A l’instar de Ruben Östlund et de Michael Haneke, l’autrichien Ulrich Seidl fait partie de ces réalisateurs qui ne font pas grand chose pour caresser les spectateurs dans le sens du poil. Pratiquant aussi bien la fiction que le documentaire, le voici qui revient à la fiction 10 ans après sa trilogie Paradis (Foi, Amour, Espoir). Au départ, l’idée était de faire un film sur 2 frères, l’un chanteur « has-been », installé en Italie et monnayant sa renommée passée auprès de fans âgé.e.s, l’autre installé en Roumanie afin de faire oublier un passé peu reluisant. Il a finalement pris la décision de faire un diptyque avec Rimini, racontant l’histoire du chanteur Richie Bravo, et Sparta, racontant celle d’Ewald (Sparta sortira en salles le 31 mai 2023). Contrairement à certains de ses films précédents, Rimini n’est pas glauque, il n’est que pathétique, à l’image de son personnage principal. Même si, aujourd’hui, gros et alcoolique, il n’arrive que très difficilement à se faire passer pour un vieux beau, tout porte à croire que Richie Bravo a eu son heure de gloire en tant que chanteur, une bonne trentaine d’années auparavant. La meilleure preuve réside dans l’attention que lui portent ces autrichiens et, surtout, ces autrichiennes d’une soixantaine d’années qu’il vient « charmer » avec ses vieilles rengaines dans ces hôtels de Rimini où ils et elles sont venu.e.s en plein hiver. La paye venant des hôteliers n’est pas grasse mais certaines de ses fans féminines se conduisent en groupies et, sans doute honorées d’avoir été choisies, lui laissent une enveloppe pour le remercier. Pathétique aussi, la vie familiale de Richie : une mère qui vient de mourir, un père atteint de démence qui vit dans une maison de retraite : il y déambule sans pouvoir en sortir, chantant à l’occasion des chants nazis. Et puis Richie a une fille, Tessa : il ne l’a pas vue depuis des années, il n’a jamais donné à sa mère l’argent dont elle avait besoin pour l’élever et la voilà qui débarque, exigeant de lui cet argent non versé dans le passé. Où le trouver, cet argent, lui qui tire le diable par la queue ? Et puis, c’est qui, cet homme qui semble ne pas quitter Tessa d’une semelle ? Un arabe, en plus !