Attention, cet avis contient ce genre de
Policier.e.s, passez au jaune ! Le gilet...pas l'alcool.
. L'époque se voudrait une collection de rencontres d'où surgirait l'esprit d'une génération. Mais l'époque, le docu, succombe à l'époque, mode médiatique. L'oeuvre verse donc dans le jeunisme, le spectaculaire (de la belle image, scènes de fête, de casse, de confrontation avec la police...), la volonté de faire de l'authentique, du brut, le refus de toute explication ou contextualisation. Le réal y filme des "jeunes" (des 18-25), parisien.ne.s, la nuit. Et pas n'importe qui, 2 classes stéréotypées: des bourgeois.es blanc.he.s sans idéaux (science po, école de commerce, black bloc) et des habitant.e.s de "cités HLM" (en novlangue, on dit "banlieue") non caucasien.ne.s. Viennent s'ajouter Rose et Soall, 2 personnalités passionnées qui tranchent dans le "casting" (Rose a beaucoup de temps de parole, Soall ne parle pas strictement de politique). L'Etat, lui n'a pas droit à la parole. On n'en voit que le cirque médiatique, la surveillance invisible (en novlangue, on dit "vidéo-protection") et des CRS perçus en tant que machine répressive (faudrait pas qu'on aille s'imaginer qu'ils sont humains). Côtés "té-ci" et nuit debout, on crache beaucoup sur l'Etat auquel on demande tout. Bref, en bon nihilistes, on veut bien s'opposer voire caillasser le léviathan mais pas s'engager dans un projet constructif, ni faire de proposition. Les aspirations sont fortes, l'espoir est maigre. La diversité des points de vue est finalement homogène. Certaines paroles restent édifiantes et témoignent d'une jeunesse aussi inquiète qu'inquiétante. Les gauchistes seront brossés dans le sens du poil et les droitistes se scandaliseront. Si les républicains (ceux de la République, pas du parti politique) se désoleront de certains propos, le docu reste très bien emballé, la scène d'ouverture, le montage et les personnalités attachantes véhiculent des torrents d'une énergie pas toujours positive. Produit frais malgré les lourdes vapeurs d'alcool.