« Et les Beatles chantaient », oui, mais n'était-ce pas sur une fausse note ?
Ah ce film. Dès que la bande-annonce avait pointé son museau, pour en révéler son titre et son contenu, immédiatement je me suis dit qu'il ne me fallait pas louper cela. Un film sur un des groupes les plus mythiques de la culture musicale et qui plus est, sur mon groupe préféré ! Que rêver de mieux ? Je songeais que, au vu du courage qu'avait ce réalisateur d'entreprendre un film sur une thématique de cette teneur, cela ne pouvait être qu'un flagrant hommage aux quatre hommes qui auront à tout jamais révolutionné l'univers musical.
Le titre était accrocheur et parlant à tout fan du groupe, voire potentiellement à certains néophytes, au vu de sa célébrité. Je reparlerai plus tard de ce dernier, au sein de ma critique, pour y soulever le sens qui ne m'a été perceptible qu'à la toute fin de mon visionnage.
Quant à l'affiche, je l'ai trouvée, un tantinet, stéréotypée, pour choir dans la facilité, selon moi, par son concept design qui fait écho à cette scène mythique, déjà diversifiée à de maintes reprises, et perdant, à force d'être parodié, de son cachet symbolique de l'empreinte iconique et indélébile, des Beatles, au cœur de leur art. Cependant, c'était un choix évident et justifiable, pour que cela joue en la faveur du film. L'affiche étant l'identité première de ce dernier avec son titre, il fallait prendre le choix le plus probant qui ferait toute de suite allusion au Beatles, même à la personne dont les connaissances vis-à-vis de ce groupe étaient guère poussées, le titre pouvant ne pas être suffisamment évocateur dans le cas où une personne ne connaîtrait aucunement le travail du quatuor. En effet, Abbey Road a su se démarquer, non seulement par le groupe, mais également, par les nombreuses parodies qui rythment la toile.
Cette évocation, en majorité, a donc permis que le mot Beatles soit connu de tous, ou du moins, du plus grand nombre, ce qui a permis d'aboutir à une volonté conceptuelle et contextuelle, simpliste, rassurante, et sans aucune prise de risque, au seins de codes déjà reconnaissables, mais peu originales et novateurs, à part peut-être dans la patte graphique, pour témoigner que le film était ouvert à tout public afin de ne fermer les portes à qui que ce soit.
À présent, entrons dans l'intrigue. Jack Malik, le héros musicien du film, un homme lambda et tout ce qu'il y a de plus banal, voyant que sa faculté n'intéressait nulle autre que lui, et son amie et manager Ellie Appleton, va un soir, par la déprime, errer dans les rues de sa ville anglaise jusqu'à percuter un bus par inadvertance. À ce moment-là, une panne générale d'électricité dans le monde entraîne Jack dans un retour vers le passé. Il va se retrouver à l'époque où le groume des Beatles n'étaient pas encore connus, voire même, n'existaient pas.
Il va donc se faire professeur pour apprendre à ses amis, sa famille, et au reste du monde, la langue shakespearienne de ces talents mélodieux, avant que ces derniers ne foulent les planches. Ceci va le propulser au statut de célébrité mondiale. Se rendant compte que cette aventure fondé sur le mensonge, en s'appropriant le succès et les chansons des Beatles, est allée bien trop loin et a détruit sa vie et sa romance avec Ellie, Jack va lors d'un dernier concert, remettre les choses à plat et dans l'ordre, en dévoilant à la fin de son spectacle, sa flamme à Ellie et avouer qu'il n'est pas le vrai compositeur et auteur de ces titres mais qu'il a fait cela pour rendre hommage au Beatles, ce groupe légendaire, puisque selon lui, leur mémoire se devait d'être rendue perpétuelle avant même leur existence. Et pour saluer sa bonne foi, il ne monétisera pas les chants.
ï En ce qui concerne les aspects positifs du film :
o Les chansons des Beatles, premier point à devoir être souligné. Ces dernières sont reprises avec respect des paroles, de la composition, de l'interprétation, et des auteurs originels. En effet Jack s'assurait toujours d'avoir les paroles exactes, au mot près, pour ne pas écorcher un seul des termes composant les diverses chansons. De plus, tout le long, j'ai ressenti un réel hommage et un amour profond pour les garçons, et non un désir de surfer sur la popularité de leurs chansons, et cela, c'est un très bon point, car c'est ce qui m'effrayait vu mon amour personnelle pour le groupe. Le film faisait perpétuellement miroir à mes sentiments intimes vis-à-vis d'eux et de leur art.
o La fin du film lors de son ultime concert. Ce moment m'a vraiment touchée et ce dernier est mon passage préféré du film. Autant pour la romance amoureuse qui se conclue et se déclare d'une manière originale et emplie d'émotions et de douceur, que pour l'annonce officiel qui signera la fin de carrière de Jack. Après j'en convient que cette scène pouvait être attendue puisque ce film, je le préconisais, ne se serait jamais permis d'utiliser un tel groupe à des fins ignominieuses pour éviter de se mettre les admirateurs et les adorateurs à dos probablement parce que de base ils savaient où il voulait se rendre, soit leur offrir l'hommage qu'ils souhaitaient et escomptaient pour un quatuor de cette trempe.
o Les recherches informatiques puisqu'à chaque fois qu'il sortait une œuvre ou une figure anachronique pour autrui, cela nous permettait de pouvoir nous situer temporellement au sein de ce retour dans le passé. Cela était, également la source de deux, trois divertissements assez hilarants.
ï Les aspects intermédiaires, ni bon, ni mauvais :
o Ed Sheeran : il fallait un chanteur pour le dénouement final et que Jack se fasse connaître, ce qui est amplement logique, mais si le long-métrage se permet d'introduire un chanteur célèbre, et qui n'est pas une surprise, selon moi je m'attends à ce qu'il soit davantage présent. Après, si l'œuvre a opté pour qu'il n'apparaisse qu'à des moments clés pour ne pas faire de l'ombre au héros et à la thématique du film, afin de ne semer aucune concurrence, qui pourrait se voir comme un conflit entre les deux genres musicaux, je suis entièrement d'accord avec cette vision, qui porte vraiment au crédit de cet art visuel, et octroie davantage de louanges au Beatles.
En effet, les concepteurs du film ont eu l'idée d'introduire un concurrent potentiel pour le titre de meilleur chanteur et ce dernier tente de se mesurer aux Beatles indirectement pour voir qui serait le plus méritoire à se voir conférer ce titre. Et c'est là que la magie opère, car même les plus grands chanteurs doivent se rendent à l'évidence que face à certaines personnes, leur talent a ses limites.
S'ils parviennent à faire preuve d'impartialité, et d'objectivité, tout en étant juste et respectueux, sans être prétentieux et imbu d'eux-mêmes, pour réussir à reconnaître que certains ont une maîtrise et des qualités plus élevées, évoluées et poussées que les leur, alors c'est tout à leur honneur de trouver le courage de déverser la lumière sur cette figure plus talentueuse, puisqu'il y a le risque que cela nuise à leur image et réputation vis-à-vis de certains fanatiques.
Et ceci est habillement, illustrer dans le film de manière émouvante, avec une courte séquence : l'instant du concours pour départager Ed Sheeran de Jack, ce dernier n'hésitant pas à s'avouer vaincu par respect pour l'amour qui voue à la musique et ne pas faire d'obscurité à une nouvelle lueur d'espérance en le laissant symboliser divers pans de cet art que lui, il le sait, ne pourra jamais sonder et représenter par son talent de moindre qualité. Il n'hésitera par la suite, aucunement à l'aider dans son succès jusqu'à la résolution ultime.
o Même si j'ai aimé la scène finale, j'aurai plus apprécié que cela se termine après le discours émouvant du héros, foulant les planches avec Ellie venant le rejoindre sur scène sous les acclamations, la tendresse et la joie de la foule en délire qui le félicitait pour sa nouvelle union et pour avoir osé dire la vérité. L'écho glorifiant à la musique et au Beatles aurait davantage eu une meilleure résonance s'il s'était achevé dans un cadre et une ambiance que l'on aurait pu retrouver à chacun de leur concert : une salle propre à la musique pour jouer devant une multitude de personnes qui acclament d'une admiration respectueuse les Beatles comme il se doit.
o Le titre évocateur à la toute fin comme je l'ai souligné, selon moi, le titre Yesterday, "hier" en français, désigne bien dans la scission ternaire, le vecteur de temps du passé, pilier de la structure de cet œuvre du septième art, mais également l'avant Beatles pour être un cheminement jusqu'à leur arrivée et dépeindre leur vie de chanteur antérieur avant qu'ils naissent symboliser par Jack. Je trouve ce titre magnifique et extrêmement bien pensé et conçu mais je le classe ici par objectivité. En effet, ceux n'ayant pas les connaissances adéquates des chansons, pourraient passer à côté de certains aspects du sens du titre, même s'il peut exister d'autres représentativités tout aussi exhaustives et forger leur analyse en fonction de leur savoir, la vision d'un néophyte pouvant toujours être intéressante puisqu'il analysera les faits et significations différemment qu'un connaisseur.
Par ailleurs il est en lien indirectement avec un point obscur de mes points négatifs.
ï Enfin, les aspects négatifs :
o Le retour dans le passé pas suffisamment explicite lors de mon visionnage. Il est vrai que j'aie mis du temps avant de saisir que Jack, suite à son accident, avait fait un retour dans le passé, et c'est lorsqu'il parle des Beatles à ses proches, suivie de leur incompréhension, avant d'aller faire sa recherche via Internet, que j'avais enfin compris qu'il était retourné dans le passé. J'ai saisi, suite à cette découverte que la césure et le voyage temporelle, s'étaient effectués lors de l'accident suivi de la coupure d'électricité général en mode accélérés par effet-spécial, pour bien appuyer ce changement d'époque, tel que l'on peut souvent voir ces changements dans d'autres films matérialisés par une rotation inverse de la rotation terrestre, ou du Soleil, là c'était évoqué par cette vitesse irréelle et ces lumières éteintes comme pour symboliser une extinction de quelque seconde de la lune ou du soleil le temps qu'il ou elle fasse sa rotation inverse.
o Mon point précédent est en lien avec celui-ci, et a affecté pour moitié son rang, du fait que le titre est lié à cette incompréhension de ma part, même si objectivement comme personnellement, cela reste un excellent titre, comme je l'ai mentionné.
o J'ai fait part de l'aspect humoristique qui m'a plu dans le film via les passage d'Internet et ce qui en a résulté, je vais à présent dépeindre l'humour que j'aie vraiment trouver assommant et limite un peu en décalage avec l'esprit et le fil conducteur premier de l'œuvre. Cet humour-ci m'a vraiment déroutée et je n'ai pas vraiment saisi ce que cela venait faire là : l'humour des parents de Jack et de son ami Rocky. Ces deux classifications humoristiques n'en forment qu'une, l'ayant ressenti assez similairement, et malheureusement, je ne la partage aucunement. Elle saccadait la rythmique du film à chaque fois qu'un de ces personnages faisait son apparition, pour amener à une blague qui n'avait ni queue ni tête avec l'histoire en parallèle qui se voulait sérieuse et gratifiante envers le quatuor.
Résultat, je l'ai plus senti comme une insulte désastreuse et déplorable envers le groupe, puisqu'ils ne témoignaient que de l'indifférence et du déni constant, qu'envers des aspects devant susciter le rire. Alors je ne dis pas que l'on doit aimer les Beatles à tout prix, non, pas du tout, je reste bien dans le contexte du film, et vu sur quoi se fonde ce contexte, soit un film qui se veut à titre honorifique, surtout au vu de l'apothéose finale, et bien ces trois personnages, de par les caractéristiques qui leur ont été attribuées, souille en décalage, à chacune de leur apparition, cet hommage qui reste de très bonne facture, mais qui aurait pu gagner en profondeur et en maturité, tour en évitant de dénaturer la mémoire de ce groupe, si ces trois énergumènes avaient été inexistant.
o Pour finir, en ce qui concerne le dernier point négatif du film, il s'agit de la manager de Los Angeles, Deborah Hammer, que je caractériserais, pour ceux ayant vus le film Zootopie, comme une miss Bellwether, le mouton secrétaire du maire Leodore Lionheart. En effet, je trouve qu'elle fait office de ce que je pourrais caractériser comme une « méchante de secours », ou de « dernier recours ». Aucun ennemi réel était présent au court du long-métrage, mettons-en une à la dernière minute ! C'est vraiment l'effet que cela m'a apporté et je la trouvais limite plus oubliable qu'autre chose, tant pour son personnage que pour la volonté d'en faire plus vis-à-vis d'elle. Elle n'avait aucun développement propre et spécifique, elle était seulement présente dans son rôle objet, en restant conditionnée à sa profession pour finir en un stéréotype du méchant manager avide d'argent. Elle n'octroyait rien de bien probant à l'intrigue, hormis de l'irritation pour ma part, lié à sa volonté budgétaire, et au fait d'offrir une mauvaise image de ce métier, en en présentant que les aspects négatifs.
Ce personnage aurait dû davantage conserver son rôle de secondaire en ne participant pas à certains enjeux de l'intrigue, du fait que cela ne véhiculait que frivolité et nocivité, principalement à la quasi toute fin du film lors du discours de Jack.
En ce qui concernait la distribution, je trouve qu’elle convenait. Les acteurs, rôle premier comme secondaire ou figuratif, jouait leur personnage de manière respectable. De base, il ne s'agissait pas de jeux d'acteurs extrêmement sophistiqués, mais pour le rôle que chacun devait remplir, cela convenait très bien. Je ne juge que sur ce film spécifiquement, puisque c'est celui que je critique, pas sur leur jeu d'acteur en général, car cela serait bien entendu injuste. Ce n'est pas uniquement un film qui définit le jeu d'un acteur.
Par ailleurs, j'ignore assez le reste de la filmographie respective de chacun et il se peut que ce film n'ait pas cherché à acquérir de complexité au sein de leur personnage. Il souhaitait juste rendre hommage au Beatles, avant tout, de la manière la plus démonstrative selon eux, sans rechercher une intrigue et des rôles compliqués.
Himesh Patel m'a d'ailleurs transportée avec sa voix magnifique qui résonne encore en moi, pour m'offrir une belle immersion dans l'univers du film. Sa voie leur rendait un fervent honneur, car j'avais limite l'impression de les écouter.
Je pense avoir fait le tour du film selon mon visionnage alors j'aimerai terminer, en conclusion, pour dire que ce long-métrage, malgré ses imperfections plus ou moins importantes, a permis de retracer les diverses perles manuscrites de l'histoire de la musique, tout en offrant un voyage de découvertes avec un acteur qui, à travers son personnage et sa voix, a pu apporter un intermédiaire pour une rencontre ou nouvelle rencontre, ainsi qu'écoute ou réécoute sous un tout nouvel angle. Cette œuvre permet, pendant un temps, de retracer sous un regard inédit, l'histoire artistique des garçons et, selon moi, de m'avoir donné l'impression de revivre les prémices de ce groupe immortelle. L'hommage est réussi sous un florilège de notes dénotant une parfaite alchimie.