The Woman King, c'est l'Histoire de l'Afrique, revue et corrigée par Hollywood, aussi ne pensez pas voir une histoire vraie, on a bien affaire à une intrigue très (très très) romancée. On débute par un petit carton qui nous résume la guerre civile en 1823 entre le peuple des contrées Oyo (aidé des Mahi) et le peuple du Dahomey (et ses guerrières Agodjiés menées par Nanisca), avec cette sensation dérangeante que l'on a déjà pris parti pour le Dahomey (mais cette vision manichéenne nous étonne : dans le sac de nœuds que sont les relations de peuples africains, il est impossible de donner raison ou tort à quiconque). Mais The Woman King est malin, très malin, et va jouer sur tous les mots qu'il prononce, pour ne pas sembler mentir à son spectateur : il distille une petite scène de rapt d'esclaves "en représailles de leurs propres agresseurs" au début du film, il fait dire à Nanisca tout le propos bienpensant sur l'arrêt de ce commerce (pour éviter de le généraliser à tout le Dahomey, ce n'est que l'avis d'une guerrière)... Dans les faits, nulle Nanisca n'a été générale de guerre et encore moins "Femme-Roi" (trahison !), le Dahomey était le premier exportateur d'esclaves, et devinez qui étaient les "cueilleurs d'hommes"...les Agodjiés. L'image des femmes du film est égratignée. Mais voilà, après qu'on a lâché l'affaire sur le côté "pas tout à fait menteur" (il ne dit que l'inverse de la vérité par petites gouttes distillées dans un océan de divertissement qui fonctionne), on remarque que Viola Davis est à fond dans son rôle, qu'on aime la vision (même totalement fausse) de femmes guerrières fortes qui tuent pour mieux préparer la paix, que la mise en scène est bonne, que les combats à la machette sont un retour aux sources (si l'on peut dire) qui nous tapent dans l'oeil (coincé entre deux films de superhéros à gros effets numériques), que les guerrières sont des gueules impassibles qu'on aime revoir de bataille en bataille, et que l'on n'a pas vu le temps passer. L'oeuvre se permet de rajouter un drame familial qui s'insère bien dans l'ensemble, ce que l'on n'attendait pas. Au final, The Woman King n'est pas bien malveillant, il n'est qu'une superposition des fantasmes américains modernes sur un peuple africain. Mais son divertissement est vraiment réussi, son actrice est l'incarnation de son personnage (pour une fois que Viola Davis tire la tronche tout le film, pour un rôle qui le lui demande ouvertement), les combats sont violents juste ce qu'il faut pour asseoir la puissance de ces femmes guerrières, et même si l'on sait qu'on nous ment, on aime bien la fin.