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Yves G.
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2,0
Publiée le 17 mai 2019
À l'embouchure du Ienisseï, au nord de la Sibérie, Norilsk revendique le titre de ville la plus septentrionale du monde. Aucune route ne la relie au "continent" sinon la voie aérienne et un chemin de fer de quatre vingts kilomètres jusqu'à l'Océan arctique. Ses quelque deux cent mille habitants sont quasiment tous employés par Norilsk Nickel qui exploite les mines de la région. Véritable "scandale géologique", elle produit 17 % de la production mondiale de nickel et 41 % de celle de palladium, ce qui représente 2 % du PIB russe. La ville fut d'abord un goulag - connu sous le nom de Norillag. Il fut fermé à la mort de Staline et transformé en municipalité.
Le documentariste français François-Xavier Destors a choisi d'y planter sa caméra. Il est allé à la rencontre de ses habitants qui bravent la nuit polaire et les températures extrêmes - qui peuvent tomber l'hiver jusqu'à -50°C. Il interviewe une "babouchka" survivante du goulag, la patronne d'un salon de coiffure, un jeune musicien...
Tous entretiennent à l'égard de la ville des sentiments ambigus : ils sont unanimes à dénoncer la dureté des conditions de vie et à rêver de la quitter mais ils ont du mal à s'en arracher. Tout se passe comme si, engourdis par le froid et la nuit, ses habitants, incapables de se réacclimater à une vie normale, s'y faisaient piéger. Ce sentiment est renforcé par le parti pris du documentariste qui a choisi d'y filmer exclusivement des paysages enneigés, presque poétiques, qui font oublier l'âpreté du climat et la pollution de l'air.
Déjà diffusé en milieu de nuit le 27 mars sur France 2, "Norilsk" sort en salles en catimini : il n'est projeté qu'au seul "Lucernaire" à des horaires improbables. Si le sujet est fascinant, son traitement ne se distingue pas du tout-venant télévisuel.
Superbe film, envoûtant avec une musique originale digne de ce décor de science fiction! Un documentaire à la lisière de la fiction, loin du formatage de la télévision, qui nous fait plonger dans la relation ambivalente d'attraction-répulsion qu'entretiennent ces habitants si chaleureux dans le froid extrême! A ne pas manquer!
Vraiment passionnant, j'ai eu la chance de discuter avec le réalisateur et les offs du films sont tout aussi importants : interdiction de tourner, personnages du film ayant subit des intimidations voir ayant perdus leur emplois, un des taux de cancer les plus élevé au monde en raison de la pollution, oblitération volontaire de la mémoire du goulag (500 000 déportés, peu de survivants), etc. Bref, un univers "à part" dans un docu dont l'approche sensible, intelligente et respectueuse est tout à fait remarquable.
Norilsk (Норильск) est une ville industrielle située dans les confins de la Sibérie. Ville fermée et interdite aux étrangers (ils vous faut l’autorisation du FSB pour vous y aventurer), elle est non seulement l’une des villes les plus polluées au monde (gaz toxiques et pluies acides sont au programme) mais elle a aussi été bâtit sur un ancien goulag (Norillag) où près de 500 000 prisonniers y ont été acheminés pour bâtir la ville et extraire les matières premières de la région telles que le nickel, le cuivre, le charbon ou encore le cobalt.
Sur place, on découvre une ville-usine coupée du monde où il vivent en vase clos. Et pour cause, aucune voie terrestre ne la relie au continent. L’hiver, il fait jusqu’à -60°C et l’espérance de vie n’y excède pas les 55 ans, bref l̷e̷ ̷p̷a̷r̷a̷d̷i̷s̷ l’enfer sur Terre.
Norilsk - L'étreinte de glace (2019) est un voyage dans un autre monde, un désert lunaire Arctique qui laisse entrevoir une prison de glace d'une rare laideur et où chacun cherche, à sa manière, à s’en échapper. Dans le même registre, il existe aussi un autre documentaire, du québécois François Jacob : Sur la lune de nickel (2017).