématographique. La manière dont on suit les victimes et leur combat pour la vérité se fait de manière un peu trop didactique, trop froide aussi. Une approche parfois presque documentaire sans l'être vraiment. Du coup, le choix de la fiction ne m'a pas paru si judicieux. On ressent quelques longueurs mais, dans l'ensemble, le film reste intéressant et à le mérite de mettre un coup de projecteur sur cette affaire qui traîne maintenant.
François Ozon traite ici le sujet très sensible de la pédophilie dans l’Église avec une approche d’abord délicate et qui se mue ensuite en force redoutable. L’approche fluide de l’histoire via des voix off sur les échanges épistolaires plonge le spectateur au cœur des ressentis de ces personnages fragiles et déchirés. Pas de violence physique ni de colère, juste une envie irrépressible de comprendre. Du coup, le ton de type documentaire manque de vigueur et la durée du film casse le rythme. Et puis quelques invraisemblances ternissent un peu le scénario : un épileptique ne peut pas conduire une moto ou les avocats et les clients ne se rencontrent pas dans les cafés.
Un jour pourtant... Quand il devient évident que personne n'a bougé et qu'un pervers continue de sévir au milieu des enfants au moins trente ans après les premiers faits. C'est l'histoire d'un impossible pardon, même pour ceux qui ont été biberonnés à la miséricorde et à la résurrection, à tous ces préceptes derrière lesquels l'Église camoufle sa lâcheté. C'est le corps qui se souvient. Le premier parle de « douleur émotionnelle intense », celle qui revient en boomerang, qui fait couler des larmes sur les joues d'un deuxième, cloue au sol un troisième. Les mots font enfin surface et relient les hommes entre eux. Ce film montre la force collective de leur association, dans son combat contre un système, celui de l'Église lyonnaise et son archevêque, celui d'un monde catholique face aux nombreux scandales de pédophilie qui remplissent les journaux. Aux témoignages similaires d'abus sexuels dans un bureau, un labo photo, une chambre ou une tente d'un camp scout, répondent les aveux minables du Père Preynat. C'est le déni de l'institution qui est insupportable, face aux enfants qu'ils étaient hier, face aux enfants qu'ils ont aujourd'hui.
Ce film, basé sur des faits réels en cours d'instruction par la justice, est une vraie performance artistique. Par la délicatesse du regard porté sur ces hommes par le réalisateur. Par la beauté des acteurs qui rendent la vraie grâce à ces hommes et des seconds rôles féminins, les mères, en premier, qui n'ont pas su voir, les compagnes, ensuite, qui composent comme elles peuvent.
Un film bouleversant et fort. Tout y est limpide et la parole totalement laissée aux victimes. Le clergé ne peut rien dire. Juste rester humble et repentant devant les actes. La fin est simple et superbe :« Crois-tu en Dieu? » demande le fils. La parole est sans réponse car celle-ci est dans le cœur de l’homme. Mais il me vient une réponse à cette question cruciale. Dans l’expression « hommes de Dieu », il y a aussi le mot homme, qui se distingue bien évidemment de la divinité qu’il représente. Ce sont ces hommes qui ont cette culpabilité en eux. Il sont pêcheurs, et ici gravement.
Grâce à dieu reste une œuvre intéressante et percutante dans le sujet qu'elle aborde. François Ozon nous offre de l'émotion portée magnifiquement bien par les acteurs
Après le 1er film là on change de registre...et de qualité avec "Grâce à Dieu"... L'histoire en cours de la mise en examen de de prêtre pédophile et des responsables du clergé à Lyon. Et ben comme prévu mélange de colère et de tristesse face a cette histoire honteuse. Comment, déjà, peut on être ainsi et ensuite comment ne rien dire bordel??? Fait de 1988 (et moins), la réaction des parents ,gens d'église qui ose parler de prescription, c'est fini, faut oublier etc...ah les putains de claques que je leur mettraient et pour les pédos je ferais pire...sinon les acteurs sont au top, on est complétement dans ce drame ou l'ont suit 3 personnes...on ressent leur désarroi, leur colère franchement film dur mais très bon!! NOTE: 8.5/10
J'ai revu ce film dans le cadre d'une diffusion de France 2, en lien avec le rapport Sauvé. Un film exceptionnel et indispensable, sans doute le meilleur de François Ozon, qui ne nous avait jamais emmené aussi loin dans le drame et l'intimité de ses personnages. Le casting haut de gamme aurait pu desservir le film, or, il permet de sublimer les personnages tous authentiques et d'une grande profondeur et d'une grande dignité. On ne s'ennuie pas une seule seconde tellement nous sommes happés dans un tunnel où les protagonistes cherchent avant tout la justice, avant une possible vengeance personnelle.
Un film extrêmement juste et pudique sur les crimes de certains prêtres et les manquements qui leur ont permis de multiplier les victimes au fil des ans sans être inquiétés. L'oeuvre traduit très bien les constantes qui prévalent dans ce genre d'affaires : inertie de la plupart des proches et parents devant la parole des enfants, difficulté des enfants à dénoncer un prêtre qui fait figure de personne intouchable et irréprochable, inaction totale de l'Eglise, éloignement géographique des prêtres criminels sans volonté de dénonciation à la justice avec souvent la complicité de leur évêque... Un film indispensable qui prend d'autant plus de relief à la suite de la publication du rapport Sauvé.
Un sujet qui a fait l'actualité pendant des mos et revient à l'ordre du jour sur les crimes de pédophilie dans l'église de France. le film évite de tomber dans la caricature, la facilité et le voyeurisme en épousant successivement les point de vue et le vécu de 3 des adultes qui s'engagent dans la lutte pour la vérité alors qu'enfants il avaient subi les outrages du père Prenat. Je n'ai pas trop compris pourquoi le film s'acharnait ainsi sur le cardinal Barbarin, alors que finalement celui-ci a été acquitté
J'ai failli lâcher l'affaire tant l'installation est lente voire pénible, avec la lecture des échanges de courriers et les images ennuyeuses de la vie quotidienne d'une famille nombreuse. Bien m'en a pris de m'accrocher car le film décolle ensuite, à la verticale, pour nous impliquer dans le combat mené par ces victimes, accompagnées ou ignorées de leur famille. Ce film est sensible, mesuré, il raconte, il narre, jusque dans les détails, les souffrances indélébiles, le déni de certaines familles et surtout, l'hypocrisie d'une partie de l'Eglise, s'apparentant parfois à une forme de complicité. Je n'ai pas été emballé par le jeu de Melvil Poupaud, par contre, tirage de chapeau à Denis Menochet et Swann Arlaud, qui incarnent très naturellement deux victimes profondément atteintes. D'ailleurs, tous les seconds rôles sont très bien choisis car très bien joués.
En résumé, ce film très riche respecte les victimes et rend hommage à leur ténacité, tout en respectant aussi la douleur de ceux qui refusent de parler.
Grâce à Dieu évoque l affaire du prêtre pédophile de Lyon, par le biais des victimes et de la création de leur association la parole libérée. Le film est poignant et ne manque pas d émotion. La lutte des petits contre les puissants bien présenté. Ozon maîtrise parfaitement sa mise en scène et évite le piège du parti pris . Face à cette belle maîtrise il y a quand même un défaut la présence des trois principales victimes on a une première partie centre sur celui qui lance l affaire puis il devient un personnage secondaire quand un second porte plainte et lui aussi disparaît presque de l écran avec l arrivée du 3 ème pour en arriver à un final où on les retrouve tous les 3 . C est un peu dommage étant donné qu ils créent l association leur évolution simultanée tout le long du film aurait été la bienvenue .
Sur un sujet fort et dont on ne cesse de découvrir l'ampleur, François Ozon livre un film froid et aussi coloré qu'une fin novembre, une plongée froide, sobre et juste et qui place la révélation et la libération de la parole au coeur du sujet. Les rôles principaux sont épatants, Melvil Poupaud est tout en retenue à l'opposé du bouillonnant Swann Arlaud,. J'ai juste une réserve sur les scènes du passé, les flashback qui sonnent faux, presque mal joués. Un film mesuré, plein de pudeur, de subtilités et de non-dits, qui ne montre rien mais dépeint un arrière plan, les gesticulations et les doutes de figurants désemparés, luttant comme ils le peuvent, dans un drame qu'on ne peut véritablement appréhender. J'ai apprécié que les victimes ne soient pas enfermées dans un profil unique mais soient toutes profondément différenciées. Il n'y a pas une victime mais des victimes, des êtres humains.
Un film très fort qui a le mérite de montrer un aspect très secret et très sombre de l'église. Le sujet est très bien traité et le film ne tombe jamais dans le pathos. Les acteurs sont excellents et la réalisation parfaite nous tient en haleine du début à la fin.