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    The Woman King
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Woman King" et de son tournage !

    Les Agojié, de véritables guerrières

    The Woman King met en scène les Agojié, une armée de femmes qui ont défendu le royaume de Dahomey de la fin du XVIIème à la fin du XIXème siècle. Elles ont constitué l’une des toutes premières armées uniquement composées de femmes de l’Histoire, et l’un des bataillons les plus redoutables et les plus compétents au monde. Le Dahomey était, à l’époque, l’un des royaumes les plus riches au monde. La culture Dahomey, qui mettait les femmes en valeur, était extrêmement progressiste pour l’époque. Les femmes avaient accès à tous les échelons du pouvoir : générale de l’armée, conseillères financières, cheffes religieuses. Le roi octroyait même le titre de Kpojito (« femme roi ») à une femme qui régnait à ses côtés.

    Le Dahomey

    Ce royaume, qui a existé en Afrique de l’Ouest, correspond au Bénin actuel. Il a été fondé vers 1600, mais la guerre qui l’oppose à la France en 1894 provoque sa chute, puis sa colonisation. Le film se déroule en 1823.

    Par la réalisatrice de The Old Guard

    Réalisatrice de Love & BasketballLe secret de Lily Owens ou encore Beyond the LightsGina Prince-Bythewood est certainement plus connue du grand public pour le blockbuster Netflix The Old Guard, porté par Charlize Theron et centré sur un groupe secret de mercenaires dotés du don d'immortalité.

    Une histoire inédite au cinéma

    L’histoire des Agojié est quasiment inconnue du grand public. Le projet est né grâce à la productrice Maria Bello (surtout connue du public en tant qu’actrice) qui avait découvert l’existence des guerrières Agojié en voyageant à travers l’Afrique de l’Ouest. Elle a envoyé un livre sur ces femmes, rédigé en français, à la productrice Cathy Schulman. « J’ai parcouru ce livre pendant sept mois environ, en tâchant de me raccrocher aux seuls mots de français que je comprenais. J’ai été stupéfaite de constater qu’il s’agissait d’un épisode de l’histoire dont je n’avais jamais entendu parler [...] ». Nicole Brown, présidente de TriStar, a immédiatement perçu le potentiel du film : « J’ai découvert une histoire vraie, fascinante et extraordinaire, dont je n’avais jamais entendu parler, et qui oscillait entre scènes d’action spectaculaires et émotion. C’est pour raconter ce genre d’histoires que le cinéma existe ! »

    Une présentation insolite

    Les deux productrices Maria Bello et Cathy Schulman ont présenté à Viola Davis le projet de The Woman King dans un contexte improbable : lors de la cérémonie des Women Making History Awards en 2015, où Bello remettait un prix à la comédienne. Celle-ci se souvient : « Quand Maria est montée sur le podium pour me remettre mon prix, elle a déclaré ‘je vais vous pitcher un film dans lequel je suis certaine que vous aimeriez tous voir Viola Davis tenir un rôle’. Elle a raconté l’histoire des Agojié et du Dahomey, et tout le monde s’est mis à applaudir ! C’est comme cela que j’ai découvert qu’il y avait là une vraie matière dramaturgique ».

    Une fiction inspirée par de véritables héroïnes

    Si les Agojié ont bel et bien existé, il y a peu de documentation sur elles et le peu qui a été produit a été rédigé par des Européens dont le regard était subjectif et souvent raciste. La scénariste Dana Stevens a décidé que le meilleur moyen de faire surgir la vérité émotionnelle de l’histoire des Agojié était de recourir à la fiction : « C’était formidable de découvrir ces femmes qui ont vraiment existé, ces événements qui se sont réellement déroulés, et puis d’avoir la liberté d’imaginer des personnages fictifs pour qu’émerge l’émotion de ce récit ».

    Consultant historique

    Pour les besoins du scénario, Dana Stevens et les productrices ont collaboré étroitement avec l’historien et économiste de Princeton, Leonard Wantchekon, originaire du Bénin. « Leonard est le plus important universitaire et chercheur béninois travaillant pour une université américaine et le meilleur spécialiste de l’économie du Bénin », précise Cathy Schulman. « Il a consacré toute sa vie professionnelle à l’enseignement et à la recherche concernant l’Afrique de l’Ouest et, tout comme nous, il a à cœur d’exhumer des épisodes de l’histoire totalement méconnus. [...] Du coup, on a commencé à travailler avec lui et il nous a poussées à conserver notre vision du projet ».

    Le commerce triangulaire

    Le film se déroule dans un contexte historique complexe, à une époque où certains membres du Royaume de Dahomey voulaient s’opposer à la traite des esclaves, alors que la réussite économique du territoire était depuis longtemps tributaire de sa participation au commerce triangulaire. La réalisatrice Gina Prince-Bythewood explique : « Nanisca est à la croisée des chemins. Comme elle vieillit, elle sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps à se battre, et elle voit comment aider le Dahomey à se désengager de la traite des esclaves. Car il ne suffit pas de proclamer qu’on ne vend pas ses propres enfants ».

    Assumer qui l’on est

    À travers ce film, Viola Davis a trouvé un écho avec sa propre histoire, elle qui à ses débuts se pliait aux codes de la société, en tentant d’être aussi féminine que possible : « The Woman King renverse tous les codes. Toutes les femmes, au fond d’elles-mêmes, aimeraient vivre une telle situation. Elles aspirent à évoluer dans un espace où elles peuvent s’extraire de toutes les injonctions et entraves et déclarer ‘Me voilà et j’assume qui je suis’. Un espace où elles peuvent se sentir à leur place ». Elle ajoute : « tout à coup, avec ce rôle, ma musculature, mes bras, mes jambes fortes et ma voix rauque ont trouvé tout leur sens. Quand je suis arrivée sur le plateau, sous les traits de Nanisca, je me suis assumée. J’ai totalement assumé mon physique ».

    La diversité du casting

    Les guerrières Agojié étaient issues de milieux différents et des villages de la région. La réalisatrice a cherché à faire écho à cette diversité dans son casting. « Je voulais réunir des comédiennes d’horizons divers, issues de notre diaspora », témoigne-t-elle. Ainsi, Thuso Mbedu est sud-africaine, Lashana Lynch est jamaïcaine, et Sheila Atim est citoyenne britannique d’origine ougandaise. « Nous avons des femmes d’Afrique de l’Ouest et d’autres afro-américaines. C’était parfaitement voulu et j’ai adoré l’énergie que cette mosaïque d’actrices a insufflée au film ».

    Préparation et cascades

    Afin d’incarner au mieux les redoutables guerrières qu’étaient les Agojié, les actrices ont suivi un entraînement spécifique, sous la supervision du chef cascadeur et coordinateur combats Daniel Hernandez et de la nutritionniste et entraîneuse des acteurs principaux Gabriela Mclain. Hernandez souhaitait que les comédiennes réalisent 90 % de leurs scènes de combat. Elles se sont entraînées à raison de deux séances par jour, six jours par semaine. « Au début, il s'agissait de soulever beaucoup de poids en entraînement fractionné avec très peu de temps de repos – fatiguant un type de muscles avant de passer immédiatement à un autre », détaille Gabriela Mclain. Elles se sont intensivement initiées aux arts martiaux ainsi qu’à la musculation. La nutrition a également joué un grand rôle. Elles suivaient des menus stricts et mangeaient plus que d’habitude : cinq repas par jour avec beaucoup de protéines et peu de glucides. Leurs partenaires masculins n’ont pas échappé à l’entraînement : Jimmy Odukoya s’est initié aux arts martiaux et au maniement de la machette, Jordan Bolger et Hero Fiennes Tiffin, eux, ont appris à utiliser des mousquets d’époque.

    Les combats

    Pour chorégraphier les affrontements physiques, Daniel Hernandez a étudié les méthodes de combat de la région, et notamment celles des Zoulous. Il a essayé d’être aussi fidèle que possible en matière de style et de mouvements : « Il a bien sûr fallu les exagérer, en ajoutant quelques éléments de iaido [art de manier le sabre, NdT.], de judo et de kali [art martial à mains nues et axé principalement sur le travail des armes, NdT.] pour accentuer les combats axés sur les personnages. Amenza, Izogie et Nanisca sont toutes d’origines distinctes. On a donc voulu leur attribuer des mouvements différents qui reflètent au mieux leur identité et leur trajectoire personnelle. »

    Les armes

    Viola DavisThuso Mbedu et Lashana Lynch se sont toutes trois exercées à manier la machette. Sheila Atim a appris à manier la lance à double tranchant, une arme qui fait sa taille et qui symbolise la dualité de sa personnalité, à la fois guerrière et chef religieuse. Les armes que l’on voit dans le film ont été élaborées par le chef-accessoiriste Kerry Von Lillienfeld : « Sur ce film, nous avons pu créer des armes que personne n'a encore jamais vues ».

    Lieux de tournage

    Le tournage s'est déroulé en Afrique du Sud, aussi bien dans le Cap-Est que dans la province du Kwazulu-Natal, jusqu'au cœur de la ville du Cap. Un rêve pour Viola Davis : « Tourner en Afrique du Sud a été l’une des plus grandes joies de ma vie : je me suis sentie chez moi. Chez moi, c'est là où vivent mon mari, ma fille, ma mère bien sûr. Mais c'est aussi sentir que j'appartiens à une communauté où je ne suis pas constamment en train de courir, de me cacher et de justifier ma présence. »

    Les décors

    Le chef décorateur Akin McKenzie et son équipe ont dû concevoir les décors à partir des textes et illustrations que l’on doit à des voyageurs qui ont visité le royaume, puisque la photographie n’existait pas à cette époque. Étant donné que les auteurs de cette documentation sont des colons, les images étaient souvent destinées à ridiculiser ou à déprécier les Africains – en d'autres termes à les déshumaniser. Pour dépasser ce parti-pris, il a choisi de se pencher sur les motifs et les figures récurrents : « Si je repère quelque chose décrit à plusieurs endroits, si je vois un schéma qui se répète et que je peux faire des recoupements, puis identifier des traditions qui se poursuivent jusqu'à nos jours, alors je commence à croire que c’est peut-être authentique ».

    Le rouge

    Le rouge est la couleur-clé du Dahomey : la terre est rouge et les murs sont en brique adobe [faite de terre mêlée de paille, séchée au soleil]. Le chef décorateur Akin McKenzie explique : « La terre rouge est importante : c’est un élément visuel et sensoriel immédiat quand on est dans la ville d'Abomey. C'était important pour nous de le ressentir dans notre royaume. On y perçoit une touche vibrante en adéquation avec ce peuple et son univers. » Cette terre rouge, propre au Bénin et constitutive de l'architecture et des routes, ne se trouve pas telle quelle en Afrique du Sud. Heureusement, la production a repéré une mine, près de la ville du Cap, qui produisait exactement la même couleur de terre pour les besoins du tournage. L’utiliser n’a pas été sans difficulté pour l’équipe car elle réagissait à l'humidité en se transformant en argile. Aussi cette véritable terre rouge a-t-elle été mélangée à d'autres éléments pour rendre le tournage plus aisé.

    Les costumes

    La chef-costumière Gersha Phillips a conçu pour les guerrières Agojié un uniforme de combat constitué d'un bandeau rouge pour serrer la poitrine et d'un short porté sous une jupe. Les jupes ont été réalisées en Gambie par un artisan spécialiste du batik et de la teinture à l'indigo. Chaque personnage possède un style qui illustre son rang, son origine ou son rôle dans le royaume du Dahomey, et chaque actrice a participé à la personnalisation de son costume. Au sein du palais, les Agojié portent des tuniques, qui ont été brodées au Ghana, spécifiquement dans le village de Bolgatanga et ses environs, où 9 brodeurs ont créé ces tissus à bandes, une technique propre à l'Afrique de l'Ouest.

    La musique

    On doit la musique du film au compositeur Terence Blanchard, qui est un collaborateur régulier de Spike Lee depuis Jungle Fever en 1991. Son opéra Fire Shut Up in My Bones, présenté au public en 2019, est devenu le premier opéra du New York Metropolitan Opera à avoir été composé par un artiste noir. Blanchard a travaillé avec un orchestre au grand complet et un chœur.

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