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soniadidierkmurgia
1 253 abonnés
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3,5
Publiée le 24 mars 2012
Ce film de 1947 est relativement méconnu dans la filmographie d'Henri Decoin. Il s'agit pourtant d'une des prestations marquantes de Michel Simon. Médecin de campagne promis à une brillante carrière, le docteur Ancelin a sombré progressivement dans l'alcoolisme perdant sa crédibilité professionnelle. Le film commence par ce constat du docteur devenu un pilier de bar que sa jeune compagne ramène tous les soirs au bercail après avoir fait le tour de tous ses lieux de perdition. En quelques minutes, Decoin dresse efficacement le portrait d'un notable considéré comme un paria par ses pairs. Dès lors l'accident est largement prévisible et il ne manquera pas de se produire un soir peut-être plus arrosé que les autres sur la route du retour au domicile. Face au drame et ses conséquences, le médecin recouvre soudainement ses esprits faisant preuve d'une lucidité qui effraie tout à la fois le spectateur et sa compagne jouée par Jany Holt. La maîtrise et le sang froid dont il a fait preuve font naître chez Ancelin un sentiment de puissance qui le sortent de l'état d'apathie dans lequel il s'était laissé enfermé. Les morts vont alors s'amonceler au fur et à mesure qu'il retrouve sa confiance en lui et qu'il découvre la réalité de sa vie conjugale. Le sentiment de puissance est encore renforcé par l'incrédulité de l'entourage qui a du mal à s'imaginer qu'un médecin, même alcoolique puisse être un assassin. Y compris ses aveux ne seront pas entendus par le commissaire chargé de l'enquête. Decoin décrit fort bien avec "Non coupable" le déterminisme social qui veut qu'un pauvre quidam aura plus de chances d'être accusé à tort d'un crime qu'un notable coupable d'être confondu. Elio Petri reprendra exactement la même thématique en 1975 en la transposant au plus haut niveau de l'Etat dans "Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon". Michel Simon grandiose, apporte toute son humanité à ce pauvre bougre qui passe par tous les états d'âme tout au long du film pour finir comme le docteur Jekyll complètement horrifié par ce qu'il a découvert de sa personnalité. L'allusion au roman de Stevenson est nettement marquée par Decoin qui montre bien les deux faces opposées d'Ancelin tout à la fois capable de remuer ciel et terre pour soigner la petite fille d'une cliente démunie que de tuer dans la foulée un confrère qu'il juge responsable de sa déchéance.
Encore une interprétation remarquable de Michel Simon dans ce thriller de Decoin qui confirme aussi qu'il était un grand réalisateur un peu oublié. Le scénario est habilement mené et les dialogues de bon niveau (contrairement aux films actuels ) avec ce médecin alcoolique moqué par beaucoup de ses concitoyens qui va trouver un intérêt particulier à commettre des crimes passionnels qu'il voudra parfait afin de brouiller les pistes et finalement de prouver à tout le monde qu'il était loin d'être un imbécile.
Quel cynique ce docteur. Il pose lui-même les questions qui l’accusent: « Vous êtes sûr que c’est un accident? ça s’efface des traces…. » Une intrigue passionnante qui fait de Simon un homme rentrant dans la spirale du meurtre par amour et par jalousie. Le cynisme continue dans la dernière scène où la vérité ne peut éclater malgré les aveux. Terrible destin pour cet homme brisé. Superbe
Après un début de film un peu poussif la tension monte peu à peu grace au génie de Michel Simon et quelques bon plans de Decoin notamment dans les séquences avec Jany Holt.
Le scénario de Non coupable imaginé par Marc-Gilbert Sauvajon et sur lequel Henri Decoin a aussi beaucoup travaillé met en œuvre une mécanique dramatique redoutable autour du docteur Michel Ancelin interprété par Michel Simon. Pour renforcer le drame mis en images, le réalisateur complète sa narration en abordant la lutte contre l'alcoolisme à travers son personnage principal. La photographie de Jacques Lemare faite de nombreux contre-jours contribue aussi à renforcer la noirceur de Non coupable. Au détour d’une scène, les traits de Michel Simon éclairés par les seules lueurs venant d’un feu de cheminée paraissent être ceux du diable. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
On pense forcément à Docteur Jeckill and Mr Hyde, en visionnant ce polar très noir et assez triste, ( en, plus, il s'agit d'un médecin, ici aussi ), mais dans un registre moins fantastique mais non moins surréaliste. Car l'histoire de ce toubib déchu et alcoolique se découvrant un génie pour le crime parfait après avoir réussi à maquiller avec succès un délit de fuite est invraisemblable, mais permet de montrer brillamment la complexité de l'esprit humain et sa dualité. Et nous ressentons une véritable empathie pour le personnage incarné par Michel Simon, praticien désintéressé et compétent que son comportement non conforme a mis au ban des notabilités bien-pensantes de la petite ville où il exerce, que sa passion pour une femme a perdu, et qui n'obtient même pas la reconnaissance pour le génie de ses crimes. Alors la petite voix off à la fin ajoute une touche d'humour ( noir ) un peu déplacée, ce qui m'a fait enlever une demi-étoile, car j'ai trouvé que c'était un peu too much, mais sinon, très bon film, et puis il y a toujours un vrai travail sur les dialogues dans ce genre de film, un vrai bonheur, rien à voir avec ce qui se fait de nos jours.
Le Dr. Ancelin (Michel Simon) est méprisé par les notables de la petite bourgade de province où il exerce une médecine non conventionnelle et où il s’adonne à la boisson. Lors d’un retour plus arrosé que d’habitude en voiture il a un accident. spoiler: Il tue un motard et efface les preuves. Il découvre son génie à cette occasion et retrouve l’estime de soi car personne ne le soupçonne. Prenant de l’assurance il devient tueur en série.
Très bonne réalisation d’Henry Decoin avec une utilisation intense de la contre-plongée. Scène mémorable où après un travelling arrière Michel Simon apparaît comme un diable avec l’ombre du feu derrière lui. L’excellente restauration a mis au jour une fin alternative et les deux fins sont présentées à la suite.
Decoin est un grand cinéaste,Une fois de plus ce film le démontre et si le scénario avait plus de rigueur il aurait mérité 4 etoiles.Tel qu'il est,il est passionnant avec des acteurs secondairs impeccables,une jany Holt parfaite (magnifiques reflets sur son visage en gros plans)et un Michel Simon tel qu'en lui même.C'est un film un peu difficile car il tente d'approcher le comportement humain dans ses limites et on manque de temps parfois pour analyser parfaitement les propos du héros.Le scénario est brillant mais son auteur se laisse aller à des faiblesses coupables en pensant sans doute un peu trop aux effets sur les spectateurs.L'histoire en souffre et la fin avec le propos off et la maladresse du chat est catastrophique.Il y a cependant tant de bonnes choses intelligentes et originales que ce film fait partie de ceux à voir absolument.La mise en scène y est remarquable.
"Non coupable" (France, 1947) d'Henri Decoin est une oeuvre troublante. Lorsqu'on sort de la salle, on repense à ce qu'on vient de voir et on se prend de pitié pour le personnage de Michel Simon, ici plus sobre qu'à l'accoutumé. En effet, "Non coupable" est l'histoire d'un médecin en perdition, devenant de moins en moins populaire au profit d'une clinique de médecine et de plus en plus alcoolique ( de quoi ne pas changer dans le registre de Simon ). Mais après avoir fauché un motard sur la route et après avoir maquillé ce meurtre en accident solitaire, Michel Ancelin, le docteur impopulaire, se trouve un talent de tueurs professionels. Ainsi, afin de cacher le fait qu'il a tué le motard, il va tuer tout les personnes suseptibles de révéler son secret. Le personnage d'Ancelin est excellent car il est perçu comme la personne la plus innofensive possible, en opposition donc avec sa vraie nature de meurtrier. Jusqu'au bout, il sera perçu ainsi, ce qui donnera à voir une fin pessimiste au plus au point, où la justice en prend pour son grade. Si la réalisation est faite avec convenance comme toujours chez Decoin, elle n'a rien de bien original. En conclusion, "Non coupable"(France, 1947) donne mérite au scénario bien ficelé de Marc-Gilbert Sauvajon et où Michel Simon, à travers l'objectif de Decoin incarne tout le drame du film.
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4,0
Publiée le 3 octobre 2022
Une des meilleures rèussites d'Henri Decoin! Après "Panique" (1946), Michel Simon est au sommet de son art! Cet authentique monstre sacrè accepte de tourner à nouveau un film noir fort mal connu du grand public! Et c'est un nouveau coup d'èclat pour l'acteur de "L'Atalante". On est ètonnè tout d'abord par le ton en avance sur son temps, l'atmosphère sombre d'une petite ville de province qui s'en dègage, la richesse du scènario et par l'efficacitè de Decoin pour mener son histoire là où on ne l'attend pas forcèment avec des personnages ètranges et fatalistes! Les rebondissements pour le crime parfait y sont nombreux (accident mortel, homicide involontaire, rècidive, dètail qui tue...), une fois n'est pas coutume, dèbordent d'originalitè! Simon trouve en Ancelin un nouveau rôle pathètique en or massif! A noter aussi les belles performances de Jany Holt et Jean Debucourt dans le rôle de l'inspecteur...
Non pas par le style, mais par la réception de l'oeuvre, Henri Decoin me fait penser à Henri Verneuil : taclé de son vivant, mais dont le travail est aujourd'hui réévalué. Mieux vaut tard que jamais me direz-vous, mais bon, la reconnaissance posthume, bien que je la sache plus que fréquente, ça me chiffonne. Bref. Dans ce film peu connu qu'est "Non coupable" le grand Michel Simon est un médecin rejeté tel un paria. Allant même jusqu'à se voir exclu de l'assemblée de médecin pour causes de pratiques différentes à celles imposées par la déontologie. Moi, en voyant ce film, j'ai pensé à deux trucs. Le premier, comme beaucoup d'entre nous : à une relecture du Docteur Jekyll et Mister Hyde. Le personnage principal se découvre une nature dont il ignorait l'existence. Une nature le poussant à assassiner en ne laissant aucune trace pour le confondre. Une nature qui pointe le bout de son nez quand, ivre, le personnage principal percute un motocycliste. La faculté qu'il a de retrouver toute sa lucidité en pareille circonstance laisse tout bonnement comme deux ronds de flan. Tout le film va tourner autour de ce personnage ambigu qu'est le docteur. Ce vieux pochard mal rasé est-il vraiment capable d'être aussi précis dans sa mécanique du meurtre ? Les petites insinuations qu'il lâche ça et là sont-elles des indices ou juste des mots en l'air ? Comme souvent, Michel Simon excelle. Et il est très bien accompagné par une belle brochette de second rôles, parmi lesquels figure Robert Dalban. Et, pour ne rien gâcher la mise en scène de Decoin est au poil. Sauvajeon s'est bien offert quelques libertés scénaristiques, mais peut-on vraiment lui reprocher tant le film est convaincant ?
Cet excellent film d'Henri Decoin combine habilement intrigue policière et intrigue psychologique, de telle façon qu'il n'est pas sans rappeler l'univers particulier de Simenon. Michel simon y incarne un personnage singulier et intéressant. Le docteur Ancelin est un homme méprisé et complexé qui régulièrement s'abandonne dans la boisson. A la faveur, si l'on peut dire, d'un accident, il se découvre, ou prétend se découvrir, le talent d'un génie du crime. Ainsi, un soir d'ivresse, Ancelin cause un accident mortel et s'applique, avec lucidité, à détruire les preuves de sa responsabilité, en artiste du meurtre parfait qu'il se croit.spoiler: Il est bientôt un fier serial killer prenant sa revanche sociale sur sa vie de pauvre type.
La dimension psychologique où s'affirme progressivement la mégalomanie d'Ancelin, sans masquer totalement sa faiblesse, donne au personnage de Michel Simon, par ailleurs excellent, une véritable envergure. De même, l'intrigue policière, qui fleure bon le fait divers provincial à la Claude Chabrol ou à la Clouzot, et en dépit que le dénouement peut sembler peu crédible ou complaisant, est d'un intérêt constant.
Même un navet, quand il est interprété par Michel Simon, cela ne se refuse pas. Malgré son scénario ridicule (un médecin tue par accident un motard. Ayant réussi à s'innocenter, il décide de commettre d'autres crimes parfaits !), "Non coupable" (1947) est suffisament noir pour retenir l'attention des amateurs de lacteur.